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Face aux climato-sceptiques, la contre-attaque

Publié le 11 mars 2010 par Bix

Finie l'indifférence et les négations en bloc. Les scientifiques ont décidé de répondre point par point aux tenants du négationnisme climatique. À commencer, en France, par le plus médiatique d'entre eux : Claude "Mammouth" Allègre.

Comme je l'avais dit dans un billet précédent :

Comment peut-on encore prendre Claude Allègre au sérieux ? Le Monde, par la plume de Sébastien Foucart, publie 2 articles sur ses erreurs : Le cent-fautes de Claude Allègre qui nous donne les meilleures, puis une liste des cautions scientifiques bidons dont l'ancien ministre se targue (à grands coups de citations tronquées ou de chercheurs absents des bases de données mondiales...). Mon erreur préférée est celle qui lui fait parler d'un certain Georgia Tech, alors qu'il s'agit du Georgia Institue of Technology.

Mais cessons de rire.

La science c'est du sérieux : relecture par des pairs, sources obligatoires... Autant de choses complexes souvent oubliées par les agitateurs qui préfèrent allègrement prendre des figures médiatiques pour des leaders politiques, confondre science et imprécations... Sans doute lassés de voir la lumière médiatique pointée uniquement sur la poignée de gugus qui remet en cause les origines humaines du réchauffement climatique, des journalistes scientifiques ont décidé de partir à l'attaque.

Un bouquin écrit sur une nappe en papier

Denis Delbecq, d'Effets de Terre, se livre à une jubilatoire descente en flammes du dernier bouquin de Claude Allègre. Descente argumentée et sérieuse, sourcée. La version publiée par lexpress.fr est courte, une version longue va être publiée sur Effets de Terre. Soyez-sûrs que je vous tiendrai au courant.

Ce même Denis est par ailleurs courroucé par l'annulation de son intervention dans l'émission L'Objet du scandale sur France 2, dans laquelle il devait apporter la contradiction à Claude Allègre. Pourquoi refuser le débat avec quelqu'un de compétent pour le remplacer par des questions de "vrais Français" absolument pas scientifiques ?

J’avais notamment une question à poser à Claude Allègre. Plutôt que d’insulter les climatologues —et notamment Jean Jouzel— et de donner des leçons de rigueur qu’il ne s’applique pas à lui-même, pourquoi ne crée-t-il pas un laboratoire de recherches en climatologie? Avec son entregent, il n’aurait aucun mal à trouver des crédits. Et on pourrait voir ce qu’il peut apporter à la communauté. Mais visiblement Claude Allègre —comme son acolyte Vincent Courtillot— préfère discuter avec des animateurs du PAF que démontrer, preuves à l’appui, la pertinence de ses idées devant un comité de lecture scientifique.

La lecture de Denis est largement suffisante (tout comme l'article du Monde cité plus haut) pour se faire une idée générale de l'arnaque qu'est devenue Claude Allègre. Mais on peut aller plus loin encore.

Mensonges et fautes de frappe de collégien

Le blog Sciences de Libération propose un "débuggage" très complet et très long mais extrêmement intéressant, dont les mots les plus récurrents sont "médiocre", "mensonges", "amateurisme" et autres joyeusetés, ainsi qu'un relevé exhaustif des fautes de frappe sur les noms propres qu'il cite (signe d'une relecture plus que légère de l'ouvrage) :

  • Claude Allègre : premier debuggage de «l'imposture»
  • Allègre, débuggage 2 : le sergent recruteur où l'on apprend qu'il se vante de cautions scientifiques sans demander leur avis aux intéressés, qui est pour le moins malpoli, surtout quand cela va de pair avec l'utilisation de citations tronquées.
  • Allègre, débuggage 3 : le graphique faux
  • Allègre, debuggage 4 : l'imposteur du climat
  • Allègre, debuggage 5, le petit graphiste ou "quand un graphique ne vous convient pas, redessinez-le à la main et inventez la courbe pour les années qui manquent dans le sens qui vous arrange."

