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Le programme de Jacques Auxiette, tête de liste de la majorité sortante en Pays de la Loire, sur l'économie sociale verdict !

Publié le 12 mars 2010 par Gchocteau

En ce moment, c’est la campagne pour les élections régionales. Le saviez vous ? Si, on en parle à la télé et à la radio, et on croise, de temps à autre, les candidats et leurs équipes sur les marchés, les salles publiques, les quartiers, … Bref, ça communique !

Après ma rupture avec les Verts [1] au sujet d’Europe Ecologie, je suis libre de mes pensées politiques. Et je suis clairement à gauche, voulant que la gauche gagne... Clair et précis... J’ai donc apporté quelques pierres à la campagne de Jacques Auxiette, tête de liste PS d’une liste « plurielle » avec des candidats PC et écologistes [2]. Ma contribution a été à la hauteur de mon temps à y consacrer : faible tout de même. Juste quelques heures sur un projet à la demande du directeur de cabinet actuel, avec qui j’ai usé mes culottes de syndicaliste étudiant, même si on nous n’étions pas d’accord à l’époque [3].

Bref...

J’ai reçu en début de semaine les tracts de jacques Auxiette sur l’économie sociale et sur le milieu associatif. Et je vais me faire le plaisir de les analyser et commenter, après avoir fait le préambule suivant : je n’ai pas participé à la réflexion, et encore moins à l’écriture, de ces morceaux de programme. Ceci étant dit, allons y...

Sur le tract ESS, le titre accroche : « Economie sociale et solidaire : diversité, dynamisme, originalité, innovation ». C’est totalement vrai, même si je mets un bémol sur l’innovation, qui ne concerne pas tout le secteur [4].

Quelle vision a Jacques Auxiette de l’économie sociale ? En plein débat sur l’entrepreneuriat social, sa définition sera un bon élément d’ancrage dans le débat :

« Les entreprises de l’économie sociale et solidaire constituent un modèle de démocratisation de l’entrepreneuriat en raison de la participation des salariés et des usagers à la prise de décision collective et responsable. »

On voit que la définition apporte les éclairages essentiels : entrepreneuriat collectif et responsable. Manque juste l’aspect de la répartition des pouvoirs et des richesses, mais les exemples qui suivent permettent de penser que le modèle classique de l’économie sociale [5] sert de socle à la réflexion.

Les entreprises de l’économie sociale et solidaire constituent donc un secteur économique à part entière et ont été intégrées dans la politique de l’action économique régionale. Nous avons reconnu la filière à hauteur des intérêts économiques et sociaux qu’elle représente tout en tenant compte de ses spécificités par rapport aux entreprises classiques.

Sur le côté « secteur à part entière », je mets un bémol tant certains acteurs dépensent de l’énergie à parcelliser le mouvement. Mais cette position tend à prouver la vision globale et unifiée que souhaite Auxiette pour le secteur. Et là, je le rejoins totalement. Tant qu’on mettra dos à dos les acteurs associatifs, coopératifs et mutualistes, le mouvement sera affaibli et donc plus perméable aux attaques de libéraux.

Au carrefour des initiatives individuelles et collectives, la force de cette filière économique réside dans sa capacité à s’unir autour de projets communs. Le Conseil régional apporte un fort soutien à la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire, notamment pour la mise en place de l’observatoire de l’Economie Sociale et Solidaire. Il soutient l’Union Régionale des SCOP pour la reprise d’entreprises par des salariés sous forme coopérative et pour la transformation des associations en sociétés coopératives (SCOP, SCIC). Le Conseil régional renforce également les fonds propres et apporte un soutien aux investissements des entreprises du secteur.

Niveau régional, action régionale, acteurs régionaux... Évidement... L’apport des observatoires des CRES en terme de lisibilité du secteur est énorme. Pour se connaître, se reconnaître et peser ensemble, il faut se compter ! D’autant que l’analyse des chiffres et données permettent de mettre en avant le discours et les pratiques, les approches qualitatives sur les différences de salaires, la féminisation et tout ce qui fait qu’à un moment, le secteur n’est pas seulement un conglomérat de statuts, de chiffres et d’individus, mais aussi des relations interpersonnelles, du droit et des hommes [6].

Pour poursuivre les efforts de développement de la filière, il faut également accompagner la promotion de ses actions collectives.

Hoouuu... C’est bon ! La promotion des actions collectives !! Dans ce bas-monde hyper individualisé, il est bon de reconnaître et promouvoir l’action collective comme moyen de changer les choses. Devions nous en attendre autre chose de la part d’une personne de gauche ?

