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L’impact du monde digital et d’Internet dans notre vie

Publié le 10 mars 2010 par Plabouheure

La chaîne américaine PBS a fait un excellent documentaire sur l’impact du monde digital et d’Internet dans notre vie. Tout d’abord nous remercions TwitJob pour avoir présenté ce sujet ainsi que PixelBoy. Le sujet est la suite d’un documentaire fait en 2007. La chaîne s’interrogeait à l’époque sur l’impact des nouvelles technologies sur les enfants (« Growing up online »). Douglas Rushkoff va plus loin en s’interrogeant cette fois sur leur impact sur toutes les couches de la population. Quel est l’impact du monde digital sur nos vies ? La réponse se fait jour à travers un documentaire d’1h26, et aborde un maximum d’angles différents. Le documentaire est en anglais et il est passionnant. Voici quelques réflexions mises en avant :


1/ Point de départ de la réflexion

Une mère de famille se rend compte que dans son foyer, entre son mari qui navigue sur son ordinateur pour son travail, et ses enfants qui utilisent les nouvelles technologies pour faire leurs devoirs ou se divertir, plusieurs « mondes » ou univers se côtoient sous le même toit familial. Ce constat (différents individus avec différents centres d’intérêts) n’est pas une chose nouvelle mais il est ici matérialisé par l’utilisation d’appareils numériques et de programmes en fonction de chacun.

2/ Une activité cérébrale « multitâche »

Les universités du MIT et de Stanford se sont penchées sur le phénomène de l’utilisation quasi continuelle de nouvelles technologies par leurs étudiants.

Leur résultat est que les étudiants ont sans cesse une activité « multitâches » (« multitasking activity »). Ils suivent plusieurs applications en même temps, font plusieurs choses en même temps. Cela nuit-il à leur capacité de concentration ? L’université de Stanford a fait des tests, et apparemment, oui. Les étudiants pensent plutôt bien réussir cette activité « multitâches ». Cependant les tests montrent le contraire, le fait de ne pas ce concentrer sur une chose à la fois, leur fait perdre de l’efficacité. Un enseignant se demande même si ces étudiants seront capables de penser correctement et clairement (« enable to think well and clearly »).

Ils se sont également interrogés sur l’impact de vivre vite et toujours en inter-connexion. Ces chercheurs ont ainsi pu constater que l’impact sur le cerveau est 2/3 fois supérieur lorsqu’on utilise Google que lorsqu’on lit un livre. Cela en raison du processus de décision qui est très fortement stimulé de façon presque permanente. L’impact des nouvelles technologies est très fort, et l’est d’autant plus dans celui des mondes virtuels des jeux vidéo.

3/ Les jeux vidéo

Douglas Rushkoff part alors en Corée du Sud, où des milliers de cybercafés existent, et où beaucoup de jeunes viennent s’adonner à leur passe temps favori : le jeu vidéo. Dans le reportage, on évoque des cas de joueurs qui sont morts pour avoir joué pendant 50h d’affilé en mangeant et buvant peu. L’addiction au monde digital peut être très forte, elle est vraiment plus puissante avec les jeux vidéo, notamment les jeux « Online ».

4/ Le monde digital et l’éducation

Avant de revenir sur la question des jeux vidéo, Douglas Rushkoff nous conduit au sein d’un établissement scolaire défavorisé aux États-Unis. Celui-ci devait faire face à beaucoup de problèmes aboutissant à des résultats scolaires très médiocres. Pour améliorer ces résultats, cette école a décidé de faire rentrer massivement les nouvelles technologies dans tous les cours, et de faire en sorte que chaque élève ait un ordinateur portable. Les résultats se sont profondément améliorés. La puissante attractivité des nouvelles technologies a fait son œuvre. Cependant, là encore, de grandes questions se posent pour savoir si au final ça n’est pas un piège dans lequel on enferme ces jeunes élèves. Le danger est qu’en effet, ils ne soient pas en mesure d’avoir une pensée réellement linéaire en raison de toutes ces sollicitations (programmes, musique, jeux, etc).

Retour avec les étudiants du MIT et de Stanford, qui corroborent ces doutes : ils n’écrivent quasiment plus d’essais mais des paragraphes uniquement. Les sollicitations de leur environnement les empêchent d’écrire de façon longue, continue et, surtout, de façon logique. Ces paragraphes n’étant, souvent, pas logiquement reliés entre eux. Les étudiants de ces écoles prestigieuses lisent également de moins en moins. Privilégiant les sites qui leur permettront de lire les résumés essentiels dont ils ont besoin.

