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Afrique-à-Porter: quand Paris snobe OUVERTEMENT les créateurs africains..

Publié le 07 mars 2010 par Maybachcarter

J’ai préféré attendre que toute l’effervescence de la Fashion Week cesse pour en parler. Vous savez ce que c’est. Anyway. Pour cette session, je n’attendais qu’un seul événement : l’Afrique-à-Porter. J’ai la flemme de vous expliquer en quoi çà consiste, donc cliquez ICI pour savoir ce que c’est, et revenez me voir.

Donc ! Accompagnée de certains de mes chers ( et turbulents ) collègues, je me suis rendue à la salle de réception du Georges V .

AriseLafriqueaPorter

Il faut tout de même préciser que la présentation avait lieu de 10h à 20h, et que le cocktail de « fermeture » suivrait. Le temps que tout le monde se retrouve, nous étions sur les Champs-Elysées aux environs de 19h45. J’étais stressée, me disant qu’on n’allait jamais avoir le temps de tout voir, qu’on louperait les créateurs présents sur les lieux..enfin bref, je commençais déjà à me préparer mentalement à  être déçue et dégoûtée d’être passée à côté d’un tel événement à cause d’un problème de logistique et d’organisation. Quelle ne fût pas notre surprise à tous/toutes lorsque nous avons descendu l’escalier menant à la présentation…

V.I.D.E.

Pourtant nous sommes bien en pleine Fashion Week, Paris bourdonne, les plus gros défilés de la journée sont passés, il y a un buffet magnifique, le cadre est on ne peut plus luxueux…Quoi qu’il en soit, j’ai à peine le temps de réaliser que l’on se jette toutes sur les créations. JEWEL BY LISA  pour commencer, une créatrice dont on parle depuis des mois et des mois. Je la cherche du regard, je ne la vois pas. Tant pis, ses robes sont toujours aussi Glam, comme dit le Rookie c’est la Stella Mc Cartney africaine. On passe ensuite à Tiffany Amber et nous entendant proférer des éloges à-propos de sa collection, la créatrice s’approche et vient discuter avec nous. Je dois d’abord dire que pendant qu’elle parlait, j’étais concentrée sur…sa peau. Les nigérianes ont une beauté qui me fascine en général, mais je peux vous dire que la créatrice en question, était tout simplement radieuse, bref, parlons du contenu.

Elle nous a expliqué le pourquoi du comment de cette collection-capsule exclusivement créée pour Paris. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander pourquoi, alors qu’à New York ils avaient pu défiler durant la Fashion Week et qu’ils avaient été très bien accueilli médiatiquement, à Paris, ils doivent « se contenter » d’une présentation. La jeune femme m’a répondu, le sourire en coin, que la «  Fédération Française de la Couture Française est frileuse. Vous savez, ils ne sont pas habitués à la couture dite africaine. Ils ont donc organisé cette présentation histoire de voir comment ce serait accueilli, et si çà se passe, l’an prochain on pourra peut-être défiler. »

Bon, alors je vais être claire. Avec tous les créateurs qui rêvent d’inscrits au programme officiel de la Semaine de la mode parisienne, je ne saurai vous donner les conditions EXACTES pour entrer dans le saint des saints. Toutefois, j’aimerai préciser que Jewel By Lisa, Tiffany Amber ou Momo sont des marques déjà établies. Elles vendent à l’international et en termes de gamme, elles n’ont rien à envier à Lanvin ou Isabel Marant. Leur clientèle est constituée d’actrices, de femmes politiques ou filles de la Jet Set ( enfants de familles « pétrolières » etc ). Concernant les créations en elles-mêmes, la plupart des gens présents ont été d’accord pour dire que la qualité du textile comme de la coupe est BIEN MEILLEURE que certaines personnes qui défilent à Paris ( et dont je ne citerai pas les noms ). Je trouve çà donc très INSULTANT que des gens avec un tel establishment et une telle expérience doivent encore ramper pour que la fédération française leur accorde un peu d’importance, tandis qu’à N.Y., l’événement a été couvert médiatiquement, et qu’ils ont eu la bénédiction du CFDA et de Mercedes Benz ( sponsor exclusif de la Fashion Week de NYC).

Certains ont été essayé de me dire que cela est du au fait que ces marques n’aient aucune boutique à Paris..ce à quoi j’ai répondu, qu’ils n’en ont pas non plus à NY. D’autre part,  je ne sais pas qui s’est chargé de la communication pour cet événement à Paris, mais si je n’étais pas dans le « milieu » de la mode Africaine, je n’aurai JAMAIS su que l’ Afrique à Porter avait lieu. Cela expliquerait d’ailleurs pourquoi c’était aussi vide…du moins jusqu’à 21h, lorsque le buffet s’est vraiment garni. Et même après l’événement, en avez-vous entendu parler ? Pas une ligne, rien.

