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En France, le syndicalisme mène à tout, même au terrorisme

Publié le 09 mars 2010 par Copeau @Contrepoints
En France, le syndicalisme mène à tout, même au terrorisme

Dans un précédent article, qui avait fait grincer les dents limées de bouffons collectivistes, on se souvient qu'il avait été établi que si l'on doit être hooligan, autant être syndiqué, et, mieux encore, affilié au Syndicat du Livre CGT. Aujourd'hui, on découvre deux autres « professions », pas forcément exclusives l'une de l'autre, que le Syndicalisme protège avec habileté : terroriste et maître-chanteur.

Dans la République Démocratique du Bisounoursland, il est admis qu'une entreprise appartient à ses employés en premier lieu, que les syndicalistes décident de ce que le patron a le droit de faire ou pas, et que si ce dernier se la joue un peu trop autonome, pif, paf, pouf, on séquestre et on en discute.

Ce serait caricatural, si cela ne se répétait pas de façon assez mécanique, surtout dernièrement (les liens précédents se concentrent sur quelques affaires des 2 derniers mois seulement).

Oui, on peut le dire, il y a comme un effet de mode : quand une direction d'entreprise aura l'impudence de déposer un plan social, on la séquestrera, parce que – cela est prouvé – cela améliore considérablement les chiffres d'affaires et le climat général.

Ainsi, pour une séquestration d'une nuit, on a droit au package Basic Médias qui comprend quelques journalistes, un ou deux photographes (une photo de l'équipe de séquestration est comprise dans le forfait), douze papiers dans la presse locale et un ou deux articles dans la presse nationale suivant l'importance de la société.

Pour une séquestration de plusieurs nuits, on a droit à un package Médias-Plus, qui comprend le package précédent plus deux éditos enflammés dans les grands quotidiens nationaux, et la télévision.

Pour une séquestration de plusieurs nuits, assortie de menaces (de tout faire exploser, par exemple), comprenant une expédition punitive et des bris de vitre, on entre dans la catégorie Médias Gold. Le package Gold, qui comprend en sus du Média-Plus, un Médiateur de la République, un ou deux appels au calme du Préfet et une visite d'un Ministre, peut être échangé pour un package Platinum lorsque l'entreprise comprend plus de 500 personnes et/ou que l'état est impliqué par actionnariat ou parce qu'il est théoriquement client de la production. Dans ce dernier cas, on bénéficie de toute la puissance des médias, plus un discours officiel du Président de la République dans lequel, par contrat, ce dernier s'engage à prononcer plusieurs fois les phrases « C'est pas normal, dans la France d'aujourd'hui » et « Je ne serai pas le Président qui laissera cette entreprise faire faillite » ou toute variation sur le thème dont au moins 50% des mots correspondent sémantiquement avec ces exemples.

On comprend, quand on voit les petits caractères du contrat Package Médias Platinum, que la séquestration soit maintenant inscrite d'office à l'ordre du jour des actions syndicales ; évidemment, c'est toujours le changement de package qui pose le plus de problème, d'autant que les kamarades ne sont pas tous prêts à franchir les étapes correspondantes, même si le risque juridique est faible : pour les cas précédemment sourcés ci-dessus, il n'y a eu aucune incarcération.

Si vous m'avez suivi jusqu'ici, nous avons donc le tableau suivant :

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on peut, de nos jours, pénétrer par effraction dans une entreprise et saccager sa production et n'encourir aucune peine, à condition d'être Syndiqué du Livre CGT.
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on peut très bien aussi séquestrer son patron pendant une nuit ou deux, tant qu'on lui achète une pizza pour le faire tenir, et tant que l'opération est chapeautée par un syndicat, de préférence CGT ou FO.

Mais la grande nouveauté, c'est que le syndicalisme permet à présent un peu de terrorisme. C'est un nouveau choix : l'option Sang & Tripes.

Pour l'inaugurer, Charles Foulard nous a fait une petite démonstration.

Le contexte ? C'est la crise (eh oui, que voulez-vous) : les Français font attention à leurs dépenses, notamment de carburant, Borloo les incite à coup de taxes et de messages (pas tous alcoolisés) à se verdir la tête, prendre les transports en commun. Bilan : on biberonne moins d'essence, ce qui veut dire qu'on a besoin de moins de raffinage, ce qui entraîne la disparition d'une raffinerie, ce qui provoque du chômage.

Paradoxe des temps nouveaux, il faut choisir entre l'ingérence étatique dans le verdisme et l'ingérence étatique dans le pétrole. Bref : la direction de Total décide, sans demander son avis à la CGT, de fermer boutique. C'est le clash. Et avec l'option Sang & Tripe de la Carte CGT , on peut se permettre ceci :

« Une opinion partagée par la CGT de Total qui a jugé ce lundi que l'installation d'un terminal méthanier à Dunkerque ne pouvait remplacer la raffinerie des Flandres, menaçant d'une réaction « très forte » si le groupe pétrolier se contentait de cette annonce. « Nous allons mettre la France à feu et à sang », a déclaré Charles Foulard, coordinateur CGT pour le groupe. »

Vous voyez, c'est très simple : dès qu'on a la carte, on peut proposer ouvertement de foutre un bordel sans nom dans le pays, de passer des gens par les armes, de brûler des trucs et des machins, et apparemment, tout le monde trouve ça parfaitement normal, ou, en tout cas, personne ne s'en offusque.

Imaginons, un court instant, que ces mêmes paroles soient placées dans la bouche de toute autre personne : il y a fort à parier que le résultat serait une condamnation sans équivoque de toute la classe politique, de tout ce qu'elle contient de personnes droites et honnêtes qui n'auraient pas peur de dire que c'est très très vilain de dire ceci, que la France ne pliera pas devant le chantage, etc...

En France, le syndicalisme mène à tout, même au terrorisme

Car la cerise sur le gâteau de tout ceci reste quand même que l'entreprise en question, Total, a absolument tout fait et même plus pour que le plan social se transforme en aubaine pour les employés. Certes, la raffinerie sera fermée, mais le pétrolier propose tout de même de maintenir les 370 emplois avec la création d'un dépôt, d'un centre de formation, d'un centre technique, et des reclassements dans les autres raffineries du groupe.

Autrement dit, aucun chômeur supplémentaire. On a connu plus sauvage.

On comprend l'ire de la CGT : se faire ainsi saboter sa grève par des offres que n'importe quel autre employé de PME en faillite ou de sous-traitant inconnu en dépôt de bilan rêverait d'avoir pour simplement éviter le chômage et, pour certains, la misère, c'est totalement scandaleux ! Soyons jusqu'auboutiste ! Foutons le feu, faisons couler le sang impur qui abreuvera nos sillons et en avant kamarades !

Finalement, le syndicalisme, en France, c'est très sympa : de fil en aiguille, on s'aperçoit qu'on peut faire dans la destruction et le vol, le trafic d'armes, la séquestration, le chantage et le terrorisme, tout ça avec le regard bienveillant de la classe politique et de la justice.

Je devrai prendre une carte, tiens, histoire d'épicer mes week-ends.

Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur et paru initialement sur son blog, http://h16free.com. Image : défilés du 1er mai à Paris en 2000. Image libre de droits.

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