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Le samedi, après avoir passer deux heures chez leur coiffeuse à Enasr, se préparant pour envoûter leur invité chanceux Béhéeddine, les filles, se dirigèrent vers leur cafétéria préférée « VIP » à Carthage, cet immense salon de thé, dans lequel, elles se réunissaient pendant les premières années de la faculté.
Fidèles à leur coutumes, elles choisissaient la même table ronde du fond de la cafétéria. Le propriétaire les reconnut tout de suite, un homme très charismatique de la cinquantaine. Dès qu’il les voyait, il se dirigea vers elles, en dessinant un super sourire.
- Salut les filles, ça fait un bail ?
Par courtoisie, elles se levèrent l’une après l’autre et lui faisaient la bise, puis Salma, parla.
- Oui trois ans presque !
En rigolant gentiment.
- Ne me dites pas encore que vous séchiez les cours pour venir passer des heures à papoter dans une cafétéria ?
Mayssa, en reprenant sa place, souriante.
- Non, on est devenue sage !
Et Salma, continua tandis que Ghada se contentait d’écouter cette agréable discussion.
- Ça me manque tant les années et l’ambiance de la faculté !
- Oui à nous tous ! ajouta Mayssa, avec un ton nostalgique, puis en riant, bon, ça ne me manque pas trop puisque je vais de temps à autre à la faculté, pour mon master professionnel !
- Et tu bosses en même temps ? continua-t-il très intéressé.
- Oui, dans une petite boite de vente du matériel informatique en ligne !
- C’est intéressant !
Salma, en ricanant.
- Si le propriétaire n’était pas son frangin, elle serait encore chômeuse !
L’homme, se mit à rire, quant à Mayssa, elle mit ses deux mains autour de sa taille et s’écria.
- Qui parle de piston, là ? et en lui rendant la monnaie de sa pièce, comme si toi, tu ne bosses pas dans l’agence de voyages de ton père !
Elle se laissa emporter par un long rire et répondit.
- Je suis son unique enfant, et il est temps que je prenne la relève !
- Oui, elle a raison ! murmura l’homme puis en adressant la parole à Ghada, et toi, ma fille ? avant tout j’ai entendu que t’étais mariée, toutes mes félicitations !
Elle sourit, et répondit de sa voix douce.
- Merci ! puis d’une voix plus basse, non, j’ai pas terminé mes études et je suis femme au foyer !
- Ok, je vois ! puis en frottant ses main, bon les filles, j’espère que vous passiez une agréable après midi, et en leur faisant une œillade, et que vous revenez plus souvent ici !
Il sourit une dernière fois puis les laissa seules. Salma, reprit sa place, et s’écria.
- C’est pas un gentil homme ?
- Oui, très ! disait Ghada.
Puis Mayssa, en croisant les bras.
- C’est cool, de revenir à des endroits où on a pleins de souvenirs ! puis en jetant un coup d’œil sur sa montre, c’est 17h30 !
Ghada, retrouvant son sens d’humour perdu.
- C’est pas galant de faire attendre trois charmantes demoiselles !
Mayssa, en la regardant de travers.
- Deux demoiselles et une madame ! et en allumant une cigarette, il m’a dit qu’il allait récupérer sa voiture du lavage ! puis en provoquant sa cousine, et si tu nous parles de la table renversée en attendant !
Honteuse, son visage prit une couleur rougeâtre, puis en grognant Salma.
- Salope ! tu m’as dénoncé !
Salma, baissa la tête et murmura.
- C’est un événement qui ne se rate pas !
Et Mayssa, d’une voix furieuse.
- Depuis quand tu me caches des choses ?
Ghada, commençant à s’énerver.
- Je ne vois pas l’intérêt de le faire et de te décrire mon fiasco, le désordre, la table brisée d’un coté, le tapis, garni de sauce pizza, et la femme de ménage, qui est venue à mon secours le lendemain de bonne heure !
Mayssa, et Salma, riaient puis Mayssa, en rigolant.
- Merci pour le résumé…
Ghada, les yeux semant la colère.
- S’il croit qu’en agissant violemment, je vais cesser mes questions, il se trompe !
Les deux filles mirent terme à leur crise de rire, puis Mayssa, en examinant ce regard familier, qu’elle connaissait par cœur lorsque sa cousine s’obstinait par une chose et se détermine à la faire coute que coute.
- Qu’est ce que tu comptes faire ?
Les yeux illuminés par une lueur de persévérance.
- Je vais engager un détective privé !
Ébahies, les deux filles à la fois.
- Détective privé ?
Puis Mayssa, sans quitter sa cousine des yeux.
