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On connaît la démesure de Ritchie, son goût prononcé pour les dosages survitaminés, et, sa tendance irritante à verser dans tous les sens une grotesque philosophie bon marché. S’il se calme un peu ici, aux manettes d’un film qui évoque, de par le mythe du héros, classe anglaise et retenue toute british, il ne transforme pourtant pas le projet en or, privilégiant l’entertainment superficiel à l’étude de caractère du duo littéraire. Pourtant, il disposait dans sa manche de deux atouts de taille: Downey Jr. et Jude Law, compères de choc et de charme qu’il noie sous une ambigüité sexuelle, mal exploitée et grossière, à coups de grosses allusions à peine dissimulées, qui brillent autant par trop de systématisme que d’anti subtilité. A côté, l’intrigue survit à peine, maintenue hors de l’eau par des séquences d’action rythmées et efficaces, seuls moments potables d’une œuvre qui n’a pas grand-chose à dire. Il est vaguement question (quand même) de foi qui s’oppose à la science, et du combat entre raison et passion (voir fanatisme), mais la bataille que se livre Sherlock Holmes et Lord Blackwood ne transcende jamais véritablement le schéma binaire (primaire?) habituel du bien versus le mal. Et si Ritchie impose sa patte sur l’œuvre de Conan Doyle, c’est seulement en y insufflant un peu de modernité et d’énergie dans les joutes verbales. Pour le reste, soit : reconstitution de l’époque et de la vie londonienne, observation minutieuse des relations entre protagonistes, et intérêt pour une intrigue policière à tiroirs, c’est- purement et simplement- un échec.