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Elections régionales

Publié le 16 mars 2010 par Pslys

L’argument répété par tous les responsables de l’UMP, dimanche soir, pour minimiser leur défaite est le niveau d’abstention. On peut commencer par noter que les mêmes avaient crié victoire au soir des élections européennes en juin 2009, malgré un taux d’abstention de 60 %.
Ce qui valait aux européennes vaut tout autant pour les régionales : ce scrutin a évidemment une signification nationale malgré le niveau record d’abstention.
Mais surtout, cette abstention a une signification inquiétante pour la majorité car elle témoigne d’un désabusement profond à l’égard de la politique, alors que précisément Nicolas Sarkozy avait réussi à convaincre en 2007 que la volonté politique avait encore un sens.
De plus, les votes blancs ou nuls ont atteint 3,7 %, ce qui fait au total : abstentions + votes blancs représentent près de 3 Français sur 5.
Mais il y a quelque chose de plus surprenant, Il faut écouter les principaux responsables du pays qui assurent qu’une telle élection n’a pas de signification nationale déterminante : c’est un peu méprisant pour ceux qui se sont déplacés et qui ont voté à 50 % pour la gauche, et ça ne l’est pas moins pour ceux qui ont boudé les urnes et qui ont, pour bon nombre d’entre eux, exprimé ainsi leur déception à l’égard du pouvoir.
Quant à l’impact de ce scrutin sur l’action du chef de l’Etat, il sera double. D’une part, ce camouflet démontre que la stratégie électorale qu’il a imposée à la droite – l’union dès le premier tour – est contre-productive ; mais on voit mal comment il pourrait, dans les deux ans qui viennent, inventer et mettre en place une stratégie de rechange.
Quant à l’action de son gouvernement, il est probable que le chef de l’Etat va être tiraillé entre deux tentations : celle de réaffirmer son volontarisme réformateur au risque d’exaspérer un peu plus les Français, ou celle de calmer le rythme et l’ampleur des réformes au risque de paraître se déjuger et renoncer.
De plus, N. Sarkozy est en train de perdre les électeurs du FN, captés en 2007 !
C’est un des enseignements les plus désagréables du 14 mars pour M. Sarkozy et sa majorité. Le président de la République pensait avoir durablement marginalisé l’extrême droite et récupéré une bonne partie de ses électeurs depuis 2007. Le scrutin régional démontre que ce n’est pas vraiment le cas.
Non seulement le FN se redresse par rapport au scrutin européen de 2009 et à la présidentielle de 2007, mais il retrouve surtout sa capacité de nuisance pour la droite : en capacité de se maintenir dans douze régions au second tour, il va, comme en 2004, garantir une large victoire de la gauche.
Enfin, le très bon score de Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais, où elle talonne Valérie Létard qui menait la liste de l’UMP, témoigne que la transmission de la marque « Le Pen » entre le père et la fille est en bonne voie. Malheureusement pour elle, la droite est assurée de rencontrer durablement encore l’extrême droite sur sa route.
Et elle n’a pas la consolation de voir, comme elle l’espérait, l’extrême gauche, et en particulier le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot jouer un rôle comparable au détriment de la gauche.
Bon nombre d’électeurs du Front national qui avaient été convaincus par l’énergie et le discours de Nicolas Sarkozy en 2007 sont à l’évidence déçus trois ans après et d’autant plus amers. Il n’est pas surprenant qu’ils rejoignent les rangs d’un parti protestataire.
Ils le font d’autant plus logiquement que, sur bien des sujets (sécurité, immigration et identité nationale), la droite a aboli l’essentiel des frontières qui, au moins dans le discours, la séparaient de l’extrême droite.
Du côté des « Vainqueurs », le Parti socialiste reste depuis 35 ans le socle de la gauche, au pouvoir ou dans l’opposition. Il retrouve de manière extrêmement claire ce leadership qui avait été contesté un temps par l’extrême gauche et en 2009 par les Verts.
Ce succès du PS est d’autant plus significatif qu’il ne se fait pas au détriment des autres composantes de la gauche parlementaire (les Verts et le Front de gauche) : c’est toute la gauche qui progresse : avec presque 50 % des voix au premier tour, elle réalise l’un de ses meilleurs scores depuis un demi-siècle.
Alors que le PS était considéré comme moribond au soir des européennes de juin 2009, il se réinstalle donc effectivement en position de force, à la fois pour négocier dans de bonnes conditions des alliances de second tour avec les écologistes et le Front de gauche, et pour remporter une très large victoire, dimanche prochain.

C’est un indéniable succès pour Martine Aubry. Mais cela ne règle aucunement la question de la candidature socialiste à la prochaine présidentielle. Celle-ci devra passer l’épreuve d’une élection primaire, et l’on sait que dans cet exercice les socialistes sont assez doués pour se diviser.
Les alliances que les trois partenaires vont devoir nouer d’ici demain midi donneront lieu, dans bien des régions, à des discussions serrées, à la fois sur les projets locaux et sur la place de chacun dans les futurs exécutifs.
Mais il est beaucoup plus facile de parvenir à des accords quand les trois partenaires sortent renforcés du premier tour et quand la hiérarchie entre les trois est claire : le PS est nettement en position de leader national, les écologistes ont confirmé leur enracinement électoral comme troisième force politique du pays, et le Front de gauche a remporté son match avec le NPA.


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