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L’autopsie du fail

Publié le 08 mars 2010 par Acrossthedays @AcrossTheDays

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Le monde entier le sait désormais :  en essayant de monter élégamment les marches de l’Elysée pour participer à un dîner avec le chef de l’Etat français et le chef de l’Etat Russe, la mystique chanteuse française  Mylène Farmer s’est lamentablement emmêlée les pinceaux dans le tapis rouge à cause grâce à ses talons magiques. Cette prestance et cette perspicacité propre à Mylène Farmer, connue pour être très discrète dans les médias, nous ont vraiment forcé l’admiration à Across The Days.

Pourquoi parler de cette chanteuse qui chute autant dans les escaliers que dans la musique ? Pour tout simplement vous introduire la notion de « fail », sujet omniprésent sur l‘Internet et phénomène pour l’instant assez modeste faisant la part belle à une public jeune (15-30 ans) et à un cynisme et une ironie à toute épreuve qu’on ne pourrait trouver chez les personnes dites « plus agées » et/ou dans le monde du travail depuis plus de cinq ans. Vous remarquerez le titre grandiloquent au possible, pouvant laisser la place à une analyse et une problème sociologique poussée. La question serait donc : de nos jours, pourquoi existe t-il chez les jeunes (15-30 ans) une telle popularité à l’égard du « fail » ?

L’AUTOPSIE DU FAIL

Mylène Farmer : gros fail.

L’idée de « fail », à mes yeux, peut être représentée soit par le modèle français (VDM ou vie de merde), soit par le modèle américain, le blog fail. L’un s’exprime par l’écrit, l’autre par la photographie mais les deux sont liés par une ironie et une prise de recul sur la vie à toute épreuve. Le VDM français, qui a d’ailleurs été traduit en anglais grâce à son succès en France, peut parfois être moins réaliste quand on sait que des rédacteurs peuvent facilement écrire des « vdm » sans qu’ils leur arrive quoi que ce soit. Le fail ricain, lui, est beaucoup plus réaliste avec des photographies aussi moches les unes que les autres prisent avec un iPhone ou un vielle appareil photo numérique qui sont comme des preuves à l’appui. Bien sûr, qui dit photographies dit possibles retouches. Mais là n’est pas vraiment le sujet.

Ce dernier (le sujet, pour ceux qui ne suivent pas) pourrait se situer du côté de cette génération internet ayant peu confiance dans leur avenir professionnel. Selon une dernière étude française au sein des entreprises commandée par TNS Sofres pour le compte de l’Apave, deux français sur trois se déclarent de plus en plus stressé au travail tandis que les derniers chiffres du chômage donnent plus de 4 millions d’hommes et de femmes sans travail (en ajoutant les catégories A/B/C/D/E). Quand on a entre 15 et 25 ans, quand on est encore dans le système éducatif et qu’on prend connaissance de ces chiffres, on n’essaie plus trop de croire à l’ascenseur social, notion désormais aussi « kikou lol » que le Père Noël.

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Ainsi, pour tous les futurs (et même actuels) prétendants au monde de la vie active (oui parce qu’avant votre travail, vous êtiez un légume), il fallait trouver un moyen de relâcher la pression et de prendre la vie avec un humour particulièrement noir afin d’ironiser sur les inquiétudes professionnelles qui allaient être telles des barrières sur le chemin de la gloire et de la réussite de la vie (la dernière partie de la phrase ne vient même pas d’un poème). En gros, tant qu’à être bientôt dans le merde, autant en rigoler en avance. Bon, c’est peut être un peu poussé par les cheveux que de faire un parallèle entre la situation économique et sociale actuelle – qui dure depuis belle lurette – et la génération internet née entre la moitié des années 80 et la moitié des années 90 donnant  à voir un humour typiquement sarcastique, moqueur et ironique mais je pense qu’il y a un soupçon de vrai dans tout cet imbroglio. Il peut bien y avoir des modes musicales propres à certaines générations, il pourrait donc y avoir tout autant une mode humoristique dans un contexte de démocratisation de l‘internet.

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Sur Facebook, les fails ironiques ont pour nom de code « roux », « poneys » ou encore « panda ». Détournés de leur définition première, ces fails sont utilisés d’une façon exagérée, une sorte d’acharnement, par des milliers d’internautes rejoignant en masse les pages fan. Bien sûr, le fail et le vdm ne sont ni des symbole ni des étendards d’un soit disant phénomène de société allant aboutir à une révolution, mais ce soupçon d’humour noir est en train de se diffuser à une grande vitesse sur internet et le dernier « bruit », représenté par Chatroulette, n’en est que l’ultime représentation : après que Facebook ait permis de définir une nouvelle étape dans la relation (virtuelle) que l’on avait avec son prochain, voici que l’on peut désormais zapper n’importe qui, s’en moquer puis le « nexter » d’un simple clic. C’est bête et méchant mais cela démontre de quelle manière et sur quelles bases la société de demain va se former : la rapidité sera le mettre mot, le recul vis à vis de la réalité sera très présent et l’humour sera le meillleur moyen d’en prendre.

Toutes les photos de cet article sont une sélection de photos (logique) du site américain Fail, recensant des milliers de photos et vidéos où l’on prend conscience que l’erreur ne peut être qu’humaine.En voici d’autres :

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