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La Folie !

Par Jocelynechoquette
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L’on dit qu’un jour se sont réunis, quelque part sur la Terre, tous les sentiments et toutes les qualités des êtres humains.

Lorsque l’Ennui eut baillé pour la 3ième fois, la Folie, folle comme toujours, leur proposa d’aller jouer à la cachette.

L’Intrigue leva la main intriguée et la Curiosité, se contenant plus, demanda :

- À la cachette ?  Qu’est-ce que c’est ça ?

- C’est un jeu, dit la folie, dans lequel je me frappe la face en même temps que je commence à compter de un à un million.  Et, lorsque j’ai terminé de compter, le premier de vous que je rencontre occupera ma place pour continuer le jeu.

L’Enthousiasme dansa d’enthousiasme, il fut secondé par l’Euphorie

La Joie fit tant de sauts qu’elle finit par convaincre le Doute ainsi que l’Apathie, elle qui ne s’intéresse jamais à quoi que ce soit.

Mais, tous ne voulaient pas participer. La Vérité préféra ne pas se cacher… Pourquoi ?… si, finalement, ils la trouveront toujours.

L’Orgueilleux, quant à lui, opina que c’est un jeu bien niaiseux (en réalité, ce que le molestait, c’est qu’il n’était pas l’instigateur de l’idée) et la Lâcheté, pour sa part, préféra ne pas se risquer à donner son opinion.

Un, deux, trois… la Folie commença à conter

La première à se cacher fut la Paresse. Elle se laissa tomber, comme toujours, derrière la première pierre du chemin.

La Foi monta au ciel et

l’Envie se cacha derrière l’ombre du Triomphe qui, par son propre effort, alla se cacher au faîte de l’arbre le plus haut.

La Générosité ne trouvait pas ou aller se cacher car chaque lieu lui paraissait merveilleux pour un de ses amis…

un lac cristallin pour la Beauté,

… une crevasse dans un arbre, parfait pour la Timidité,

… le vol d’un papillon… le mieux pour la Volupté,

… une rafale de vent… magnifique pour la Liberté

Finalement, elle (la générosité) finit sa recherche en se cachant dans un rayon de soleil.

L’Égoïsme, en échange, trouva un lieu très beau, aéré et pratique… c’était un lieu à une place… parfait pour lui seul.

Le Mensonge se cacha dans le fond des océans… (Mensonge, il se cacha derrière un arc-en-ciel).

La Passion et le Désir, dans le centre des volcans.

L’Oubli… j’ai oublié ou s’était caché l’Oubli, mais ce n’est pas important.

La folie comptait… 1,995… 1,996… 1,997… 1,998… 1,999…

Et l’Amour n’avait toujours pas trouvé de fleurs pour se cacher.

Un million conta la folie et elle commença à chercher.

La première trouvée fut la Paresse… à seulement 3 pas derrière une des pierres.

De loin, on entendait la Foi discuter de théologie avec Dieu

et l’on voyait vibrer la Passion et le Désir dans les volcans.

En pleine distraction, la Folie trouva l’Envie et, de là, elle déduisit la cachette du Triomphe

Il ne fut pas nécessaire de chercher l’Égoïsme car il sortis rapidement de son nid de guêpes.

De tant marcher, la Folie sentit la soif et, du coup, près du lac, elle découvrit la Beauté

Et, ce fut facile de trouver le Doute car il était assis tout près de là, incapable qu’il était de décider ou aller se cacher.

C’est ainsi, petit à petit, tous furent trouvés.

Le Talent dans l’herbe fraîche…

L’Angoisse dans une grotte obscure…

Le Mensonge derrière l’arc-en-ciel (mensonge… dans le fond de la mer).

Jusqu’à l’Oubli… qui avait même oublié qu’elle jouait à la cachette.

Mais…, seul l’Amour n’était nul part

La Folie chercha derrière chaque arbre, dans chaque ruisseau de la planète, au sommet de toutes les montagnes et lorsqu’elle était sur le point d’abandonner ses recherches, elle divisa un rosier et pensa :… 

- L’Amour, qui est toujours guindé, doit s’être caché entre les roses…

Elle commença donc à bouger les feuilles… c’est alors qu’elle entendit un cri de douleur…

Les épines avaient blessé les yeux de l’Amour.

La Folie ne savait plus quoi faire pour s’excuser.  Elle pleura, elle pria, elle demanda pardon et alla jusqu'à lui promettre d’être, pour toujours, sa gardienne et sa protectrice.

Depuis ce temps ou, sur la terre, on joua à la cachette pour la première fois, l’Amour est devenu aveugle… et, pour toujours,  la Folie l’accompagne.

LA LOCURA, poème de  Mario Benedetti.

Écrivain Uruguayen né le 14 septembre 1920 à Paso de los Toros (Uruguay) et décédé le 17 mai 2009 à Montevideo (Uruguay).

Traduction libre par Micla

Mars 2010
Bonne Journée !
 


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