L’Évangile de ce troisième dimanche du Carême est l’épisode où Jésus nous réaffirme que la souffrance n’est pas le résultat du péché (Luc 13, 1-9).
Ce texte rassemble deux "faits divers", un commentaire de Jésus et la parabole du figuier.
La parabole est là pour nous faire comprendre ce dont il est question dans le commentaire de Jésus sur les deux faits divers.
L'affaire des Galiléens, le premier fait divers n'a rien de surprenant, la cruauté de Ponce Pilate était connue.
Ces Galiléens qui étaient venus en pèlerinage à Jérusalem ont sans doute été accusés, à tort ou à raison, d'être des opposants au pouvoir politique romain.
L'occupation romaine était très mal tolérée par une grande partie du peuple juif, et c'est bien de Galilée qu'à l'époque de la naissance de Jésus était partie la révolte de Judas, le Galiléen.
Ces pèlerins auraient donc été massacrés sur ordre de Ponce Pilate au moment où ils étaient rassemblés dans le Temple de Jérusalem pour offrir un sacrifice.
L'écroulement de la tour de Siloé, le deuxième fait divers, est une catastrophe comme il en arrive tous les jours.
Dans la réponse de Jésus, on devine la question que se posent les disciples, comme nous-mêmes. Pourquoi le malheur et la souffrance nous sont ils infligés et pourquoi D.ieu n’empêche t’il pas cela?
C'est l'éternelle question de l'origine de la souffrance.
Dans la Bible, c'est le Livre de Job qui pose ce problème et énumère toutes les explications que les hommes inventent depuis le début du monde.
Parmi les explications avancées par l'entourage de Job accablé par les souffrances, la plus fréquente était que la souffrance serait la punition du péché.
Mais la conclusion du Livre de Job nous dit clairement la souffrance n'est pas la punition du péché.
A la fin du Livre de Job, c'est D.ieu lui-même qui parle.
Il ne donne aucune explication et déclare nulles toutes celles que les hommes ont inventées.
D.ieu vient seulement demander à Job de reconnaître que premièrement, la maîtrise des événements lui échappe et que deuxièmement, qu'il lui faut les vivre sans jamais perdre confiance en son Créateur.
Devant l'horreur du massacre des Galiléens et de la catastrophe de la tour de Siloé, Jésus est sommé de répondre aux disciples pour qui l'idée d'une relation avec le péché semble être venue spontanément à leur esprit.
Jésus dit aussi qu’il n'y a pas de lien direct entre la souffrance et le péché.
Ces Galiléens n'étaient pas plus pécheurs que les autres, et les dix-huit personnes écrasées par la tour de Siloé n'étaient pas plus coupables que les autres habitants de Jérusalem.
Jésus, juif croyant, reconnait évidemment la même position que la conclusion de la foi juive du Livre de Job.
Mais à partir de ces deux faits, Jésus va inviter ses apôtres à une véritable conversion.
Il ajoute aussitôt la parabole du figuier.
Elle nous révèle que D.ieu est plein de patience et d'indulgence.
Un figuier stérile qui épuise inutilement le sol de la vigne, on doit le couper. Selon cette vision, les pécheurs devraient être éliminés.
Mais Ezéchiel disait déjà "D.ieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu'il se convertisse et qu'il vive" (Yéhèzqèl (Ezéchiel) 18, 23 ; 33, 11).
La conversion que Jésus demande à ses disciples ne porte donc pas d'abord sur des comportements. Ce qu'il faut changer c'est notre vision de D.ieu.
C’est en face du mal justement, qu'il faut nous rappeler que "le Seigneur est tendresse et pitié" (Tehilim (Psaume) 103, 8).
Quand Jésus dit "si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même manière", il nous dit que l'humanité court à sa perte si elle ne fait pas confiance à D.ieu.