La chose est entendue. Nous avons tous une idée caricaturale de l'autre. Ainsi l'adhérent au PS devrait toujours porter barbichette et tenue négligée, l'encarté UMP brushing et mocassins cirés (ou collier de perles) et les verts sacs à dos et pinces à vélo. Et l'abstentionniste il ressemblerait à quoi ?
C'est précisément de lui dont il est question cette semaine.
La pêche est ouverte et les partis savent que la victoire ne se fera qu'au travers du complément de voix obtenu entre les deux tours dans ce creuset. Le vrai réservoir est donc là.
Nous pouvons pour cela utiliser le graphe suivant très largement et finement commenté par J.F. Couvrat, où l'attitude quelque peu hégémonique des "en têtes" est mis à mal. L'évidence saute aux yeux. C'est l'ensemble des formations politiques qui est atteinte par la faible participation, mais c'est de toute évidence la droite qui a subi le plus profond recul. L'on ne peut impunément décevoir l'électeur qui vous a donné sa confiance au travers de son bulletin de vote. Aujourd'hui très clairement les trompés sont à droite. Suivez la courbe bleue du graphe; celle-ci affiche une déperdition réelle de quelque 3,8 millions de voix à droite ; un record !
Cette simple constatation montre que la très grande majorité des abstentionnistes sont dans ce groupe. Les électeurs de droite n'ont pas voulu soutenir le petit nerveux et sa troupe aux ordres. La distorsion entre le discours et les actes éloigne l'électeur floué.
Elle montre également deux aspects inquiétants de la politique en France:
1.Que l'abstentionniste mesure l'action des régions comme secondaire et peut être même superflue. Aux yeux de ces derniers des actions sont à mener mais quelle importance que le lycée nouveau soit bleu ou rose...pourvu qu'il se mette en place. L'enjeu n'est donc pas jugé suffisant pour faire battre les présidents régionaux de gauche, qui, visiblement ont rempli globalement leurs missions (contrairement au sommet de l'état CQFD).
2.Que l'embourgeoisement des élus de gauche est tel qu'il n'inquiète plus du tout l'électeur centriste et de droite modérée. Il est certain que le profil débonnaire de nos "seniors" socialistes garantit au plus récalcitrant des électeurs de droite des engagements prudents et aux ambitions particulièrement mesurées... et ce n'est pas la présence de quelques agités ou de quelques idéalistes au sein des équipes en place qui bouleversera les principes prudentiels antérieurs.
Ainsi nous pourrions dresser un portrait de l'abstentionniste. Il est déçu, blasé, bref cocu (un exemple ici) et surtout préoccupé par les difficultés du quotidien au point de préférer oublier son mal de vivre dans un peu de légèreté égoïste. Bref il ressemble à notre voisin(e), nos ami(e)s, nos relations; c'est en fait, aujourd'hui, une large potentialité de nos contacts quotidiens et il est à craindre que les incantations abusives de l'UMP ne serviront pas ses candidats.
Plus nos élus s'éloigneront de leurs engagements et plus la représentativité élective sera fragilisée et distante. Il est grand temps de ne plus vendre du rêve; la période est particulierement inadaptée à cette posture irresponsable servie sans ménagement et de manière irresponsable par de trop nombreux acteurs de la vie politique.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 19 mars à 18:33
il est décevant de constater que très peu de journaliste écrivent que l'une des premières causes de l'abstentionnisme est le fait des privilèges exorbitants accordés et améliorés chaque fois que possible par les élus eux-même, députés, sénateurs, européens, ministres et président.Par souci de justice, il faut supprimer les régimes spéciaux des salariés mais touche pas au régime spécial des parlementaires.C 'est à cela qu'on pourrait croire qu'une connivence existe entre journalistes et politiques