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Les poissons noyés

Publié le 12 mars 2010 par Zappeuse

Le littoral charentais, en particulier les îles de Ré et Oléron, abrite quelques fermes marines. Elles n’ont pas échappé à la vigueur de la tempête Xynthia, et, quand la mer ne les a pas rattrapées, c’est le vent qui a détruit tout ou partie des infrastructures. Si un site web de qualité médiocre (et dont je tairais le nom et le lien pour ne pas lui faire de pub) se vantait ce matin d’un bilan finalement pas si grave que ça pour les infrastructures touristiques (5% d’entre elles seulement auraient eu à souffrir de la tempête, presque toutes ont déjà rouvert ou pourront le faire pour les congés scolaires de printemps), pensant plus aux vacanciers qui pourront continuer à glandouiller en short à fleurs dans les marchés locaux l’été prochain, qu’aux habitants permanents des littoraux touchés (plus cynique, tu te pends à ton câble éthernet !), si donc, disais-je, certains ne pensent qu’à leurs plaisirs fugaces des prochaines vacances (tu verrais le nombre de requête gougueul qui atterrissent ici en demandant dans quel état est le camping bidule ou si le camping machin sera bien ouvert du 2 au 26 août …), il ne faut quand même par perdre de vue qu’il y a sur ces îles des gens qui vivent et qui bossent, et qui aimeraient bien reprendre assez vite une vie normale. Les éleveurs de poissons en font partie.
Sur l’île de Ré, la ferme marine de Loix, qui élève des turbots, a été totalement détruite, bassins d’élevage et bureaux compris. Les poissons ont rejoint la mer … ou pas ! (j’ai entendu dire que des sardines avaient été vues, semi-agonisantes, dans les rues de La Rochelle, tandis qu’une amie a vu des bars et des carrelets en train d’étouffer sur le bas-côté des chemins à Oléron, pour le plus grand bonheur des mouettes). Les sept salariés du site ont été contraints de se mettre en vacances, avant que des mesures de chômage prennent le relai. Une autre ferme marine de Ré a eu plus de chance : les bars sont toujours dans leurs piscines, mais le vent a arraché une partie des tunnels, envolé des plaques de plexiglas et tordu un portique. Les dégâts se chiffrent en dizaines de milliers d’euros.
Sur Oléron, la ferme marine du Douhet, qui élève des alevins de daurades, a eu plus de chance. Le marais a absorbé l’excédent d’eau et la marée s’est inversée au moment où l’eau s’approchait dangereusement de l’exploitation. Néanmoins le vent a détruit une serre, et surtout une coupure de courant, insuffisamment compensée par la mise en route de groupes électrogènes, a interrompu le chauffage et le pompage des bassins, obligeant les exploitants à sacrifier une partie des alevins. Cette entreprise, au final, souffre plus de la disparition d’une autre ferme marine du même type dans laquelle elle avait investi et qui, située sur le littoral vendéen, n’a absolument pas résisté à Xynthia. Les 36 emplois de la ferme du Douhet ne sont cependant pas menacés.

Les poissons noyés

—> Source : Philippe BAROUX, « Après Xynthia : Loix perd sa ferme marine », Sud-Ouest, 11 mars 2010.
—> Illustration : la ferme marine du Douhet (Oléron) en juillet 2008.



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