5/ Les mondes virtuels et les jeux en ligne

Douglas Rushkoff revient ensuite sur la question des jeux vidéo en ligne et sur les mondes virtuels en général. Il rencontre le fondateur de "Second Life" . Ce dernier lui explique que dès le départ, il souhaitait créer un monde imaginaire dans lequel les utilisateurs pourraient se plonger complétement. Ces utilisateurs ayant la possibilité d’avoir une vie réelle d’un coté et de l’autre une vie virtuelle, avec des possibilités, des opportunités, que la première ne leur offre pas.

Dans le domaine des jeux en ligne, notre reporter s’intéresse alors à "World of Warcraft" . On découvre des milliers de personnes passionnées, qui se retrouvent lors de grands évènements, et qui se découvrent après avoir joué en ligne pendant des heures ensemble, sans se connaître. La majorité se voient pour la première fois, et viennent de tous les pays du monde. Cela crée des rapprochements et certains même se marient. Réfléchissant sur ce besoin profondément humain de se rapprocher, de se « connecter » à d’autres, Douglas Rushkoff nous dit que cela nous permet « d’être ensemble, seuls sur Internet ». Puis, il se reprend et dit : "plutôt d’être seuls, ensemble, sur Internet."

Les mondes virtuels n’intéressent pas que les particuliers. Ils intéressent également les entreprises. Coca Cola et quelques autres ont tenté d’exister et de vendre dans « Second Life », mais ça n’a pas marché. D’autres comme IBM, ont en revanche trouvé là un moyen pour faire travailler à distance certaines équipes. Ainsi, nous visitons le centre de « travail mobile » de l’entreprise qui était destiné à offrir des locaux à leurs employés itinérants. Le centre est désert désormais. Tout se passe sur « Second Life ».

6/ Le monde digital et l’armée

Le plus inquiétant sur l’impact des nouvelles technologies tient aux développements que peuvent en faire les militaires. Ainsi, le reportage explore les différentes utilisations que peuvent en faire l’US Army et l’US Air Force.

La première les utilise pour aider à soigner les vétérans souffrant de « Stress from post traumatic disorder » (angoisses liées aux expériences traumatiques de combats). Cela permet, en remettant virtuellement ces personnes en situation, de les aider.

La seconde utilise ces technologies pour faire piloter ses drônes à des « pilotes » étant à des milliers de kms du théâtre d’opérations. Des hommes et des femmes, militaires, peuvent, depuis les alentours de Las Vegas, être aux commandes d’un appareil (un « Predator » par exemple) en Irak ou en Afghanistan. Ils peuvent effectuer leurs missions et… rentrer le soir à la maison et faire faire leurs devoirs à leurs enfants !

L’US Air Force vient d’ailleurs de recruter sa première promotion de « pilotes » n’ayant aucune compétence en vol. Elle a également fermé 3 centres de formation de pilotage, pour en ouvrir autant destinés à « piloter » ces drônes.

L’US Army a quant à elle ouvert un immense centre de recrutement avec des batteries de jeux vidéo. Tous les enfants peuvent venir, même s’ils ne peuvent pas encore être recrutés… Les jeux peuvent aussi servir à autre chose, notamment dans certains programmes d’éducation. C’est sur cette note optimiste que Douglas Rushkoff finit son reportage.


7/ Conclusion

Plusieurs personnes concluent le documentaire. Une professeure d’université nous dit que « la technologie n’est ni bonne, ni mauvaise, mais qu’elle est très puissante et compliquée, et qu’un temps d’apprentissage, comme de réflexion, est toujours nécessaire ». Une autre personne nous rappelle « qu’à chaque évolution des technologies, on perd quelque chose et que l’on gagne quelque chose. Mais que cela ne date pas d’hier, et lors du passage du courrier au téléphone, on avait perdu et gagné quelque chose à la fois ».

Douglas Rushkoff, après avoir rappelé dans le reportage, preuve à l’appui avec une interview d’époque, combien il était exalté en 1995 sur les apports possibles des nouvelles technologies et d’Internet, conclut en disant que ce qu’il aimait aussi avec ces technologies c’est qu’on pouvait les éteindre.

Pour nous, ce documentaire est non seulement bien fait mais il a surtout le mérite de poser les bonnes questions.

PS : voir également l’article du Monde sur les « Robots-Journalistes » montrant que l’entrée des nouvelles technologies se fait vraiment partout.


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