Pourquoi n'es-tu pas allé(e) voter ?

Ami(e) entends-tu.
Je fredonne ça depuis ce matin. Drôle de fredon. Musique un peu triste, c'est vrai.
Mon vocabulaire civique vacille.
C'est un drôle de mot, abstention, quand on y pense.
Il est aussi complexe à prononcer qu'à comprendre. Abstentionniste, c'est pire. Je me demande ce matin en fredonnant qui tu es, ami(e) abstentionniste.
Je dis et pense ami(e) parce que, sache-le, tu as toute ma confiance, quelles que soient tes raisons.
Je me doute que tu es plusieurs. Que plein de réalités se cachent derrière ce mot devenu barbare. Oui, barbare.
J'aimerais te comprendre.
La démocratie a besoin de te comprendre. Je pense à toi, à tes parents, à tes enfants. Je me dis qu'il y a forcément quelque leçon à retenir de tout cela.
C'est toi l'élu(e), ce matin. Dés le premier tour.
Mais élu(e) de quoi ? Pour quoi ? Et pourquoi ?
Ami(e), entends-tu ce que je te demande ?
Pourquoi n'es-tu pas allé(e) voter ? De quoi au juste t'es-tu interdit(e) ? Quel est donc ton refus ? Il y a tant de façons de dire non, finalement. Pourquoi celle-ci ? Pourquoi celle-ci hier plus qu'avant-hier ? Que se passe-t-il ?
Voilà des questions qui me taraudent, des réponses qui m'intéressent.
J'aime pas la peau de chagrin.
Ici, journée aussi placée sous le sceau de la gourmandise. Je t'offre la mienne.
Je n'ai nulle intention jugeante. J'ai envie de comprendre. C'est tout.
Je sais le concert assourdissant et les langues mortes qui s'échinent.
Faisons l'effort veux-tu bien d'aller un peu plus haut que tout ce qui vole bas.
Ami, m'entends-tu ?