- La plus part sont des escrocs, qui finiront par te mettre sur la paille, sans te fournir d’informations que tu cherches !
Déterminée dans sa démarche, et d’un ton ferme.
- Je prends le risque ! et sans lui laisser le temps d’interagir, je meurs d’envie de découvrir pourquoi il ne veut pas me parler de son passé et refuse de me présenter sa tante !
- Et qu’est ce que tu connais sur sa tante ?
En secouant les épaules.
- Juste son nom de jeune fille, celui de mon époux, et son prénom, je crois Khadija ou Mabrouka !
- Ce n’est pas suffisant pour mener une enquête...
En lui coupant la parole, avec optimisme.
- C’est le job du détective, de dénicher le reste d’information !
- Mais il te faut un détective compétent pour une mission pareille !
- C’est pour ça que je compte sur ton aide !
En échangeant un beau sourire avec sa cousine.
- On verra si Béhéeddine connait quelqu’un de confiance !
Salma, qui se contentait de répondre à un message d’une amie, reçut un appel téléphonique. Mayssa, se demanda.
- Pourquoi tu ne réponds pas ?
- C’est un numéro de taxiphone !
- Vas-y décroche !
Elle regarda son amie une dernière fois puis décrocha. Les deux filles, se taisaient et suivaient minutieusement Salma, dont le visage se teignait en quelques secondes, d’un arc-en-ciel de couleurs ternes, et qui murmurait d’une voix à peine entendue.
- Ok ! je vais voir !mm, peut être, je ne sais pas !
Puis regarda Ghada, un bref moment et poursuivait.
- Je lui dirai, t’inquiète ! et les joues prenant une couleur rouge vive, non, pas trop ! et en souriant, ok, à lundi alors ! bye !
Et raccrocha. Mayssa, la tint de la main, très curieuse.
- C’était qui ?
Perturbée, et d’une voix honteuse.
- Kamel !
- Non, c’est pas vrai ! s’écria Ghada, furibonde. Pourquoi tu me l’as pas passé ?
Salma, sourit et répondit.
- Il ne voulait pas te parler, mais il m’a demandé de te transmettre ses salutations !
- Et qu’est ce qu’il veut de toi, cette fois-ci ? continua Ghada, sur les nerfs.
En croisant les bras, d’un geste d’énervement.
- Me voir !
- Ne me dis pas que tu as dis oui ? se demanda Mayssa.
Salma, se taisait en remuant la tête positivement.
- T’es folle ? après ce qu’il t’a fait ?
- Il m’a dit qu’il s’excuse et qu’il va tout m’expliquer lundi…
Ghada, fermement, lui coupa la parole.
- Mon frère est une canaille, et je suis certaine qu’il manigance un nouveau coup !
- Non, il s’est excusé et…
- Il n’en est pas question que tu ailles le voir seule, je t’accompagnerai.
- Mais, il…
- Je m’en fiche de ce qu’il t’a demandé !
Puis Mayssa, interrompit leur petite chamaille, en traçant un sourire radieux.
- Calmez vous les filles, mon homme est arrivé !
Elles se taisaient brusquement et se mettaient à mater Béhéeddine, s’approchant d’elles, charmant comme aux photos en jean délavé et une belle chemise grisâtre, il leur faisait la bise puis en s’asseyant face à Ghada.
- Excusez moi pour le retard ! vous connaissez la circulation le samedi !
- Non, t’inquiète c’est rien !
Puis en explorant comme un gamin, les nouveau visages féminines.
- Pour une fois, Face Book, m’est bénéfique ! et en souriant, je m’estime chanceux d’avoir un rancard avec trois charmantes demoiselles !
Salma, rigolant.
- T’es plus charmant en costume !
Béhéeddine, en frottant son menton, du bout des doigts.
- La prochaine fois, je viendrai en costume ! et en riant, avec tout le stress du boulot, je préfère toujours éviter tout ce qui me le rappelle, y compris les costumes !
Pendant ce temps là, Ghada, ne cessait de pincer le bras de Mayssa, tendrement, pour qu’elle évoque le sujet de détective avec leur invité, mais cette dernière l’ignorait et suivait les moindres gestes de son homme. Mais quand sa cousine, insistait en lui donnant un coup de pied léger, elle succomba à ses caprices et s’adresse à Béhéeddine.
- Dis tu connais pas un bon détective privé ?
Il fixa son regard sur elle, et reprit.
- Si, si, j’ai un bon ami à moi, il est ancien inspecteur de police et retraité actuellement mais qui aime jouer au détective par moment !