Il participe également à la structuration du secteur en apportant, par exemple, son soutien à l’organisation des Ecossolies, à la plateforme « commerce équitable » ou encore à la création d’une filière de services à la personne en Sarthe. 

Et à Ressources Solidaires ? Certes notre visibilité en tant qu’acteur local est faible, mais elle dépasse largement les frontières ligériennes ! La Région nous a aidé en finançant un emploi tremplin [7], étape essentiel à notre démarrage... Pour devenir LA référence de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire sur tout le territoire, malgré les grincheux ! Si la Région n’avait pas eu cette politique volontariste, jamais le chercheur d’emploi ici, et à Lille / Dunkerque ou Marseille n’aurait pu voir les offres de notre site ! Qu’on se le dise... Et pareil pour le Conseil général de Loire Atlantique ou Nantes Métropole... Rendons à César ceux qui …

La crise économique nous a montré que nous avions raison de croire au développement de l’économie sociale et solidaire. Elle constitue une alternative au tout spéculatif et un modèle de gestion grâce à ses innovations sociales et économiques.

Oui, vous avez eu raison, les faits ont malheureusement été là. Les entreprises de l’économie sociale ont mieux réagi à la crise [8] pour plusieurs raisons : Gestion à moins court terme que des groupes le nez rivé sur les profits à court terme dus aux exigences de rentabilité des actionnaires Management participatif des parties prenantes, ce qui fait qu’on recherche plus la pérennité et moins le profit immédiat Un système de répartition des richesse qui fait que les réserves sont souvent plus importantes que dans les entreprises classiques

Elle aura contribué à l’émergence d’un tissu économique régional varié, indispensable à une bonne prise en compte des exigences nouvelles des consommateurs qui s’inscrivent davantage comme des acteurs de la consommation.

Bof... Phrase un peu ploum ploum...

Être aux cotés des associations menacées par le désengagement de l’Etat L’Etat est de moins en moins présent pour soutenir les initiatives de nos concitoyens qui s’investissent dans la vie associative : 16 % en moins de budget aux associations pour 2010, des coupes budgétaires en direction de l’éducation populaire, de la culture, et Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP)…

et

Faciliter l’accès au crédit des entreprises Les entreprises, notamment les TPE et PME et toutes les structures de l’Economie sociale et solidaire, subissent aujourd’hui un assèchement en matière de crédit bancaire.

Oui, effectivement, la RGPP (Révision générale des politiques publiques) impacte fortement le milieu associatif qui travaille depuis des dizaines d’années en supplétif ou complétif des pouvoirs publics. Sauf que... C’est nier les secteurs associatifs émergents, qui, depuis une grosse vingtaine d’années, développent cet esprit associatif et ces projets collectifs. Ces secteurs comme le commerce équitable, l’éco-habitat, les finances solidaires sont des secteurs « neufs » qui se structurent peu à peu. Or, la vision liée à la RGPP est une vision qui exclut ces associations car elles ne sont pas dans le champ de la RGPP. Et c’est aussi (pourtant ?) là qu’on trouve les difficultés de financement, de formation, de gestion des compétences, sans parler de l’absence de dialogue sociale, de sensibilisation à la fonction employeur et tout et tout... L’accompagnement doit se faire aussi là. Est ce le rôle de la Région d’accompagner ? Non, bien entendu, mais elle doit pouvoir s’appuyer sur d’autres (CPCA, USGERES, …) pour le faire, comme elle l’a fait dans d’autres domaines, avec les mêmes.

L’engagement de 2004 est donc tenu :

Le Conseil régional aide les entreprises de l’économie sociale et solidaire à se positionner sur leur marché en appuyant leurs initiatives économiques et la professionnalisation de leur gouvernance.

Pour conclure, la plaquette de positionnement de la liste Auxiette sur l’économie sociale trouve un bon équilibre entre cette économie sociale traditionnelle et celle innovante. En renforçant les structures fédératives (CRES ou URSCOP), en permettant la mise en œuvre d’outils de lecture, tout en donnant des solutions pour créer de l’emploi dans le secteur marchand, la majorité sortante a prouvé qu’elle avait compris l’économie sociale ET solidaire.

Qu’en pensent les autres ? La CRESS Pays de Loire a interrogé les 3 principales listes en Pays de Loire : majorité sortante, Europe Ecologie et UMP.

Sur la question des relations entre le conseil régional et l’économie sociale, les réponses reflètent bien les positionnements politiques.

