Hier, Jean Ferrat (1920-2010) tirait sa dernière révérence. C'était mon artiste préféré et l'un des chanteurs français avec qui j'avais grandi pendant toute mon adolescence. Il était aussi très engagé politiquement. Juif, il avait été sauvé tout petit par le communistes français et cela, il ne l'a jamais oublié, restant toujours proche de l'idéal communiste et de l'extrême gauche, se battant aussi fort qu'il pouvait contre les propres contradictions du communisme et de son éventuelle disparition. Il chantait l'amour, la vie, la vieillesse et la beauté toute simple de la nature comme aucun autre.
Braqué contre le capitalisme, il ne s'est jamais « exporté » hors de France. Les paroles de ses chansons allaient bien au delà de leur apparente simplicité et, lorsque jeune je croyais les saisir, il a finalement fallu que je me trouve « échoué » en Amérique pour pouvoir découvrir la richesse cachée dans ses chansons et me mettre à les comprendre bien plus profondément. Sa poésie apparemment simple m'a pris toute une vie remplie d'expérience pour parvenir à bien l'absorber, et ses positions idéalistes à l'égard des perversions du capitalisme se sont révélées totalement justes lors de la récente crise de Wall Street et pendant le règne Bush-Cheney. Pour moi, cet artiste restera toujours un modèle d'intégrité ainsi qu'un réaliste et talentueux témoin de la vie.