Merci à tous celles et ceux qui n'ont pas cessé de m'appeler pour prendre de mes nouvelles. Je suis vivant. Au moment du séisme à Port-au-Prince (le mardi 12 janvier 2010, à 16h50 locales), je me dirigeais vers ma maison. J'ai senti la chaussée trembler sous mes pieds, alors que je voyais l'immeuble de la Citibank s'écrouler à quelques pas de là.
La minute de frayeur passée, je me suis dirigé rapidement vers ma maison, passant devant des scènes dignes de films d'épouvante: des survivants hébétés, couverts de poussière, se demandant ce qui leur arrivait. Des cadavres, des gens prisonniers sous des tonnes de béton demandant de l'aide, des cris, des pleurs, des gens à genoux implorant le pardon du ciel (le peuple haitien est très croyant).
Arrivé devant ma barrière, j'aperçus ma soeur ainée, hébétée, blessée, couverte de poussière, car sortie des décombres de la maison. Elle lançait de signes de désespoir en ma direction: « Il reste cinq personnes dans la maison. Il faut vite les sauver ». Avec quelques voisins, j'organisai les secours. D'abord extraire ma mère, alitée, des décombres de sa chambre, au premier étage, devenue rez-de-chaussée. Puis mes deux cousines et leur amie qui étaient en train de regarder la télévision au rez-de-chaussée devenue sous-sol.
Deux d'entre elles ont été extraites vivantes. Pour la troisième (l'une de mes cousines), tuée sur le coup, il a fallu attendre deux jours plus tard, pour extraire son cadavre, en état de décomposition. Puis ce fut le tour du cadavre de ma tante (la mère de mes deux cousines), dimanche, soit cinq jours après les évenements.
En attendant des articles sur les medias haitiens après le tremblement de terre, vous pouvez toujours me contacter au numéro: (509) 3461-9191.
Merci et à bientot.