Jean-Philippe Magnen souhaite soumettre les conditions d’octroi des aides économiques du CR à des indicateurs sociaux et environnementaux et renforcer également la commande publique responsable. Pour cela, il propose la signature d’un contrat cadre entre la région, les acteurs de l’ESS et la CPCA qui permettrait aux entreprises de l’ESS de bénéficier de nouvelles dispositions en matière de partenariat public/privé et éviterait le recours systématique aux appels d’offre.

L’intégration de éco-conditions à l’obtention d’aides publiques va dans le bon sens, aussi bien pour l’économie traditionnelle que l’économie sociale. Reste à savoir lesquelles, la « contrainte » qu’elles peuvent représenter et les moyens pour aider à la transition. En effet, si les contraintes demandées sont économiques fortes, elles vont entrainer des coûts, à ajouter aux aides demandées. Quant à la triangulaire CR / acteurs / CPCA, je ne la comprends pas. D’une part, parce que cela exclut le « non-associatif » du contrat [9]. D’autre part, je ne comprends même pas le fond. Peut être que les propos rapportés sont déformés / tronqués / traduits [10]. Que vient faire la CPCA dans l’histoire ?

Christophe Béchu ne rejette pas l’idée de liens contractuels mais pense que cela doit être réfléchi au cas par cas. Il insiste sur la notion de transparence et sur l’établissement de cahier des charges où les parties sont clairement déterminées.

Ah... La contractualisation comme seul arme ! Pas de cadre général, du cas par cas au nom de la transparence... Reste plus qu’à parler de la main invisible du marché et les dogmes libéraux seront tous là...

Jacques Auxiette considère que le problème a été mal posé au niveau de l’Etat et que le conseil régional a donc été amené à le gérer. Il souhaite que les parlementaires se mobilisent sur ce sujet et insiste sur la nécessité d’élaborer des règles transparentes et de se doter de quelques outils construits en commun et validés ensemble. Il précise que la région peut agir sur cette question en tant qu’ensemblier et sera attentif aux propositions de la CRESS pour faire élaborer une relation contractuelle en cohérence avec les préoccupations des structures de l’ESS.

Au début, j’étais chagriné par la réponse... Et puis, en y réfléchissant... Certes, il élude dans ces propos la question de « la région levier d’un développement ». En même temps, le dernier mandat prouve que l’actuelle majorité a su trouver le levier. Mais, dans le fond, Auxiette a raison en reposant la question du cap économique à tenir. Cela ne peut passer que par des décisions nationales, l’application et les ajustements se faisant localement. Une vraie et belle politique de développement de l’économie sociale, voilà une belle alternative que le PS pourrait reprendre dans son programme de 2012... Encore faudrait il qu’il soit plus à l’aise sur la question de l’alternative au capitalisme ? [11]

Sur la question de la promotion de l’économie sociale, les candidats sont plutôt unanimes.

Les trois candidats s’accordent sur l’importance de la promotion de l’ESS et sur la nécessité d’y consacrer des moyens suffisants. Jean-Philippe Magnen propose de populariser les valeurs de l’ESS auprès du grand public en soutenant le Mois de l’ESS ainsi que la diffusion des produits de la finance solidaire et la promotion de la monnaie sociale.

Rien de bien engageant et innovant. Rappelons qu’une SCOP peut fabriquer des savonnettes et être de l’économie sociale [12] et une association peut soutenir la filière nucléaire ou la vente d’armes. Dans tous les cas, je préfère les savonnettes...

En conclusion des candidats...

Jacques Auxiette considère que l’ESS est essentielle au développement économique et social de la région et que la CRESS, par son rôle de rassembleur de l’ensemble des acteurs, est l’un des interlocuteurs privilégiés du Conseil Régional.

Acteur économique et social, voilà qui est pertinent. Et visiblement, la CRESS est l’interlocuteur privilégié. A juste titre.

Christophe Béchu croit en l’ESS comme acteur dynamique du territoire. Ses convictions le mettent en capacité de faire des propositions porteuses pour l’ESS.

Oui. Ne sous estimons pas l’intérêt réel de Christophe Béchu pour l’ESS. Il l’a prouvé plusieurs fois et sait pertinemment de quoi il en retourne. Après, sa vision politique n’est peut être pas la notre, la mienne, la votre.

Jean-Philippe Magnen pense que ses propositions traduisent sa volonté d’associer dès à présent la CRESS à la création d’une véritable révolution verte dans notre région.

Credo classique, la transition écologique de l’économie, y compris sociale et solidaire.

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Tract Association de Jacques Auxiette
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Tract Economie Sociale de Jacques Auxiette

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