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Jeune homme au pair

Publié le 10 mars 2010 par Desfraises

Jeune homme au paircliché pris en juin 1992
Avant d’entrer à Bordeaux III pour y étudier les lettres et civilisations anglophones, j’ai choisi de partir à l’étranger et "vivre" au jour le jour la langue dont j'essaierais plus tard de maîtriser entre autres la phonétique et la linguistique. La solution la plus facile était de devenir jeune homme au pair (beaucoup me demandaient si "ça" existait, un jeune homme au pair, j’en étais la preuve vivante). Les circonstances ont voulu que j’élise domicile en Angleterre plutôt qu’aux Etats-Unis. En fait, les familles américaines affiliées à l’organisme auquel je m’étais adressé n’étaient pas assez ouvertes d’esprit pour accepter l’idée qu’un homme s’occupe de leur maisonnée. J’ai donc vécu dix mois dans le West Yorkshire, dans un petit village dénommé Menston, entre Leeds et Bradford. Je me suis plutôt bien entendu avec la famille. Ils avaient trois enfants (parfois) insupportables [mais c'est un pléonasme]. La nourriture était abominable. Et j’ai failli m’ennuyer à mourir *. Pour salaire, je touchais 40 livres sterling par mois. Pour le babysitting, le repassage et la cuisine. Mon premier essai aux fourneaux un tel désastre qu’ils ont eu la présence d’esprit de ne plus me demander de mettre la main à la pâte. Pas folle la guêpe.
Si l'on exclue des péripéties dignes des meilleurs bêtisiers [j'avais véritablement deux mains gauches], j’en ai conservé de bons souvenirs. Y figurent mes longues promenades dans les Moors, immenses étendues où je croisais le chemin d'un mouton ici, d'une perdrix là. C’était un paysage à couper le souffle. Le pays de la famille Brontë, le cadre sublimement mélancolique des Hauts de Hurlevent.
Jeune homme au paircliché pris en mars 1992 : j’ai posé l’appareil photo sur un rocher, déclenché le retardateur, couru couru couru et me suis cassé la binette.
* Les coups de fil anonymes où j'entendais la voix d'une jeune femme me susurrer des mots doux auxquels je ne comprenais goutte ont eu au moins le mérite de me distraire. Aujourd'hui seulement, je réalise qu'il s'agissait peut-être d'un canular. Trouver plus naïf que moi, ça va être difficile.

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