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Abstention et vote blanc : des choix respectables et des messages clairs

Publié le 12 mars 2010 par Lalouve
ABSTENTION ET VOTE BLANC  : DES CHOIX RESPECTABLES ET DES MESSAGES CLAIRS

L’abstention et le vote blanc ou "nul", bien qu’ayant sans doute des significations légèrement différentes, seraient des "preuves de résignation", des "actes de découragement", "antidémocratiques", des actes "d’immaturité politique"...etc.

Gérard Longuet, patron des sénateurs UMP dont on a pu se souvenir il y a quelques jours qu’il avait été un des fondateurs du groupe d’extrême droite "Occident" (cf. ses propos sur Boutih et le président de la HALDE), a même proposé de rendre le vote OBLIGATOIRE !

Pour vous dire comme l’abstention est, elle, antidémocratique, hein... ;)

Quand on est "de gauche", l’argument massue c’est en général : "l’abstention, le vote blanc, cela fait passer la droite (car les électeurs de droite, eux, votent)". "Tu dois voter NPA/FDG/LO... pour peser sur le PS". "Le PS ce sera toujours mieux que la droite".

Sans qu’on soit cependant à même d’expliquer ce que cela signifiait "droite" "gauche" aujourd’hui, justement (alors qu’une grosse partie du problème est bien là).

Certains tentent un "Je vais voter au premier, mais pas au second comme ça je ne vote pas pour le PS".

Est-ce plus cohérent? Je ne suis pas sûre.

Ordonc, voici les abstentionnistes et autres renégats de la DEMOCRATURE-confiture renvoyés dos à dos de leurs propres ennemis de classe, voire "alliés objectifs" ! Très classe.

Tout ceci au nom d’un "principe de réalité" qui, je le pensais encore il y a peu, me semblait réservé aux pensées totalitaires et fascisantes "de droite" (voire d’extrême droite, où le fameux "vote révolutionnaire" n’a jamais été, pour le coup, une abstraction métaphysique...).

Voilà, donc, là, on assiste, comme à chaque scrutin, à une mise au pilori en règle de celles et ceux qui n’iront pas VEAU-ter.

Avec le genre d’assertion que nous sortent TOUS les partis qui concourent à ces élections.

Personnellement, j’aurais tendance à appeler cela du "terrorisme intellectuel".

Doublé d’une grosse mauvaise foi et d’un aveuglement que seule la "gestion à court terme" et le renoncement à l’intérêt général peuvent justifier.

Car ce n’est pas aussi simple que "abstention = couillons" (ni non plus d’ailleurs que "élections = piège à cons" que pour ma part, je ne pratique pas et n’ai jamais pratiqué).

Je parie qu’il y a peu d’abstentionnistes ou de "blanchistes" habituels, "idéologiques", dans les 50 % de personnes qui n’iront pas voter Dimanche, et même sans doute, que parmi eux, beaucoup seront d’anciens "électeurs de gauche" justement.

Loin d’être un acte anodin, dépourvu de sens au regard des institutions actuelles, l’abstention (ou le vote blanc) sont des signes extrêmement forts adressés à l’ENSEMBLE de ceux qui, "droite" ou "gauche", sont considérés, sans doute avec une certaine raison, comme appartenant à la même "CASTE"(reste à savoir ce qu’on reproche à cette "caste"), qui défend au fond, le même système, ne proposant que des aménagements différents de ce système qui fait "en-commun", et à la marge.

L’abstention (ou le vote blanc) signent, je le pense, compte tenu des circonstances actuelles, loin d’un renoncement, la colère violente d’un PEUPLE, qui se regarde, qui se connaît, qui connaît de façon historique et presque "innée" la violence dont il est capable de faire preuve dans des situations de crise insurmontables (dois-je rappeler aux ahuris que la France est une terre de révoltes et de révolutions parfois extrêmement violentes? Allez oui, j’y vais : 1789, 1791,1848, 1871, 1936, 1968...), mais qui aspire quand même profondément à la paix sociale, aux réformes législatives et au débat, plutôt qu’à couper des têtes, pendre les banquiers, ou à brûler des voitures, et qui , faute de relais fiables pour exprimer sa colère autrement, pense envoyer ainsi aux "dirigeants politiques" un MESSAGE qu’il ne tiendrait qu’à eux de comprendre.