- Cool !s’écria Mayssa, en souriant.
En levant les sourcils, curieux.
- Mais je peux savoir pourquoi ?
Mayssa, ria à voix basse et en dévorant Ghada des yeux.
- On a une amie mariée qui a des doutes de trahison de la part de son conjoint !
- Je vois ! la mission classique pour un détective ! et en croisant les bras, si vous voulez je vous donne son numéro de portable !
Ghada, emportée par l’excitation et la joie.
- Oui, avec plaisir !
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Le soir, vers 22h, à YASMINE HAMMAMET, Nader et Akram arrivèrent dans le restaurent où ils avaient l’habitude de retrouver leur complice Russe, Serguei. A la manière d’un inspecteur, Nader dévisagea un à un les consommateurs, qui étaient pour la plus part des couples, puis accompagné de son partenaire, il passa entre les tables, jusqu’à s’arrêter devant la table d’un coin isolé, au fond du restaurent et proche du bar où leur homme, démesurément grand et blanc, avec une moustache, si épaisse et noire, s’asseyait, mettant sa lourde main, sur une jeune fille, au visage rieur et juvénile, une belle fille aux yeux verts, et aux cheveux fins et longs attachés, tout en laissant une touffe de cheveux cacher son front et un bout de son sourcil gauche.
Les deux hommes s’arrêtèrent un bout de temps, biglant la fille, qui n’était pas russe mais une fille tunisienne, avec une peau moyennement mate.
Serguei, buvant un peu de bière de son grand verre.
- Asseyez vous messieurs !
- Où sont les filles ? s’écria Akram, avec une expression de colère tracée sur son visage.
D’un regard ferme, Serguei continua.
- Prenez vos chaises, tout d’abord !
Dès qu’ils s’asseyaient, les deux hommes n’épargnaient pas l’étrange jeune fille de leurs regards inquisiteurs, tandis que la fille, souriait sans éprouver la moindre angoisse, comme si elle était familiarisée à se trouver avec des hommes inconnus.
D’un deuxième coup, Serguei vida son verre et continua en parlant français.
- Les filles sont à l’hôtel, je les ramènerai avec moi demain à la maison du chott !
Akram, les yeux brulant de colère.
- Comment oses-tu parler de la maison du chott devant une personne inconnue ?
En serrant fortement la jeune fille à sa poitrine, il continua avec fierté.
- Abir, n’est pas une inconnue, c’est votre nouvelle recrue !
- Tu rigoles, j’espère ! s’écria Akram.
Et Nader en croisant les bras.
- On n’embauche pas des arabes !
En souriant, Serguei, poursuivait.
- Et ben je vous conseille de le faire ! et en se rappelant, vous vous souvenez d’Ahmed degrir !
- Le PDG de la chaine télé qui a refusé nos services ? se demanda Nader.
En remuant la tête, leur partenaire russe continua.
- J’ai essayé une autre fois en lui présentant les filles, mais j’ai échoué ! et en regardant admirablement Abir, mais cette fille, a parvenu à le séduire et l’a accompagné à sa suite d’hôtel !
Là, la fille parla pour la première fois.
- J’adore les hommes adultes, de la cinquantaine, ce sont les vrais hommes pour moi, et j’adore les baiser tout en leur offrant un petit massage vers la fin, je les dorlote voilà, et s’ils veulent me payer, je dirai pas non !
- Tu ne dis pas non ? s’écria Akram, d’un air persiflant. Tu te laisses faire gratuitement d’habitude ?
En buvant son verre de bière, la jeune fille continua.
- Je ne suis pas une prostituée, je baise parce que j’adore le sexe et que je ne peux pas rester une semaine sans avoir au moins deux ou trois rapports sexuels !
Et en caressant son verre avec son pouce.
- La mauvaise nouvelle, c’est que je n’aime baiser que les vieux messieurs…
Serguei, lui coupa la parole en s’adressant à ses invités.
- Je pense que c’est une bonne nouvelle pour vous les garçons puisque vos clients ne sont que des vieux richissimes !
Et en effleurant la frimousse de la fille.
- Et Abir, a tellement envie de bosser pour vous !
Nader, la regarda une autre fois puis se demanda.
- T’as quel âge ?
- 22ans ! dit la fille, d’un regard louche.
- Tu mens ! s’écria Akram sévèrement, je dirai moins de 18ans.
- Disons 18ans ! reprit la fille en ricanant.
Mais comme elle remarqua que ses interlocuteurs avaient l’air sérieux, elle se taisait un long moment puis d’une voix pour la première fois timide.
- J’aurai 17ans fin Avril !