Comme vous le savez, Renvoi aux 22 accueille volontiers vos réactions et réflexions sur l'ovalie. Aujourd'hui, Pacalou-sans-S, fidèle lecteur et commentateur de ce blog, nous livre son sentiment sur un phénomène inquiétant, celui de la violence dans le rugby professionnel, et propose un diagnostic pour le moins intéressant...
Hier, après avoir lu un article sur la contreverse Cudmore/Le Corvec/fourchette sur Rugbyrama, j'ai fait ce que je ne fais jamais : je suis allé lire les commentaires en dessous.
J'ai été meurtri par ce que j'ai lu : des cris de haines n'ayant rien à voir avec l'esprit « Rugby », sur un forum censé être un lieu de rencontre d'amateurs éclairés et amoureux de ce jeu. C'était du genre « A Perpignan tous pourris » et « Les 63, on va vous tuer quand vous viendrez sur nos plages cet été »...
Il y a deux façon de considérer ces débordements de violence.
La première, c'est de dire qu'il y a toujours eu des abrutis dans les amateurs de rugby, et tous ceux qui ont joué dans les petits clubs ont vu de tristes choses dans les derbys de fonds de campagnes. On peut aussi aller sur Youtube voir les match Toulon-Bègles 91 pour constater que les cris qui tombent de Mayol pendant la minute de silence n'ont rien à voir avec le respect qu'on attend dans ce jeu.
L'autre plus inquiétante, est de constater que ces phénomènes s'accroissent. Ca fait longtemps que les oiseaux de mauvais augure disent : « Avec la professionalisation, on va voir dans le rugby les mêmes choses qu'au foot ...», et honnêtement, je ne voyais pas quels pouvaient être les mécanismes insidieux qui allaient conduire à cette débâcle.
Mais là, sur ce sujet, je vois poindre un curieux phénomène qui va dans ce sens . Je m'explique.
Le rugby est un sport de combat collectif (le seul ?). La violence sur le terrain fait partie du jeu. Ancien talonneur, je sais que les retrouvailles avec les membres de mes anciennes équipes dérivent toujours sur des discussions de Tartarin entre avants sur nos plus belles parties de manivelles, sous les regards moqueurs et bienveillants des arrières.
Plus globalement, même avec les volonté la plus pacifique de monde, quand dans un regroupement un adversaire vous déblaye « légalement » à coup de boule dans les côtes, on a envie de lui en coller une, c'est humain...
Aujourd'hui les instances dirigeantes de ce sport veulent éradiquer toute violence, en multipliant les citations pour un oui ou pour un non, en voyant des fourchettes partout et en assénant des sanctions par dizaines de semaines, au nom du professionnalisme désormais en vigueur.
On est obligé de constater que la conséquence de cette politique est, sous prétexte d'injustice, d'exciter, de faire augmenter la violence chez les supporters les plus « faibles intellectuellement », mais qui n'en restent pas moins des supporters de longue date de ce sport.
D'où le titre : voilà comment la violence, grâce au professionnalisme, est en train de passer du terrain aux tribunes.
Je n'ai pas l'habitude de poser une problématique sans avancer d'éléments de solution. Alors, faut-il calmer la répression sur les poires ? Un carton jaune « sec » est peut-être suffisant...
Pacalou-sans-S