Le jeu de la mise à mort de la télévision

Drôle d'impression en sortant de la soirée spéciale consacrée au "Jeu de la mort", transposition dans l'univers télévisuel de l'expérience de Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité.
Documentaire excellemment filmé, nous mettant dans une position d'horreur face aux comportements. On peut dire que le sujet et sa médiatisation nous ont conditionnés à juger les résultats de l'expérience.
Cependant, je ne pensais pas être aussi soufflée, estomaquée, par les 81% certes, mais surtout par les réactions de certains des invités lors du débat. A commencer par Isabelle Morini-Bosc et Jean-Marc Morandini, dont tout le monde sait que je suis sa première fan. Non, je rigole...
Alors que la première discussion fut riche d'enseignements sur les rapports humains à la hiérarchie, sur la désobéissance et sur l'éducation, invoquant à la fois les esprits de Hannah Arendt et de Super Nanny, le second débat s'est limité à une victimisation de la télévision accusée de tous les maux dans une société abominable qu'elle ne fait que refléter. Un débat relevé heureusement par les analyses pertinentes de David Abiker, qui nous a fait encore plus regretter Arrêts sur Images. Emission présente heureusement sur le Net, le grand méchant loup selon Isabelle Morini Bosc.
Une émission que ne devait d'ailleurs pas regarder Jean-Marc Morandini, venu en gros dire que la télévision était sans doute plus bête que méchante, et que donner en pâture des candidats de real-TV, c'était normal, vu qu'ils étaient volontaires. Dans Solitary, jeu évoqué par Alexandre Lacroix, les candidats sont enfermés dans des cellules où ils subissent des supplices ? Tant pis pour eux, dit Morandini, ils sont candidats, ils sont volontaires, personne ne leur impose.
Justement si. C'est tout l'enjeu du documentaire malgré ses nombreux défauts, comme l'absence d'analyse sur les non-réactions du public de la Zone X-trème. Où est le libre arbitre dans une société où la notoriété est érigée en règle absolue, où "passer à la télé" est pour beaucoup signe de réussite et où l'ambition des plus jeunes n'est plus de devenir médecin et avocat mais de "devenir une star" ? Face à cette contrainte implicite exercée par la société du spectacle, les candidats sont prêts à aller de plus en plus loin.
Jusqu'où ? Vous le saurez peut-être demain, en 2eme partie de soirée, en regardant "Infrarouge : Le temps de cerveau disponible" sur France 2.

Mais avant, pour les fans de Plus Belle la vie, France 3 propose une séance de torture gratuite, à coup de gégène, à 20h10, et sans aucune signalétique... De la paille qu'il y a dans l'oeil du voisin...