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Jean Bouin : le résumé des épisodes précédents !

Publié le 17 mars 2010 par Delanopolis
Bravo à Yves Hervouet des Forges, adjoint chargé du sport dans le 16ème, qui a fait le point, devant son conseil d'arrondissement, sur les multiples mensonges de Delanoë sur ce dossier et notamment sur l'incroyable désinvolture avec laquelle le maire de Paris, pressé de détruire le stade actuel, élude les réponses aux nombreuses réserves et recommandations du commissaire désigné dans le cadre de l'enquête publique. Ce dédain signe son mépris pour cette procédure censée dresser le bilan coût-avantages de ce type d'opérations et permettre aux citoyens de s'exprimer. Nous nous faisons un plaisir de relayer le travail sans concession et particulièrement fouillé de ce jeune élu dont l'exemple devrait inspirer tous ses aînés de l'opposition parisienne. Jean Bouin : le résumé des épisodes précédents ! "Nous voilà donc après des mois et presque des années de débats appeler à délibérer sur ce dossier difficile du stade Jean Bouin et en particulier :

1) sur le rapport et les conclusions de l’enquête publique - qui s’est déroulée du 7 septembre au 9 octobre 2009 - relative au projet de reconstruction après démolition du stade Jean Bouin intégrant la réalisation d’un équipement sportif d’environ 20 000 places, avec création d’un parc de stationnement et de locaux d’activités économiques à Paris 16ème arrondissement ;

2) sur la déclaration de l’intérêt général de l’opération.

Ce rapport de la Ville de Paris a trois objectifs :

Il devait, et c’est bien le minimum, répondre clairement aux huit réserves et nombreuses recommandations émises par le Commissaire enquêteur qui, je le rappelle, a également été désigné parce qu’il est Géomètre expert …

Mais également, à tout le moins, ébaucher un projet économique qui ferait suite rappelons le à un investissement « officiel » de 157 M € – entièrement à la charge des parisiens – et dépassant maintenant de 50% les chiffres avancés en février 2007 dans une délibération, elle même annulée le 18 décembre 2009 par le Tribunal administratif de Paris et pas seulement pour un motif de forme comme l’indique l’exposé des motifs. Je vous renvoie aux attendus explicites de ce jugement.

Et finalement, balayant les dernières résistances, entamer dès que possible la destruction du stade actuel en tentant de justifier l’intérêt général de ce projet, destruction que seule l’action déterminée des parisiens utilisateurs, des riverains et des scolaires, soutenus par la mairie du 16ème arr. et celle de Boulogne, a réussi à retarder permettant ainsi la pérennité sportive de la saison en cours.

Notre espoir résidait malgré tout dans un sursaut de lucidité, de cohérence et pour tout dire de compréhension du maire de Paris, dont la première des prérogatives devrait être de garantir aux Parisiens, de quelque arrondissement qu’ils soient, la pérennité de l’espace utilisable pour eux, pour leurs familles, pour les jeunes et pour les sportifs amateurs, y compris de haut niveau.

Autant le dire clairement, cette attente est largement déçue ; certes l’exposé des motifs de cette délibération peut paraître pléthorique, mais le contenu concret est faible et, j’y reviendrai finalement, assez désobligeant.

La réserve n°1 concernant la rue Nungesser et Coli : aucune modification nouvelle n’est proposée par la Ville ; le projet s’adapte aux contraintes de la dalle du périphérique et les riverains pourront déménager !

Les réserves n°2 et 3 : « que tous les obstacles administratifs ou juridiques soient levés concernant les mesures compensatoires », elle n’est pas réalisée et de loin ! Rien ne dit qu’elle soit réalisable puisque pour ce qui concerne les pelouses de l’hippodrome d’Auteui rien ne permet aujourd’hui d’anticiper une décision de l’Etat pour laquelle l’Etat s’est justement abstenu le 27 janvier dernier ! Là encore détournement par la Ville de la réalité des avis, favorables pour la partie paysagère, mais réservés pour les équipements sportifs.

Le relogement de la section rugby sur le stade Max Roussié, 17e arr. : j’ai là un courrier de ma collègue adjointe chargés des sports dans le 17ème Valérie Paparemborde (je pense que le nom doit parler aux rugbymen) qui me dit exactement le contraire ; le stade est totalement utilisé en particulier par le club local historique du SCUF. Il n’y aura de solutions qu’en sacrifiant d’autres associations Pour l’athlétisme et le Hockey sur gazon – section de haut niveau sportive – la situation est encore plus dramatique puisque les « solutions » (entre guillemets) envisagées laissent penser que ces sections ne survivront pas à la démolition du stade actuel.

