Le voici enfin, le test d'Heavy Rain. Le nouveau titre de Quantic Dream (Omikron : The Nomad Soul, Farenheit) n'a cessé d'éveiller toute sortes de fantasmes (cf Mathieu Kassovitz) et leurs équivalents en violentes critiques. C'est pourquoi j'étais ravis de recevoir enfin mon exemplaire d'Heavy Rain la semaine dernière, malgrès la panne générale du 1er mars. Merci à Quantic Dream et à Sony France pour cet envoi. Place au test !
Replaçons avant tout les choses dans leur contexte, Heavy Rain n'est pas un jeu au sens conventionnel du terme. La notion de gameplay y est "différente". Les interactions ici se limitent à des "MPAR", des QTE évolués (Quick Time Event = reproduisez ce qui s'affiche à l'écran) et des dialogues qui prennent rapidement la forme de choix narratifs. Sur les premières heures honnêtement, j'ai trouvé le temps de m'ennuyer. Les séquences présentés dans les salons, diffusées sur le net ou dans la démo sont désormais archi connues et la longueur se fait sentir. Pour autant, il y a quelque chose en dessous, l'intrigue se pose et au delà du gameplay, la narration joue son rôle. Après les premiers chapitres de mise en place, l'histoire s'installe et les protagonistes se dévoilent avec pour personnage central Ethan, le père de Shaun (l'enfant disparu).
La réalisation d'un tel film interactif imposait un niveau de qualité visuelle proche du photoréalisme. Si les images du jeu nous feront probablement rire dans 10 ans, je reconnais que de nombreux passages du jeu sont bluffants. Les artworks du jeu débloqués au fil de l'histoire (ou visibles sur la page de François Baranger, graphiste pour le jeu) sont simplement magnifiques et leur réalisation en 3D dans le moteur du jeu colle parfaitement aux croquis. La lumière est généralement très bien gérée.
Le seul point faible est finalement l'animation des personnages : déplacements, trop "mécaniques" et pas assez naturels ou encore l'animation des visages en dents de scie. Si certaines scènes sont très crédibles, d'autres montrent des visages aux expressions inhumaines et figées. Finalement c'est probablement l'inspecteur Shelby que vous verrez dans cette vidéo qui m'a paru le mieux réalisé.
Heavy Rain : Hassan Shop - Gameplay 1 sur Kookyoo.net
Le point fort d'Heavy Rain, c'est sa faculté à jouer avec vos sentiments, avec une force bien plus intense qu'un thriller au cinéma. C'est une chose qu'aucun test, ni aucune vidéo ne pourra vous décrire, j'ai simplement accroché au scénario et il m'a été difficile de ne pas le terminer d'une traite. À l'inverse d'un film ici, c'est vous qui contrôlez les protagonistes, c'est vous qui décidez des actions à l'écran, et donc des conséquences. Les scènes d'action (combats ou enchaînements de cascades) sont scriptées et assez "simples", mais votre interaction les rends beaucoup plus vivantes et l'intensité ressentie n'est est que plus forte.
Evidemment, le jeu propose plusieurs fins qu'il vous sera possible d'expérimenter en recommençant l'histoire à différents points de sauvegarde (merci à Quantic Dream d'y avoir pensé). Les résultats sont complètement différents et les variantes permettent de mieux cerner les détails de l'histoire, un plus vraiment agréable.
L'important pour bien savourer Heavy Rain c'est de le découvrir sans à priori, moins vous en saurez sur le jeu et meilleurs seront les rebondissements. Ne gaspillez pas votre temps à chercher à tout prix tous les avis sur le jeu, à vous spoiler l'histoire dans des vidéos, faites vous votre propre expérience.
Avec une réalisation soignée et un scénario digne d'un bon thriller, les développeurs de Quantic Dream ont réussi un chef d'oeuvre qui bouscule les standards. N'en déplaisent à certains, le titre fait mouche et marquera les esprits. Aura-t-il réussi à ouvrir une brèche ? Il est trop tôt pour le dire, mais au delà de la controverse et du battage médiatique, la réalisation du studio mérite vraiment toute votre attention. Je vous invite vivement à vous forger votre propre opinion, Heavy Rain ne vous laissera pas indifférent, et personnellement, j'ai beaucoup aimé.