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Dette : l’éléphant au milieu du salon pense à faire des claquettes

Publié le 10 mars 2010 par H16

Si la Grèce ne va pas bien, la France, l’Espagne et le Royaume-Uni ne sont pas franchement mieux non plus. Heureusement, la classe politique se mobilise….

Ah ?

Bah non.

Alors que l’ensemble de la presse nationale, tendue comme un seul homme vers l’horizon des Régionales de dimanche, ne s’occupe plus guère d’autre chose que de politique politicienne et de polémiques de fanfreluche (sans même parler du People-Qui-Surtwitte), l’agence de notation Fitch a décidé de rejoindre ses consœurs et de placer la note AAA de trois pays majeurs de la zone Euro sous observation.

Pour rappel, c’est cette note qui permet d’étalonner le taux d’intérêt appliqué sur la dette souveraine émise par les États concernés. Si la note descend, le taux monte, ce qui revient à dire que l’État emprunte plus cher, ou moins longtemps, ou les deux.

Actuellement, la France, l’Espagne et le Royaume-Uni ne sont pas exactement au mieux question finances. Le petit air tendu de Sarkozy ne doit donc pas tout aux hypothétiques dissensions dans son couple et le bougre doit aussi se faire un peu de mouron pour l’avenir – notamment le sien.

L’agence Fitch indique ainsi :

« Le Royaume-Uni, l’Espagne et la France, en particulier, doivent énoncer des programmes plus crédibles cette année, étant donné le rythme de la détérioration des finances publiques et les difficultés auxquelles ils font face dans la stabilisation de la dette publique »

Pendant ce temps, les gros titres de la presse se focalisent sur les Régionales, dont le seul score intéressant, l’abstention, est à peu près déjà connu et se situera dans la catégorie « Record / Les Français s’en tamponnent » avec l’éternel commentaire « Il y a un déficit démocratique gnagnagna » à prévoir dimanche vers 20h01.

Il faut fouiller dans les sections économiques des quotidiens généralistes pour apprendre qu’en pratique, à la moindre incartade, les notes des États vont baisser, les marchés dévisser et la situation brutalement empirer. Et encore, la présentation de la situation – dramatique s’il en est – est tendrement biaisée, au détriment de la perfide Albion qui va très très mal et même pire que nous, les Fraônçais, donc on peut respirer, si si puisqu’on vous le dit.

Cependant, si l’on regarde les chiffres (dont l’analyse pourra être lue avec profit ici), on peut se faire une opinion plus … pastel :

dette publique en % du PIB, fin 2009

déficit public en % du PIB, fin 2009

Grèce

113

12,5

Portugal

77

9,3

Espagne

59,5

11,4

Italie

115

5

Irlande

63,7

11

Grande-Bretagne

68,5

12,5

France

79,7

8,2

Allemagne

77,2

5% (6,5% attendus en 2010)

Autrement dit, tous les pays de la zone euro pagaient dans le caca, et le fait de chanter tous en coeur, si cela donne un peu de courage, ne change rien à la situation : tout le monde a bien noté la présence d’un éléphant au milieu du salon, tout le monde sait pertinemment qu’à lui filer des cacahouètes par containers entiers, il ne va pas maigrir, et tout le monde a bien compris que s’il lui vient l’idée de faire des claquettes, le lustre en cristal risque de prendre cher.

Jengaconomy

Mais parmi les politiques, à l’exception des cinquièmes roues comme Bayrou, absolument personne n’évoque le sujet.

Les plateaux de petits fours et les canapés continuent à passer de main en main et le Champibulle coule à flot. Le mensonge par omission peut donc continuer, en espérant que personne n’aura malencontreusement versé d’amphétamines dans les gâteries de l’éléphant.

Et pour toute solution à l’étatisme, l’interventionnisme et plus de dettes ? Encore plus de dettes, encore plus d’étatisme et encore plus d’interventionnisme, pardi !


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