Là encore, aucune proposition concrète nouvelle en réponse au commissaire enquêteur.

Pas plus de proposition concrète s’agissant des scolaires renvoyés dans leurs buts si je peux dire. Tout le monde ici sait que les équipements de proximité sont saturés y compris dans les 15eme et 17eme arr. voisins, que la plaine de jeux de Bagatelle est impraticable, que les 3 ans de travaux en face de 2 cités scolaires importantes vont induire des nuisances très importantes en particulier dans l’utilisation du gymnase restant au stade Jean Bouin, quotidiennement utilisé.

La réserve n°4 : tous les architectes consultés répondent qu’il n’y a pas de recul concernant l’utilisation du « béton maillé ». Le commissaire enquêteur est renvoyé à sa question sans aucune réponse.

La réserve n° 5 sur l’impact des activités créées en terme de circulation, bruit, pollution, sécurité … Là encore, le commissaire enquêteur est renvoyé à la lecture du mémoire regroupant ces questions. C’est donc qu’il ne l’avait pas lu puisqu’il a cru bon inscrire une réserve à cet endroit !

Je ne retiendrais de ce chapitre que les conclusions de la commission de sécurité de la Police qui interdisent la tenue d’une manifestation sportive le même jour au Parc des Princes et dans ce nouveau stade de rugby, obligeant par là même à harmoniser les calendriers sportifs dont la Ville a fait - par son impossibilité - un argument pour refuser le partage de la pelouse au Parc des Princes.

La réserve n°6 sur les coûts : la seule réponse assez claire, la Ville ne pouvant y échapper :157 M€ prix de départ … je prends date sur le coût définitif qui dépassera les 200 M€.

La Ville « oublie » de chiffrer le coût de l’étude supplémentaire sur les aménagements de la porte d’Auteuil, oublie de chiffrer le coût de la démolition de l’actuel stade et de sa tribune, du surcoût dû aux aménagements de l’aération du périphérique secondaire au projet, oublie de chiffrer les dommages et intérêts consécutifs à la dénonciation anticipée au bout de 6 ans de la concession de 24 ans du PJB, sous évalue notoirement les frais de transports des scolaires et l’adaptation des installations au stade Charlety et de l’hippodrome d’Auteuil à hauteur de 10 M€ ( ! ) concernant la partie paysagère (total : 24 M€ valeur 2007).

Tout a été fait, en tronçonnant les coûts, pour échapper à la commission parlementaire du débat public, obligatoire à partir de 150 M€ …

La réserve n°7 : l’aspect économique de l’opération du stade en lui même : le commissaire enquêteur souhaitait une étude de marché par un cabinet indépendant. Vœu pieux ! La Ville se contente des grands chiffres des recettes et passe sous silence les dépenses de fonctionnement donnant l’impression – fausse – que les recettes constituent un bénéfice. Combien d’années pour rembourser l’investissement colossal des contribuables parisiens pour ce stade dont personne ne veut en l’état du projet ?

Comment le Maire de Paris peut-il prétendre à une opération favorable économiquement alors que toutes les recommandations actuelles –commission « grands stades », rapport de la Cour des Comptes sur la réalisation par les collectivités territoriales de travaux et d’équipements sportifs ou le récent rapport «Arena 2015» remis par Daniel Constantini, il y a 10 jours, tous ces rapports depuis 2 ans préconisent des stades mutualisables, omnisports et non des projets spécialisées sur un sport et surtout l’usage des Partenariats Publics Privés qui constituent le standard actuel y compris en IDF, surtout quand il s’agit de sport à usage unique professionnel. Mais pas Monsieur Delanoë !

La réserve n°8 technique renvoie là encore le commissaire enquêteur à l’étude du dossier, ce qui est une habitude manifestement pour la Ville.

Pour ce qui concerne les recommandations, essentiellement de nature technique, je retiendrais des questions du commissaire enquêteur que la conception proposée et les matériaux utilisés soulèvent des « interrogations » de nature à demander des « apaisements », ce qui n’augure rien de bon en ce qui concerne le dépassement du coût du projet et le vieillissement de cet ouvrage et donc son coût de fonctionnement …


Quand à l’intérêt général du projet : c’est «créer la maison du rugby».