Ce constat consternant me permet d’enchaîner avec un autre, que j’ai fait il y a des mois déjà. J’adore la schizophrénie des jeunes « Afropéennes ». Elles ont été les premières à applaudir Beyoncé & Alicia Keys parce qu’elles portent du Maya Lake pour leur clip «  Put it in a Love Song ». Mais ces mêmes filles ne portent JAMAIS de tissu pagne ou traitent celles qui le font de je cite « blédarde ». Quand on a annoncé la sortie d’Asos Africa, je me suis dite «  Enfin ! Voilà une solution pour toutes celles qui disaient ne pas pouvoir porter du pagne parce qu’elles ne savent pas où en acheter ». TU PARLES ! Au lieu de se dire que c’est déjà pas mal qu’une chaîne à la hauteur d’Asos décide de prendre ce « risque », il y en a qui ont commencé en disant «  ha c nuuul maa taante Hell’ fé dei jupe plu bel ke saa » ( d’ailleurs, je vais m’attaquer à toutes les c*nnasses qui écrivent de la sorte dans mon prochain post ). C’est le même constat que je fais pour ce qui est des Nappys/Tissées. La majorité des filles vont voir en une chanteuse Nappy une sainte, mais le Samedi d’après, iront s’asseoir chez Tantine Fanta pour une énième pose de tissage/Lace Front. Schizophrénique..ou hypocrite finalement ? Je ne sais pas, mais les gens sont apparemment tiraillés entre ce qu’ils pensent être «convenable » de penser, et ce qu’ils pensent vraiment ( quand ils pensent d’ailleurs, parce que vous n’imaginez pas à quel point nous sommes entourés de Moutons bêlants en fonction de la direction du vent..) . Parenthèse refermée.

J’avais promis au Rookie de lui raconter notre rencontre avec D.Tlale, et j’honore donc ma promesse.

Je disais donc plus haut que je suis vraiment stupéfaite par le traitement des créateurs africains, et je peux vous assurer que j’avais honte d’être française sur ce coup-là. J’avais envie de m’excuser auprès de David Tlale, que l’on a rencontré après. Je lui ai littéralement sauté dessus alors que le pauvre attachait ses lacets, pour lui dire «  Oh David I loooooooooooooooooooooove what you do ! And we have your ultimate & greatest Fan EVER in our team » . Il a levé la tête,m’a répondu avec un grand sourire ( qui a d’ailleurs fait fondre mes 2 collègues féminines sur place hein mais on ne citera pas les contemporain[e]s ). Puis, il m’a demandé où était le Fan en question. «  Il est en Belgique, il est tellement dégoûté de ne pas être là ! ». Et c’est là que F. en profite pour dire «  JUSTEMENT, faisons une photo, qu’il sache qu’on vous a vu ! ». Et Mlle s’est empressée de se mettre à côté de lui ( Dragueuse va ! ). Anyway. On a aussi pu dialoguer avec lui, et plus il parlait, plus j’avais envie de pleurer en me disant « Mais pourquoi les français sont aussi SNOBS bordel ! ». J’ai rarement rencontré un créateur aussi talentueux, sûr de lui mais pas arrogant. Juste sûr de lui. Il a murmuré quelques mots en français, dit qu’il souhaitait vivement s’installer en France et y ouvrir une boutique. Il n’avait pas l’air trop déçu par le traitement que Paris lui a infligé. Et c’est bien çà qui m’a vraiment exaspéré. Qu’ils doivent se - je répète -« CONTENTER » d’être à Paris, pendant qu’ailleurs, on le/les traite avec les égards qui sont dus à leur talent.

Le Rookie m’a fait savoir ( je ne sais pas souvent où cet enfant va dénicher ses infos ) qu’en fait cette présentation était un test pour voir qui, de tous ceux qui étaient là, aurait L’HONNEUR ( non mais n’importe quoi ) de défiler pendant la prochaine FASHION WEEK. Hé bein, c’est la Star Ac’ maintenant…de mieux en mieux. Ils auraient du sincèrement se rendre à Londres, ils auraient eu un accueil à mon avis, un peu plus correct.

Nous sommes partis de là pour le Vogue Bar du Crillon, et même si j’étais assez amère en sortant , je les remercie quand même d’être venus. Ils nous ont rassuré sur notre mission. En effet, vous pouvez parler d’un designer des mois entiers,en vous basant uniquement sur des images,mais quand vous avez la chance de pouvoir toucher la matière, et écouter les histoires qui se cachent derrière chaque robe, chaque jupe, chaque accessoire, hé bien vous vous dîtes que finalement, peu importe ce que  A ou B pense, vous ne le faîtes pas pour rien.


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