Front National: 12%
Majorité Présidentielle: 27%
MoDem: 4%
PS + alliés locaux: 29%
Europe Ecologie: 13%
Front de Gauche : 6%
NPA: 3%
LO: 1%
Liste unique, échec collectif
Vendredi encore, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, expliquait encore qu'une liste unique au premier tour pour rassembler le campa sarkozyste ne posait pas aucun problème arithmétique pour le second tour. l'important était selon lui la dynamique d'un tel rassemblement. Et quand la dynamique n'est pas là ?
"A droite, le pari est perdu pour le parti de Xavier Bertrand." commente un journaliste de TF1 dès 20 heures 10. "La première chose, c'est l'abstention" rétorque le dit Bertrand. Rama Yade enchaîne : pas de triomphalisme avec une telle abstention. Sur France 3, sa collègue NKM en rajoute : «Le grand gagnant ce soir, et ce n'est pas une bonne nouvelle, c'est surtout l'abstention. Cela détruit l'argument de la gauche qui était de faire de ce scrutin un référendum anti-Sarkozy». Les conseillers de l'Elysée, dans l'après-midi, ont bien fait leur travail, les "éléments de langage" sont là, prêts à être servis.
A en croire les sondages sortis des urnes, l'abstention a particulièrement frappé l'électorat de Nicolas Sarkozy. La France compte 45 millions d'inscrits, seuls 47% d'entre eux se sont déplacés pour voter. Si l'on compare ces chiffres aux 57 millions d'adultes en âge de voter, l'abstention réelle dépasse les 60%. Un tiers des votants aurait voulu par ailleurs exprimé leur désaccord avec la politique du Monarque. «Les électeurs de droite qui voulaient sanctionner l'UMP n'avaient plus comme choix que de s'abstenir ou de voter FN» a commenté un sondeur.
Vers 20h25, Fillon sert la soupe présidentielle : l'abstention ne permet pas de tirer d'enseignement national. Et les régions (et leurs dirigeants) n'intéressent pas les Français, ce qui "légitime" la prochaine réforme des collectivités territoriales. Fillon avance deux thèmes : un appel aux sympathisants écologistes, et un rappel des enjeux de sécurité. Pour le second tour, l'UMP est seule, avec quelques supplétifs, des partis sans troupes que l'on appelle les Progressistes, la Gauche Moderne ou le MPF.
L'antisarkozysme a au contraire gagné : les votes d'adhésion ne sont pas (encore ?) là. Les votes d'opposition, et le premier d'eux, le ras-le-bol abstentionniste, sont clairement vainqueurs. Quelques 19 membres du gouvernement (soit la moitié de l'effectif gouvernemental) étaient candidats, dont 8 têtes de listes: Valérie Pécresse ne sauve pas les meubles, avec moins de 30% en Ile-de-France. Valérie Létard, dans le Nord Pas-de-Calais, est rattrapée par Marine Le Pen, avec 19% ex aequo. Alain Joyandet, soutenu sur place par Sarkozy il y a 10 jours, s'en tire mieux que la moyenne nationale de l'UMP avec 32% en France-Comté. Dans le Centre, Hervé Novelli, autre "visité" par Nicolas Sarkozy, atteint péniblement les 30% des suffrages. En Haute-Normandie, Bruno Le Maire, le ministre de l'agriculture, s'est fait douché par la liste socialiste, malgré une participation plus forte qu'ailleurs : 27% contre 34%. Face à Ségolène Royal, le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau est tombé à 29%. En Auvergne, Alain Marleix, le funeste secrétaire d'Etat au découpage électoral, dépasse à peine son opposant socialiste, avec un petit 28% et un Front de Gauche à 11%. Xavier Darcos, ministre du travail, réalise l'un des plus mauvais scores de l'UMP, avec 22% en Aquitaine.
Front National, merci qui ?
L'opposition s'est recentrée à gauche. Europe Ecologie a réussi son pari (et croqué le MODEM). Le Parti Socialiste sauve les apparences, même si le duo Aubry/Fabius a perdu son pari en Languedoc-Roussillon. Mais le miraculé de Sarkofrance, c'est le Front National. Le FN peut dire merci à Nicolas Sarkozy et Eric Besson. Le débat sur l'identité nationale qui s'est achevé - quoi qu'en dise le gouvernement - en février dernier a visiblement servi le parti de Jean-Marie Le Pen. Il a permis de replacer l'immigration comme l'une des thématique de pré-campagne. Cette tactique a joué comme un boomerang contre le gouvernement. «Je ne crois pas avoir joué le jeu du FN» s'est encore excusé Eric Besson au micro d'Europe 1 dimanche soir. Nationalement, le FN dépasse le 10%, avec des pointes en PACA (20%), dans le Nord Pas-de-Calais (19%), en Picardie (16%).
Le FN pourra se maintenir dans la moitié des régions (Lorraine, Franche-Comté, Alsace, Languedoc-Roussillon, Haute Normandie, Bourgogne). Gageons qu'il le fera avec le bonheur de la vengeance.
Branlée présidentielle
Nicolas Sarkozy a perdu. Sa présence et ses efforts n'auront servi à rien. Il n'avait pourtant rien à perdre dans ces élections : 20 régions sur 22 en France métropolitaine étaient présidées par la gauche. Depuis des mois, le Monarque avait calé un calendrier sur-mesure : un débat sur l'identité national de novembre à février, une conférence sur les déficits public des régions, des Etats généraux de l'Industrie d'octobre à mars. Un grand emprunt pour financer les investissements d'avenir (alors que la France emprunte déjà 200 milliards d'euros par an). Maître de l'appareil d'Etat et de faramineux moyens de communication, il s'est aussi engagé avec force dans les élections régionales, sillonnant la France partout où il jugeait sa présence nécessaire (Corse, Centre, Guyane, Franche-Comté, etc).
Au soir du premier tour, il ne peut que constater son échec: sa parole est inaudible, son propos ne mobilise plus, sa présence devient gênante. Il n'attire plus, ne motive plus.
L'opposition aura tort de pavaner. Les sursauts de second tour sont toujours possibles. Mais ce soir, Sarkozy est seul, bien seul.