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Le Front de gauche perd une voix...

Publié le 11 mars 2010 par Edgar @edgarpoe

La mienne.

Les élections régionales me semblent surréalistes. Les suppressions d'emploi ont battu un record l'an dernier ; la Grèce est mise sous tutelle par une armée d'eurocrates qui trouvent que même l'intervention du FMI ne serait pas assez douloureuse ; les drapeaux européens ont envahi nos plaques d'immatriculation bien plus sûrement que les burqas n'encombrent nos rues ; on parle de faire encore avancer un FME, un gouvernement économique de l'Europe et autres joyeusetés qui nous livreront encore plus aux doctrinaires européens.

Dans tout cela, se passionner pour le prix du ticket de métro est un peu difficile.

Mais je m'étais dit qu'il fallait encourager le Parti de gauche, dont j'avais cru percevoir, à partir des interventions de Mélenchon, qu'il se durcissait contre l'Union européenne.

En Île-de-France la tête de liste a été obtenue par un apparatchik du PC au détriment de Mélenchon, mais même ça j'étais prêt à l'avaler. Et puis ce matin, Marie-Georges Buffet sur France Inter.

Qui se lance dans un grand discours sur "il faut un Front Populaire européen", "je suis internationaliste", "l'Europe est une solution..."

Elle gagne là son brevet de bien-pensance, on pourra la ranger sagement à côté de Bayrou, Aubry, Sarkozy, Marine le Pen (même si je constate que le programme du FN se durcit lui aussi à l'égard de l'Europe) et autres européens et alter-européens.

Marie-Georges n'a rien compris, et elle trahit deux fois ceux qu'elle croit défendre.

1. Pour qu'un Front populaire européen soit efficace, il faudrait à la fois une majorité de gauche au Parlement, mais également à la Commission. La probabilité que le Front de gauche arrive au pouvoir en France est déjà faible, celle qu'un Front populaire européen ait une quelconque efficacité est infinitésimale.

2. Pour faire de l'internationalisme, il faut des nations. L'Union européenne vise à créer une nation unitaire et à dissoudre les nations, il n'y a rien d'international là-dedans, juste de l'autoritarisme qui se donne du temps.

Je range donc le Front de gauche à côté des partis inutiles.

Partis qui soit donnent dans le maximalisme sachant qu'ils ne seront jamais au pouvoir (NPA, LO ; pour lesquels de toute façon, France ou Union européenne c'est le même capitalisme), soit vendent l'espoir d'un changement européen de la même façon que l'église vendait l'espoir d'un accès au paradis : "soyez sages maintenant, après ce sera mieux".

L'Europe est un opium du peuple dont le Front de gauche vient d'accepter de se faire le revendeur.

Pour la forme, j'évoque rapidement le pauvre Bayrou. Il s'interroge gravement pour comprendre pouquoi son parti semble avoir perdu la baraka. C'est assez simple à mon sens. Les français ont bien vu qu'au moment de ratifier Lisbonne il a plié, alors même qu'il avait avancé que cela ne pourrait se faire sans référendum. Chacun est libre de croire qu'il y a d'autres raisons. Il est cependant incontestable que Bayrou s'était fait une tête de candidat du changement le temps d'une présidentielle, et qu'en acceptant les orientations européennes il a renoncé à une quelconque différence (s'il s'agit de redresser les finances publiques jusqu'au dernier chômeur, la BCE et le FME s'en chargeront très bien, avec ou sans Bayrou).

Finissons, avec le Parti Socialiste.

Comme Marie-Georges Buffet, Martine Aubry vend l'espoir d'un changement européen. Elle réclamait hier à France Inter le droit à des services publics forts etc, comme si ce n'était pas précisément l'Union européenne qui mettait ceux-ci à plat.

L'UMP me vient soudain à l'esprit.

Eux ont au moins le mérite de la cohérence. L'Europe libérale qui pèse sur les salaires et plombe la croissance ça leur va très bien, et de tous temps la droite a préféré l'ordre au respect des aspirations majoritaires. Voilà un parti qui a son utilité, même s'il n'aura pas ma voix.

Il manque au paysage politique français un parti utile en face de l'UMP. Un parti qui posera comme condition première à son action la nécessité de sortir de l'euro et de l'Union européenne. Les autres partis se condamnent à faire de la figuration, ou à gagner sur les défaites de l'UMP, par défaut et par hasard (ce qui laisse à Bayrou une chance, non pas en raison de son talent, mais des lois de la probabilité et des tirages aléatoires).

Il me restera donc à ne pas voter dimanche, comme je vais finir par en prendre, à regret, l'habitude...


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