Canal Peluche
La toile regorge de petits films de tout crin, en voici 99 référencés ici (merci Youyouk). On les regarde au gré de nos pérégrinations sur la toile quand on navigue au hasard, de lien en lien, de site en site.
Le butineur que nous sommes devenu va batifoler dans le champ de fleurs des blogs selon une humeur papillonnante. Vu d'en haut, l'historique de navigation ressemble à une ligne tarabiscotée sans direction précise comme lorsqu'on se balade dans une ville inconnue.
Le danger est la fébrilité devant un débordement informatif. Donc, tôt ou tard, l'aventurier du web s'assagit, ne rôde plus qu'autour du centre ville et déguste le web comme il regardait la télé : quelques chaînes, guère plus. Il ne visite plus que les trois premiers sites en haut des pages Google. Le foisonement appauvrit, au final, faute de temps pour poétiser.
Il en est de même des médias sociaux où l'on brasse des centaines d'amis, plus ou moins connus. Le lieu de rencontres nous semble si vaste, si nouveau. Chatroulette en est l'horizon qui promet de rencontrer tout le monde en zappant l'autre à l'infini. Et la véritable perversité du site est là, pas ailleurs, dans cette fausse proximité qui tutoie l'impudeur. Alors, on finit tôt ou tard par dé-friender, écrêter cette trop longue liste d'amis où l'on ne connaît quasiment personne sinon sa caste habituelle qu'on côtoie in the real life.
On m'a dit récemment que j'étais contradictoire. Je le suis. Mais comme ce web peut l'être, lui aussi, tour à tour ouvert et fermé, proche et lointain avec ses liens si fragiles, ses oublis si rapides, ses fâcheries si lapidaires et ses admirations si vite oubliées, donc si trompeuses. Je suis la première victime, ici, sur ce blog. Ne me voyez pas en capitaine de navire, en donneur de leçons, en maître influenceur du temps. Voyez plutôt quelqu'un qui, sans cesse se met en doute, se demande ce qu'il peut bien faire là, à tout mettre, à tout torchonner à crier sans cesse "Moi moi moi !"
Ne faites pas attention, ça passera, comme passera ce billet dès qu'il aura disparu de la page d'accueil de ce blog si hétéroclité, si disjoint, si disparate. Comme passera cette vidéo aussi, ce sommet de kitscherie. Oui, c'est ça, au fond, mon blog est kitsch, une petite coquetterie excentrique sans intérêt. Quelque part dans un pli de la toile.