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Surimi forever

Publié le 12 mars 2010 par Pierre

En ces temps d’agriculture durable, de nutrition raisonnée et de régimes en tout sens, il est un aliment qui a véritablement été massacré par le nutritionnellement correct. Cet aliment, c’est évidemment le surimi.

C

Surimi forever
onsidéré comme le symbole de l’alimentation postmoderne prédigérée et reconstituée, il est perçu par beaucoup comme une ignoble compilation de déchets de poissons. Désormais, il est mal vu de consommer du surimi, qui serait une nourriture moins respectable que la tomate dégueulasse d’Espagne, ou que la chair blême du porc breton maltraité en batterie. Le consommateur de surimi est observé, parfois dévisagé, souvent jugé.

A notre époque, où le bon sens remplace le raisonnement, il paraît bien naturel de ricaner devant ces bâtonnets de crabe enfilés dans leur gaine en plastique transparent. Obsédé par le « visuellement correct » et le qu’en dira-t-on, le bobo trouve plus cool de consommer « terroir » et de s’afficher en terrasse avec une bouteille de rouge. Evidemment.

Deux doigts coupe-faim

Et pourtant, quoi de meilleur qu’une salade composée d’avocat, de pamplemousse et de bâtonnets de surimi ? La spontanéité des crudités et la fraîcheur de l’océan réunies par la subtilité gourmande de la mayonnaise.

Qui, honnêtement, peut résister au choc gustatif du bâtonnet trempé dans le pot de mayonnaise, et dévoré à l’apéro ? Ou alors en pleine nuit ? Mordre à pleines dents dans l’océan sans bouger de chez soi, quoi de plus moderne et de plus environnementalement responsable ?

Des chiffres ? Oui, sans problème, le surimi n’a rien à cacher.
Prenez par exemple la boîte de 12 bâtonnets. Qu’y trouve-t-on ? Que du bon : 39% (oui, 39%) de chair de poisson, de l’eau, de l’amidon de blé, du blanc d’œuf en poudre. Quelques exhausteurs de goût (rien de bien méchant), un peu de paprika pour la couleur. Rien de plus sain, donc.

Faisons un peu de prospective

Surimi forever
Dans 10 ans, le surimi ne subira plus l’infamie actuelle, parce qu’il sera parfaitement en phase avec les aspirations essentielles des consommateurs. Epris de liberté, mais aussi de territorialité, à la recherche de l’aliment qui nourrit mais aussi qui guérit, le consommateur de demain fera sans aucun doute du surimi le best seller des années 2020.

Dans 20 ans (à partir de 2030, donc), le consommateur n’aura plus le choix. Les stocks de poisson des océans étant totalement épuisés, il faudra boucler la boucle et mieux valoriser nos déchets. La poubelle ne sera plus la destination finale pour nos restes alimentaires, mais l’une des étapes entre le repas d’hier et celui de demain. A n’en pas douter, le surimi sera alors l’aliment roi. Enfin, serions-nous tentés de dire.


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