L’abstention pour moi, c’est ce MESSAGE.

Et si on le replace dans son contexte, celui des, disons, dix dernières années, je crois que son sens est assez clair, notamment "à gauche".

D’où que nous parlions (communistes, socialistes, écologistes...), quoi que nous espérions, NOUS SOMMES PROFONDÉMENT EN COLÈRE.

Peut être que si on écoutait un peu plus "le peuple" dont "on" (qui est un con, comme chacun sait) ne se gargarise qu’en période électorale, chaque jour, on se rendrait vite compte que ce que le SYSTEME s’acharne à faire passer pour de la RESIGNATION (comme si nous étions des bons cons sous antidépresseurs parce qu’on ne va PLUS VEAU-TER), c’est une COLÈRE FORTE , UN DÉGOÛT,et, comme disait Jean Sol, "LA NAUSÉE" (après "LES MAINS SALES", c’est normal...), qui montent avec obstination et que chaque échéance électorale rend de plus en plus forte, d’ailleurs.

Bien sûr, "on" peut continuer à faire semblant de ne pas comprendre ce que signifie cette abstention, ce vote blanc, DANS LES CIRCONSTANCES ACTUELLES.

On peut continuer à dire "les prolos qui ne vont pas voter donnent des voix à la droite...c’est pas bien... blablabla".

On peut continuer à rendre le prolétariat, le peuple, responsables, et ne pas vouloir comprendre pourquoi le peuple a majoritairement élu un SARKOZY, et pourquoi c’était ROYAL face à lui :

Je rappelle : "DÉSIR d’AVENIR" et "RUPTURE".

Pourtant, il me semblait que, même exprimé au premier degré et à côté de la plaque, le message de nos camarades , de nos frères et soeurs, de nos concitoyens , était CLAIR :

Il y a un désir de CHANGEMENT DE SOCIÉTÉ FORT, QUI SE RADICALISE, VERS UNE SOCIÉTÉ PLUS JUSTE, DIFFÉRENTE DE CELLE QUE NOUS CONNAISSONS DEPUIS 20 ans, au moins.

Il y a une prise de conscience aiguë que nous avons régressé, que la France d’aujourd’hui PUE, et pire encore, car non seulement nous avons régressé socialement, économiquement, mais aussi politiquement. Pas seulement en terme de représentation populaire, mais en termes d’engagement citoyen, de propositions novatrices, alternatives, culturelles.

Alors même que le peuple de Grèce est confronté à une crise monstrueuse, à une attaque sans précédent du FMI, de l’UE, des spéculateurs financiers, qui hypothèque l’avenir de millions de personnes sur plusieurs décennies, AUCUN candidat "de gauche" n’a parlé de l’Union Européenne telle qu’elle existe aujourd’hui (et très éloignée de l’Europe des peuples, de l’Europe politique avant d’être économique, rêvée un jour par nombre d’entre nous)...

TOUTE ET TOUS , MÊME LE NPA, veulent au contraire accréditer LA RÉGION comme échelon de "démocratie" valable, alors que c’est bien un des plus mauvais qui soit. Pour des tas de raisons.

Est-ce NORMAL?

Aucun projet politique, aucune rupture de CE TYPE, aucun avenir nouveau ne semble poindre, ce qui entraîne DE LA COLÈRE, particulièrement dans une telle période de crise.

Attention à toutes et tous qui maintenez les politiciens dans l’illusion qu’ils pourront encore nous berner longtemps, et que l’abstentionniste est un défaitiste, car il n’est pas dit que celui ou celle qui incarnera le mieux cette colère un jour ( et il arrivera forcément) le fera "dans le bon sens" si on continue à laisser en déshérence NOTRE champ de bataille.

Faudra pas pleurer ensuite.

En espérant que les mêmes qui ont dépensé tant d’énergie à faire la morale seront aux côtés de ceux qui se battront pour leurs droits.


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