Il est sept heures du matin, dans le tram, et je regarde des noms sur la vitre. Dehors, il neige doucement. Je suis un peu ailleurs, debout, à l'arrière, l'esprit et le corps ballottés. Moi aussi je pourrai y écrire des prénoms, le tien et le mien - comme on dit - dans un coin, avec des lettres tracées d'un doigt sur le carreau embué, puis les effacer de l'index pour les garder secrets. Souffler dessus, voir qu'ils sont toujours là, poser ma main sur la vitre froide, m'y réchauffer : garder leurs empreintes dans ma paume. Chuut, je ne dirai rien. Lisez les noms gravés par les amoureux dans les tramways et les métros, peut-être y découvrirez-vous le mien…
Sur la fenêtre glacée et embuée du M10 - Berlin
La neige inattendue de ce matin-là, hier, ces noms lus sur cette vitre me rendent lyrique, rien de grave.