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Publié le 13 mars 2010 par Malesherbes

Mercredi 10 mars, invité de "Questions d'Info LCP/France Info/AFP", l'ancien ministre Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, s’est exprimé ainsi à propos de la possible nomination de Malek Boutih à la tête de la Halde, la Haute autorité de lutte contre les discriminations : « C'est un homme de grande qualité, mais ce n'est pas le bon personnage […] Il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes ».

Devant les réactions suscitées par cette déclaration, M. Longuet a tenté de se disculper en y reconnaissant une certaine maladresse. Il n’est pas parvenu à me convaincre. Il m’a semblé au contraire qu’il avait soigneusement choisi ses mots, en évitant ceux qui auraient pu lui valoir d’être taxé de ségrégationniste. Plutôt que de parler des Français, il a utilisé les mots corps français, plus anodin que les termes peuple français ou nation française. Et il s’est bien gardé de le qualifier comme français de souche ou, comme on l’aurait fait du temps de l’Algérie française, européen. Il a cru être à l’abri avec le qualificatif de traditionnel.

Il a poursuivi ainsi : « Si vous voulez, les vieux Bretons et les vieux Lorrains - qui sont d'ailleurs en général italiens ou marocains - doivent faire l'effort sur eux-mêmes de s'ouvrir à l'extérieur. » Il tente ainsi de se dédouaner, en rappelant le fait que nombre de Français ont parmi leurs ancêtres voire leurs parents, des étrangers, tel le premier d’entre eux. Mais son expression est incroyablement maladroite : comment des vieux Bretons ou vieux Lorrains pourraient-ils être italiens ou marocain ? Insinuerait-il qu’ils sont demeurés fidèles à leur pays d’origine ? Et alors, comment peuvent-ils faire partie du corps français traditionnel ?

Avec la phrase suivante, on atteint le sommet de l’incohérence : « Si vous mettez quelqu'un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l'opération ». Apparemment, ce quelqu’un d’extérieur serait Malek Boutih. M. Longuet aurait ainsi déclaré que, pour lui, M. Boutih ne serait pas pleinement français mais extérieur à la France. Mais M. Boutih est né en France et tout aussi français que ces vieux Bretons en général italiens et constitutifs du corps français traditionnel. Oublions un instant la personne de Malek Boutik, pour nous concentrer sur cette seule dernière phrase. Nous pouvons alors dégager une nouvelle interprétation : pour permettre à la Halde de réussir, il importe de ne pas mettre à sa tête quelqu’un d’extérieur au problème mais plutôt une personne ayant eu une expérience vécue des difficultés d’intégration des Français récents dans la collectivité nationale. Ce qui fait de Malek Boutih un candidat de tout premier choix.

Lorsque l’on est à ce point incapable de maîtriser son expression, il est préférable de garder le silence et de jouir benoîtement de son siège de sénateur et de son économique villa de Saint-Tropez.


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