Comme le dit la conclusion du débuggage n° 4 : ce livre est une sorte de compilation de toutes les erreurs possibles, pimentée de tous les mensonges possibles, sur le climat.

Jean-Louis Fellous, longtemps responsable des programmes d'observation de la Terre par satellites au Cnes, a envoyé une réponse au blog Sciences de Libé. Elle reprend 3 mensonges principaux et y répond de manière détaillée :

  1. le climat n'est pas la météo : n médecin serait imprudent de prévoir votre disparition à court terme. Mais il lui est facile d’affirmer que dans un siècle vous ne serez plus des nôtres (moi non plus d’ailleurs).
  2. les scientifiques ne prennent pas en compte uniquement le CO2 dans les causes du réchauffement climatique : Les climatologues parlent des gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone n’est que le plus important, mais n’ignorent ni le méthane, ni les oxydes d’azote, ni les CFC, et quelques autres, ni surtout la vapeur d’eau dont le rôle d’amplification de l’effet de serre additionnel est fondamental.
  3. non, personne ne prétend que le réchauffement climatique est l'unique phénomène auquel est confronté l'humanité : Les défis cumulés et interconnectés de l’énergie, de l’eau, de l’alimentation, de la démographie, sans parler des maladies émergentes ou de la prolifération nucléaire, sont bien réels, et le problème climatique ne fait qu’aggraver les conditions de leur solution, notamment pour les plus pauvres dont Claude Allègre prétend se faire le héraut.

Un passage en particulier fait froid dans le dos :

N’en déplaise à Claude Allègre, il n’y a pas de satellite climato-sceptique (non plus d’ailleurs que les autres systèmes d’observation). Au demeurant, les satellites, les flotteurs et les mouillages océaniques, les systèmes de mesure au sol, en avion ou en ballon, n’ont pas d’opinion : ils se bornent à observer et mesurer plus de vingt variables climatiques essentielles. Et ce qu’ils imagent et mesurent est «sans équivoque» : le niveau de l’océan s’élève d’un peu plus de 3 mm par an, à un rythme double de celui du 20ème siècle ; les glaces de mer arctiques se réduisent en été comme peau de chagrin : plus de 5 millions de km2 disparus en 30 ans ; le Groënland fond bien plus vite que prévu ; la déforestation ne ralentit pas, et elle compte pour 15 % des 10 milliards de tonnes de carbone déversés chaque année dans l’atmosphère, qui s’enrichit chaque année de 3 parties par million de CO2 ; le contenu thermique de l’océan augmente ; l’océan renferme un réchauffement global retardé qui viendra inexorablement s’ajouter à celui déjà enregistré ; l’acidité des océans s’accroît elle aussi, par suite de la dissolution du gaz carbonique en excédent dans l’atmosphère, au grand dam des organismes marins qui n’ont rien connu de tel au cours des derniers 25 millions d’années au moins.

C'est le soleil tout ça !

Sortons de France. Dans le monde anglo-saxon la polémique est encore plus virulente qu'en France. Mais les arguments sont les mêmes.

Signalé par Rue89/Planète89, Skeptical Science propose une liste de tous les arguments des climato-sceptiques, 93 à ce jour : c'est le soleil, Mars se réchauffe aussi, c'est les rayons cosmiques, 1934 a été encore plus chaude, le Groenland était vert au Moyen Âge, etc.

Après un rapide survol, ça semble sourcé avec liens vers des PDF adéquats. Ça a l'air costaud. Je plains les écolos américains, australiens, britanniques... ils doivent pas rigoler tous les jours.

J'espère avoir joué mon petit rôle dans la promotion de la vraie science, celle qui se vérifie et accepte la contradiction, la revue par les pairs plutôt que le passage de plats par des journalistes incultes.

Évidemment, c'est plus marrant de crier au complot mondial.


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