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Zemmour, encore ...

Publié le 14 mars 2010 par Chezfab

eric-zemmour-video.jpgJe comptais faire un billet sur le nouveau livre de Zemmour, enfin sa couverture médiatique, mais j'ai trouvé ce billet de Paul Moreira sur son blog. J'en partage chaque mot et il résume parfaitement le climat et le fond d'une émission en particulier qui m'a frappé.

Lors de cette émission, Zemmour nous promet une guerre civile (rien que cela) en France sur fond racialo-religieux (ce sont ses propos).

Décidément, la télévision nous réserve toujours de ces surprises...

*****

De l’art du bidonnage en général et de la science de la propagande en particulier (et vice-versa)

Dans ce métier particulier qui s’appelle le journalisme, avancer une information choc sans être capable de la prouver, de la sourcer, de l’étayer par une déclaration, un rapport, un procès-verbal, quelques noms, des évènements, des dates, des lieux… c’est une faute.

Quand cette faute est commise par de jeunes journalistes enflammés, plus pressés de donner leur opinion que d’établir méticuleusement des faits, leur rédacteur en chef leur conseille, d’une voix bienveillante, d’enquêter un peu plus et de ramener une référence, un truc qui rende son affaire crédible. Et, bien sûr, on ne publie pas. Ou on ne diffuse pas.

Quand c’est porté par des vieux renards sur le retour, le cas de figure est différent. Il y a alors deux solutions.

Soit c’est du bidonnage pur et simple : on invente un truc plus ou moins gros pour « sexyfier » son papier (plus répandu qu'on le croit, malheureusement...).

Soit c’est de la propagande. On veut convaincre avec tant de brutalité qu’on imagine des faits, peut-être fondés sur une rumeur ou sur une véritable envie de croire. Peut être des déclarations qu'on a pas eu trop envie de vérifier.

La différence entre le bidonneur et le propagandiste, c’est l’intention politique. Le propagandiste a un agenda idéologique. Le bidonneur veut surtout faire avancer sa carrière.

Mais, voyons les choses en face : entre les deux, la frontière est parfois floue.

L’autre soir, dans l’émission de Durand, l’objet du scandale, sur France 2, j’ai vu une superbe œuvre de déconstruction journalistique appliquée par Frédéric Bonnaud au livre d’Eric Zemmour, présent sur le plateau et qui pourrait illustrer notre propos.

Zemmour, la star de la droite extrême "identitaire" a écrit un livre intitulé "Mélancolie Française". Enorme surface médiatique pour un "essai" de plus sur le déclin de la France soumis aux hordes mahometanes. Normalement, ça fait de la mousse idéologique à pas cher, on rompt des lances en étant pour ou contre, sans vraiment s'occuper du réel.

Le talent et la rigueur de Bonnaud : avoir traité le pamphlet de Zemmour en objet journalistique normal. Pouvant donc être soumis à vérification selon les règles de ce métier : une information = une source.

Bonnaud s’est mis à demander à Zemmour ce qui lui permettait d’écrire qu’en Seine Saint Denis, « nombre de familles musulmanes interdisent à leurs enfants de parler le français, la langue du diable » ?

Le dialogue qui suit est un verbatim que vous pouvez aller vérifier ici à la 27 ème minute du débat :

- Bonnaud : D’où vous sortez ça ?

-Zemmour : Mais de rapports, de mes lectures…

-Bonnaud : Mais quels rapports ? D’où vous sortez ça ?

-Zemmour : Mais je sors ça… de choses… intéressantes… de choses… de policiers… de rapports… y’a même des articles de journaux… dans le monde… dont je sors ça, oui monsieur!… de témoins qui racontent ça dans leurs familles… »

Au bout de tout ce vasouillage, Eric Zemmour décontenancé finira par sortir l’argument de la Foi à Bonnaud : « Mais vous ne voulez pas voir… »

Zemmour Voit, donc… Au lieu de visions, on aurait préféré une note de bas de page qui renvoie à ces fameux articles du monde. Peut être existent-ils mais alors, pourquoi ne pas les citer ?... C’est ce qui différencie le travail d’historien ou de journaliste du propos de bistrot. Et dans ce cas précis, propos de bistrot avancé d’un électeur rural du Front National qui n'aurait jamais vu un arabe ailleurs qu'à la télé...

Dans les livres des journalistes d’enquête anglo-saxons que j’aime bien lire, chaque info un peu saillante est marquée par un renvoi à une référence, elle ressort dans un index. Il existe un appareil éditorial permettant de crédibiliser le travail du confrère. Des « fact checkers » qui passent vos écrits au crible. Les fact checkers vérifient chaque information que vous avancez. Ils passent des coups de fil et épurent tout ce qui n’est pas prouvable. Ce n’est pas une atteinte à la liberté d’expression. C’est la possibilité de fonder les opinions les plus radicales sur le béton armé des faits.

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