Mais qui demande de créer une maison du rugby ? Le Maire de Paris représente t-il les intérêts de la Fédération Française de Rugby qui n’a jamais exprimé ce souhait ?! Ou est-ce M. Guazzini ?
Pourquoi pas une maison du rugby à Toulouse ? Ou à Castres, actuel leader du championnat ?

3 876 licenciés à Paris c’est très bien et le rugby est un grand sport d’équipe ; peut-on rappeler que le Comité de Paris de judo a 7 000 licenciés, le football 22 000, le tennis 40 000 à Paris … heureusement que le rapport de l’engagement de la Ville de Paris pour ces sports n’est pas proportionnel.

Quant à l’affirmation que le stade de rugby (qui ne s’appellera pas Jean Bouin) aura vocation à accueillir tous les matchs du Stade français rugby, elle prête à sourire, tellement elle est démentie par les faits. Je ne reprends que la présente délibération pour remarquer que tous les exemples donnés de stades modernes sont autour de 25 000 places ce que n’atteindra pas cette nouvelle enceinte qui sera de fait dépassée avant d’être terminée.

C’est « permettre à Paris de rattraper son retard » : mais il y avait bien d’autres moyens plus efficaces, économes et respectueux de l’environnement, je veux dire de l’environnement humain, que ce projet grandiose et inutile.

Je n’y reviendrais pas, ils sont connus ; ils n’ont pas véritablement été étudiés par manque manifeste de volonté politique de la part du Maire de Paris. Pour seul exemple, cette histoire de calendriers impossibles à harmoniser avec le Parc des Princes mais qui le seront tout de même pour des raisons de sécurité … Depuis le début de cette affaire, le 16ème arr. ne cesse de demander une rénovation du stade actuel à 15 000 places du type « Paris 2012 » qui aurait aussi largement répondu aux attentes du Stade Français rugby, équipe valeureuse qui mérite effectivement un lieu aux standards actuels, compte tenu notamment de la proximité de grands équipements structurants utilisables pour les matchs les plus importants, comme c’est le cas actuellement.

« Reconstruire selon une démarche de développement durable" : rien n’empêchait un projet HQE de rénovation du stade actuel ce qui est effectivement bien le moins que l’on puisse attendre d’un tel projet à un tel coût !

Dans cette affaire malheureuse pour le 16ème arrondissement, pour l’imposant bassin de population concerné – 750 000 personnes essentiellement parisiens et Boulonnais à moins de 10 min du stade, selon la délibération elle même – ce qui m’a surtout heurté, choqué, définitivement convaincu, s’il en était besoin au delà de sensibilités politiques - je n’ose plus parler de convictions - qui sont totalement à contre emploi dans l’affichage du Parti Socialiste et du Parti Communiste parisien, c’est le mépris, le mépris du Maire de Paris – affiché notamment par le mensonge renouvelé d’un projet Paris 2012 qui n’a aucun rapport avec ce qui nous est proposé aujourd’hui – le mépris pour la proximité, pour le 16ème arr. ses habitants (les scolaires !) et ses élus, pour le commissaire enquêteur aussi et finalement pour les Parisiens dont M Delanoe a pourtant le mandat de défendre l’intérêt concret et quotidien et non de vendre « à la découpe » au sport « business » l’espace de vie déjà rare dans une ville particulièrement contrainte sur le plan urbanistique.

Après le triste échec lors de la première mandature de la candidature de Paris 2012, le maire de Paris avait là l’occasion historique de rationaliser les grands équipements sportifs de l’Ouest parisien ; je pense au devenir maintenant en pointillé du stade Roland Garros qui, victime collatérale de ce projet, n’aura plus la réserve d’espace nécessaire à son développement, à Paris. Nous assistons là à une occasion manquée de plus.

M. Mano, je m’adresse à vous et à vos colistiers. Vous ne cesser d’appeler avec votre majorité au développement de la démocratie participative à Paris. Vous avez là un dossier concret ! La démocratie participative s’est exprimée, on ne peut plus clairement, à 90% contre le projet ! Et encore il s’agissait de personnes n’habitant pas à proximité du stade … Mais quand cela vous arrange, vous préférez la démocratie représentative à quelques voix près, au sein d’un Conseil de Paris dont la délibération de février 2007 - annulée mais « nullement nécessaire » - montre toute l’importance que le maire de Paris accorde à cette assemblée théoriquement dépositaire de la légitimité.


Yves HERVOUET DES FORGES"






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