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Le ressenti serait le problème?

Publié le 17 mars 2010 par Lgdeluz

En introduction, je recopie ci-dessous la chronique d'Alain Juppé, «Un Dimanche noir pour la Démocratie», presque dans son intégralité. Je vous épargne le dernier paragraphe où il appelle à voter pour Xavier Darcos au second tour.

Je trouve son début d'analyse particulièrement pertinente, et j'espère qu'il y en a de nombreux comme lui, à droite. Ça change des Sarko-fans habituels.

Un Dimanche noir pour la Démocratie

«Qu'un électeur sur deux, et même un peu plus, ne soit pas allé voter, c'est un échec collectif pour la politique et les politiques.

Pour les régions d'abord: visiblement elles ne sont pas connues et n'intéressent pas; leurs présidents ne se sont pas affirmés, aux yeux de l'opinion, comme des leaders.

Echec aussi pour toutes les têtes de listes et leurs équipes, qui n'ont pas pu ou pas su créer le débat.

A ce stade, le diagnostic est simple: poussée des gauches qui, malgré leurs divisions de fond d'avant le premier tour, vont se réunir pour le second; remontée du Front National, servi par les polémiques ambiguës soulevées à l'occasion de l'inopportun débat sur l'identité nationale; marginalisation du MODEM qui paie son anti sarkozysme réducteur; affaiblissement de l'UMP qui va devoir méditer la désaffection dont elle est l'objet.

Une réflexion s'impose désormais sur le rythme des réformes, la méthode selon laquelle elles sont lancées et préparées, la concertation qui les accompagne, la façon dont elles peuvent être mieux comprises et acceptées par une opinion que la crise déboussole. C'est apparemment l'intention du Président de la République. Nous aurons besoin de rassembler toutes les bonnes volontés pour mener ce travail.

L'une des clefs, c'est le déficit de justice que ressentent beaucoup de Français. Certes, les contraintes d'une crise sans précédent ne peuvent être ignorées. Mais le sentiment s'est installé que, au coeur de la tourmente, quelques gagnants gagnent trop, et que les perdants souffrent trop. Il faut regarder cette réalité en face et bâtir une stratégie cohérente pour corriger ce qui doit l'être. Dans cette perspective, un ré examen de notre système fiscal est sans doute incontournable

Je suis bien sûr d'accord sur le diagnostic du haut de son billet, à propos de la politique. J'évoque souvent les même problèmes.

Là où nous divergeons, ce cher Alain et moi, c'est sur le manque de justice sociale. En ce qu'il concerne le «déficit de justice» si bien nommé, Alain Juppé parle d'un ressenti!! Le problème ne serait pas l'inégalité et l'injustice rampante, non non, le problème ce serait ce que les gens ressentent comme injuste. Il faudrait agir contre ce ressenti?! Et Alain Juppé d'en rajouter une couche en parlant du sentiment que quelques gagnants gagnent trop et que les perdants souffrent trop.!! En effet Monsieur Juppé: Il faut regarder la réalité en face, comme vous dites, car cette injustice est bien une réalité et pas un sentiment ou un ressenti. L'écart des ressources entre les plus riches et les plus démunis c'est gravement accentué ces 20 dernières années. Nos concitoyens ne s'y trompent pas, le libéralisme et la globalisation à outrance a rendu les riches plus riches, tout en apportant une illusion de maintien du pouvoir d'achat pour les autres. Et ce qui était «acceptable» quand le pouvoir d'achat et le niveau de vie progressait pour le plus grand nombre, n'est plus tolérable quand l'économie et l'histoire vont dans l'autre sens!

Je suis de ceux qui pensent qu'on ne peut pas éviter une dégradation massive du niveau de vie de millions de familles en Europe et en Amérique du nord. J'en ai parlé ici, et , et encore ici, trop souvent pour les visiteurs réguliers. Mais les Français ne veulent pas en entendre parler, et les charlatans de la politique prétendent que EUX seuls ont la solution pour nous ramener à la croissance, ils parlent déjà de sortie de crise!

Pourtant, les grands déséquilibres, économiques, financiers, démographiques ne peuvent pas durer plus loin que la génération actuelle. Il vont se résorber, soit par une crise majeure (guerre, guerre civile, révolution), comme c'est souvent le cas dans l'histoire, soit de façon plus contrôlée, comme l'espèrent les « grands argentiers » de ce monde. Mais en fin de compte la restructuration massive du système (financier, économique, politique) est inéluctable. Est ce que cela se fera sans révolte ? sans « révolution » ? est ce que les régimes démocratiques survivront ?

Je commencerai à écouter un homme ou une femme politique, le jour ou j'entendrai le discours suivant: 1/ Préparer les populations à ce qui va arriver, plutôt que de les conforter dans leurs croyances en un monde virtuel qui n'existe plus (au niveau du citoyen il y a de nombreuses choses à faire, pour mieux vivre l'effondrement à venir). 2/ Profiter de ses bouleversements pour dramatiquement diminuer les inégalités en repensant complètement la redistribution de la richesse (fin du bouclier fiscal et autres débilitudes..), là je dois avouer que j'ai peu d'espoir que ça vienne de l'UMP, et 3/ Complètement changer la classe politique qui est en place depuis plus de 30 ans, et qui a pris l'habitude de ses petits privilèges. Car se sont les petits et grands «barons de la politique» qui multiplient leurs staffs et autres consultants pour la gloire de leur mandat. Il est complètement injuste de vouloir diminuer les dépenses des programmes sociaux, que ce soit la Sécu, le RSA et autres, de vouloir diminuer le nombre d'agents de la poste ou de bureaux de postes ou de gendarmeries, et fermer des hôpitaux, quand les présidents et vice présidents et sous présidents etc des régions, des départements, des pays, des commissions, des communautés de communes des SIVOM et SIVU et autres, sont payés à discuter pendant des heures sur la couleur du logo de la quatrième voiture de fonction de la secrétaire en charge de la communication!! (j'exagère à peine). Ce renouvellement de la classe politique passe par un strict, Non Cumul des mandats, dont on entant plus parler d'ailleurs!

Bon je m'énerve encore. Quoi qu'il en soit, Mr Juppé et les autres devraient commencer à trouver des solutions pour réduire le «déficit de justice», plutôt que de vouloir résoudre le problème de ressenti. Car un jour, le fameux ressenti risque bel et bien de leur exploser à la figure.


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