Après avoir écrit ici même "Attitudes désagréables", le 23
février 2010. Il s'agit de reprendre ici le fil et de dire "non"
à la "loi de la rue" qui tend à se propager anormalement
dans la ville de Kinshasa. Se généraliser même.
Expatriés ou non, la n'est pas la question, plus personne
ne se sent à l'aise devant la montée en puissance de la
main mise par les Shegges sur la Rue dans la Capitale.
Ce sont les Enfants des Rues d'hier qui font de plus en
plus la loi dans les artères de Kin - la -Belle et y font
quelquefois couler le sang.
L'assassinat de M. Francis Articlaut, Résident à Kin
depuis plus de 20 ans, très proche des milieux des
arts. De nationalité française, cet homme, ce médecin
dentiste bien connu, avait fait du Congo sa seconde
patrie et des congolais(e)s sa seconde famille.
Les "Shegges", terme en lingala pour définir "les enfants
des rues", prennent la rue de plus en plus en otage. Ils
ont pour la plus part entre 14 et 18 ans, (il y en a de plus
jeunes les plus récents), et se font une spécialité de vols,
viols, intimidations en tout genres.
A n'y prendre garde, Kinshasa, jusqu'ici épargnée par
les phénomènes de bandes de jeunes délinquants sans
foi ni loi, ne l'est plus aujourd'hui.
Des signaux d'alarmes ont été lancés à différentes
reprises par la population, des parents d'élèves, des
analystes en criminalité urbaine, des autorités.
Une meilleure prise en charge de la sécurité des
biens et des personnes s'impose. Prendre le mal
à la racine plutôt que laisser se développer un mal
qui pourrait coûter très cher à la société.
Avoir un réservoir de bandes agressives, de gamins
qui ne sont plus des "Enfants de la Rue" mais qui la
prenne en otage, est contre productif pour le climat de
relance et le développement du pays tellement désiré
par tous et toutes.
Ils sont sans projets, et rejettent tout les projets qui
ne correspondent pas à leurs codes.
Les menaces, l'insécurité sont une menace pour la
relance du pays.
Les Shegges sont considérés par la population de la
ville de Kinshasa comme les "nouveaux intouchables".
En appeler à l'aide des policiers pour vous soustraire
de leurs mains est devenu de plus en plus difficile. Voir
Impossible.
Pourquoi cette passivité des forces de l' ordre ?
Aux carrefours des rues, où les proies sont faciles à
piéger et la rapine aisée, à ces carrefours entre autres,
les policiers assistent aux scènes, d'insultes, d'actes
qui sont illicites sans agir.
Qui ne dit mot consent !
Peur de la force que représentent ces jeunes ? Besoin
des services de ceux-ci ? (Ils savent en général tout ce
qui se passe ou se dit dans la capitale). Alliance donc,
indicateurs... ?
Intouchables. Malheur à ceux qui voudraient déposer
une plainte contre l'auteur ou les auteurs d'actes qui
sont commis par les nouveaux rois de le rue. Les ou
la pression est mise sur la victime.
Si lors de l'arrestation d'un de ces délinquants, des
coups lui ont été assenés (souvent le cas, en cas de
prise d'un voleur par exemple un attroupement rapide
se forme et des coups ses perdent), dans ce cas, les
plaignant(e)s peuvent se voir confier la prise en charge
des soins de leur agresseur et s'y tenir, sinon, sanctions.
Le monde à l'envers.
D'autres phénomènes, les "Kuluna" mot Kinois pour
désigner des bandes qui agissent dans les cités de la
capitale et qui s'adonnent à tout genres de délits. Le
mot "Kuluna" signifierait, "groupe(s) de gangster(s) ou
de délinquant(e)(s) qui opèrent dans les quartiers de
la ville, capitale du Congo. Ils agissent dans les cités,
ils rançonnent, ils volent, trafiquent, braquent des gens
qui triment et travaillent, pour souvent un maigre revenu
qui devrait pourvoir à la famille. Même çà, ces jeunes
ne le respectent pas.
Les causes de cette délinquance sont connues et sont
les mêmes dans le monde entier.
Les fondements de ces phénomènes sont connus et
ont fait l'objet de nombreuses études des spécialistes.
Oisiveté, chômage, manque d'argent, parents pauvres,
exclusion de la société ... Ils relèvent comme partout
dans le monde d'un mal être et de la marginalisation
de plus en plus exacerbée. Phénomène social dû aux
effets d'une économie qui ne tourne pas.
Est-ce à dire, que pour ces raisons c'est le laisser faire
- laisser aller qui doit prévaloir ? A ce rythme, les crimes
commis, le seront à cause de, et non par quelqu'un.
Ramener aussi ces bandes, à la misère, serait un
peux réducteur. On sait que des bandes de gamins
d'origines sociales qui n'ont rien à voir avec ce qui
est décrit ci-dessus, se font justice eux mêmes et en
bande organisées. Il s'agit souvent de "missions" qui
consistes à régler des contentieux entre jeunes.
Alcool, drogue, vols, viols, agressivité verbale.
Francis Articlaut comme d'autres, vient de laisser sa
vie, dans la rue, face à une indifférence totale.
Quelques lignes dans la presse écrite, "Le Phare",
aucune ligne visible dans la rubrique Actualité de
Kinshasa sur le Net.
Nos pensées vont à sa famille, ses proches, ses
amis. Elles vont aussi vers ceux et celles, les autres
anonymes, victimes chaque jour de faits similaires.
Il n'est point de sociétés modèles, mais des modèles
existent dont on peut tirer parti, et au plus profond de
la culture nationale.
Bonne journée et Bonne lecture !