Un silence entendu

Selon Gérard Longuet, qui prèche bien entendu pour sa paroisse politique, ne pas voter aux Régionales, s'est "s'isoler de la communauté".

Mais au fait, de quelle communauté parlez-vous, M Longuet ?

Quand ceux "qui s'excluent" deviennent majorité, est-ce que cela en fait toujours des exclus ? A ce compte là,  les isolés, n'est-ce pas plutôt ceux du microcosme qui ne se rendent toujours pas compte que les "exclus" en ont assez de celui-ci ?

M Longuet, voter, c'est un moment important, c'est donner un mandat, c'est donner sa confiance,  c'est apporter sa caution, ce n'est pas donner un chèque en blanc à celui qui aura fait preuve des meilleures capacités de marketing...

Pourquoi dès lors donner un mandat à ceux qui ne réfléchissent plus de manière constructive depuis longtemps mais ne n'agissent que par opposition ? Contre le changement, contre l'absence de changement, contre la réforme, contre l'absence de réforme ?

A tous ces champions du baiser empoisonné qui se cajolent, se déchirent, se rabibochent, se redéchirent, se réconcilient, se redéchirent...

A ceux qui promettent, jurent, s'engagent mais sans jamais tenir, s'auto-justifiant par la conjoncture, la crise, le pragmatisme...

A ceux que l'on vire par la porte et qui reviennent par la fenètre, à ceux qui traînent tant et tant de casseroles ?

A ceux qui cumulent des emplois de maire, de député, de secrétaire de groupe, de président de région, d'avocat... toutes activités dont une seule suffirait à occuper à temps plein celui qui s'y consacre pleinement ?

A ceux qui s'auto-votent augmentations, luxueuses retraites, voitures de fonctions, frais de représentations et petits personnels pour faire le travail pour lequel on a été élu ?

A ceux qui cèdent régulièrement à toutes les sirènes voire petits cadeaux des lobbys de tous poils, qu'ils soient des banques, des producteurs de musique, de télévision, de cinéma, des opérateurs de téléphone, des promoteurs, des agriculteurs, des constructeurs automobile... par pur clientélisme et copinage ?

A ceux qui votent comme un seul homme, le petit doigt sur la couture du pantalon, à tel point que les débats de l'Assemblée Nationale et du Sénat pourraient être menés par une demi-douzaine d'individus avec les mêmes résultats, mais avec bien des frais en moins ?

C'est bien malheureux de ne pas aller voter dans une démocratie mais c'est aussi parce que les mêmes se gardent bien de donner sa réelle importance au vote blanc en le comptant prudemment avec les nuls.

Imaginez donc, le jour où on les séparera, 55% de votes blancs. Quelle claque pour la bien mal nommée "classe" politique. Mieux vaut continuer l'amalgame.

Alors finalement, ceux qui ne se reconnaîssent pas en vous et vos semblables, ceux qui mettent directement à la poubelle les professions de  mauvaise foi des partis qui encombrent les boites aux lettres comme autant de prospectus conçus par les mêmes publicitaires, que leur reste-il ?

Comment peuvent-ils exprimer leur désaccord, leur dégoût, leur ras-le-bol ?

Je vais vous le dire, M Longuet, il leur reste la possibilité de ne pas confier de mandat, de ne pas voter, de s'abstenir, avec le risque de ne voir pas plus de changement que s'ils avaient voté, mais aussi avec quelques espoirs de faire preuve d'un silence... entendu.