18,05 heures, dans la voiture, la nouvelle tombe et résonne.
Jean Ferrat est mort. Ardèchois coeur fidèle, a la chanson
Française, à Aragon, à ses idées progressistes, non encarté
mais compagnon de route du PCF.
Il est mort le poète dans sa montagne, et mon dieu que la
montagne est belle.
Il est mort le poète à la cuirasse de ceux qui résistent au
temps et aux modes, Potemkine.
Il est mort le poète et n'a rien sacrifié de ce qui lui tenait
à coeur. Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre, que
serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant...
Il est mort le poète compagnon de route qui honnit les bénis
oui-oui et qui dénonce l'invasion de Prague. Bilan d'un autre
son de cloche d'un autre Camarade.
Il est mort le poète d'aimer à perdre la raison les poèmes de
son compagnon, son ami, son maître, Aragon.
Les yeux d'Elsa offerts à tous par sa voix et sa musique et
qui dit avec Aragon "la femme est l'avenir de l'homme"...
'le poète à toujours raison, je déclare avec Aragon, la femme
est l'avenir de l'homme."
C'est comme un roman inachevé, rendu aux oubliettes des
radios et télévisions, le prix de son engagement, Jean Ferrat
est un des maîtres sacrés de la chanson française. C'est
beau la vie.
Un phrasé rare, pour ne pas dire unique, un visage d'ange,
le sourire dans la moustache, il est mort le poète.
Bonne journée, bonne lecture quand même. Comme
on dit, le spectacle doit continuer. Sauf que Ferrat ce
n'était pas du spectacle, c'était des idées, entre nuit et
brouillard.