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Ségolène Royal et les autres présidentiables du PS vont bénéficier le 22 mars d'une très probable victoire pourtant difficile à capitaliser pour la présidentielle de 2012.
Les régionales 2010 semblent devoir dégager 10 leçons pour le Parti Socialiste dont ses présidentiables majeurs au premier rang desquels Ségolène Royal.
1) Le retour en faveur des socialistes : c'est une popularité très limitée mais elle marque manifestement la fin d'une disgrâce nationale. Leur ancrage local a toujours été sauvegardé des turbulences nationales. Les régionales ont confirmé cette tendance.
2) Une victoire sans une véritable campagne : le déclin de la crédibilité des politiques s'accélère et s'amplifie. L'écart entre l'élite politique et le peuple se creuse. L'absence de campagne pour les régionales est certes le constat d'échec du fait régional mais, de façon plus générale, la fin d'une génération ancienne de campagnes électorales.
3) Sarkozy contre Sarkozy : Sarkozy réussit là où ses adversaires ont échoué : il se fait reculer lui-même. Sa personnalité est devenue très clivante au sein même de son électorat classique. Il n'a plus de sanctuaire de bilan positif car désormais même l'insécurité lui est attribuée. Le sarkozisme est manifestement stoppé dans sa progression.
4) La nouvelle cohabitation des pouvoirs : sur ce point il y a matière à débat. Cette cohabitation semble de moins en moins résider dans deux logiques de gestions (l'énergie de la droite sur le plan national / la protection de la gauche sur le plan local). Les échéances locales deviennent des marqueurs de désapprobation de la politique nationale puisque les législatives dans la foulée immédiate de la présidentielle n'offrent plus cette " fenêtre de tir ". C'est une altération inquiétante des élections locales puisque le vote semble dominé par des considérations extérieures aux bilans comme aux projets locaux qui devraient faire l'objet de la décision.
5) L'impact des sondages : ils deviennent omniprésents et structurent le débat et l'opinion. L'instrument de mesure devient l'instrument de raison. L'effet sondage occupe un rôle de plus en plus important dans la vie politique française.
6) Le PS connaît une nouvelle gauche : il doit compter avec deux nouvelles forces politiques qui parviennent à des seuils non négligeables : les écologistes et le Front de Gauche. L'électorat de gauche dont les couches populaires reconstituent un noyau dur important puisque le montant cumulé de ces trois sensibilités devrait évoluer vers les 45 % sans difficulté. Si c'est le cas, c'est un seuil de départ très significatif.
7) L'année de la crise ressentie : la crise se propage. Tout le monde se sent menacé. Les conséquences sociales de la crise seront de plus en plus dures à gérer surtout avec un Etat aux caisses vides.
8) L'ouverture présidentielle ne fragilise pas le PS : les nominations présidentielles isolent les bénéficiaires voire même démobilisent l'électorat UMP qui y voit la reconnaissance infondée d'une "supériorité" de la gauche. L'ouverture a manifestement atteint ses limites. Ce qui est sûr, c'est que le PS n'est jamais affaibli sérieusement par des départs de ses membres.
9) Martine Aubry a gagné ses galons de dirigeante du PS : un calme positif s'est installé. Elle a affirmé des valeurs de gauche dans un cadre crédible et sérieux.
10) Une nouvelle présidentielle se dessine : elle s'annonce caractérisée par une étape supplémentaire dans le nombre des prétendants sérieux dans chacun des camps.
Dans le profil des présidentiables, plusieurs qualités incontournables sont toujours exigées :
- capacité à exercer la fonction présidentielle,
- préserver l'unité des français,
- faire face à la crise économique internationale,
- régler des conflits sociaux difficiles,
- maintenir l'ordre et la sécurité,
- accroître le rôle de la France dans le monde.
Sur beaucoup de ces points, le champion actuel du PS, Dominique Strauss Kahn, est en position de force mais en candidature incertaine.
En l'absence, le leadership présidentiel d'autres candidats doit être reconstitué (Ségolène Royal) ou créé (Hollande, Aubry).
C'est là l'incertitude majeure de la sortie des régionales. S'ouvre une séquence qui va raviver les concurrences internes dans des conditions d'autant plus fortes que le jeu est ouvert.
Les circonstances financières et économiques réduisent la part des projets d'ampleur. Le débat politique, faute d'enjeux collectifs, devrait rapidement être ramené à un débat de personnes. C'est le risque pour le PS de l'après régionales.