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Témoignage: l’impuissance d’un père

Publié le 10 mars 2010 par Raymondviger

toxicomanie-drogue-2 Je n’ai pas le goût de vous décrire son mode de vie qui empoisonne sa vie ou faire son procès. Ce que je peux cependant partager aujourd’hui, c’est ce que je vis dans cette relation. Ou, plutôt, dans l’absence de relation avec mon garçon.

Il ne répond plus à mes téléphones. Je passe chez lui régulièrement, il n’est pas là. Je ne sais plus comment le joindre. Les rares fois que j’ai la chance de le croiser, je sens qu’il est gêné de me rencontrer, car il sait que je me rends compte où il est rendu dans sa vie. Cette honte empoisonne notre relation. Il préfère se débrouiller seul que de s’ouvrir à moi.

Je suis disponible pour l’aider. Je tente de l’aider. Mais, je ne peux rien faire s’il n’accepte pas mon aide et ma présence.

Le soir, je me retrouve seul à la maison. Je pense à lui. À cette aide que je voudrais lui offrir. Je ne cesse de pleurer en attendant qu’il m’ouvre sa porte. Je suis impuissant. Un père qui aime son garçon. Qui voudrait lui offrir ce qu’il y a de mieux. Comment survivre à cette impuissance?

J’ai demandé de l’aide. Pas pour mon garçon; il n’en veut pas et je ne peux rien faire de plus. J’ai demandé de l’aide pour moi. C’est moi qui vit de la colère, de la frustration et de l’impuissance. C’est moi qui suis en train de me tuer en attendant qu’il fasse un pas pour s’en sortir.

Parmi les ressources que j’ai trouvées, quelqu’un me parle de confier à Dieu le résultat. J’ai de la difficulté à le comprendre et à l’accepter. Confier à Dieu, je voyais ça comme abandonner mon garçon. Une façon de me fermer les yeux et de me déresponsabiliser vis-à-vis de mon rôle de père. Une façon d’oublier mon garçon, de tourner la page et d’aller m’amuser à vivre ma vie… sans lui.

Ce que j’en comprends maintenant est différent. Je confie à Dieu le résultat de mes interventions. Je continue de faire ce que je peux. Être disponible, cogner à sa porte, lui laisser des messages. Mais, les résultats, j’en suis impuissant. Comme père, je ne peux faire plus.

Il y a un bout de chemin que mon garçon doit faire seul. Je ne peux le faire pour lui. Dans mes prières, je ne demande pas à Dieu que mon garçon utilise les outils que je lui offre. Je lui demande qu’il trouve ses outils qui seront bons pour lui, même si ces outils doivent m’exclure de sa vie pendant un certain temps.
Confier à Dieu les résultats n’est pas passif en soi. Je continue de me questionner. Qu’est-ce que je peux faire pour l’aider? Est-ce que j’ai fait ce que j’ai pu? Alors, le résultat ne m’appartient plus. Je dois faire confiance à mon garçon et à la vie.

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