Magazine Humanitaire

Maraude du 9 novembre 2007

Publié le 21 novembre 2007 par Jean-Paul

Après quelques revirements (réunion pas réunion, télé allemande, pas télé allemande), nous voici comme au
bon vieux temps : Laure, Gégé et moi. Cela fait un bon moment que nous n’avons pas maraudé tous les 3.
Il faut dire que la petite Laure se carapate de temps en temps avec le JP à vélo. Cela nous fait du bien de
nous retrouver. Après 2 ans de maraudes communes, il y a comme un code qui s’est installé entre nous 3.
Chacun sait où est sa place et cela marche comme sur des roulettes.

Le Beau Gégé nous demande de sortir de la cuisine car il va verser la soupe de poisson dans les gourdes.
(Ceux qui auront lu nos chroniques antérieures, se rappelleront qu’il a l’habitude de la servir sur le
carrelage de la cuisine).

Je passe sur les détails de la préparation des sacs.
20H00, nous sommes fins prêts à quitter la maison du 13.

Ce soir nous partons avec un bon chargement de slips et chaussettes car il y a eu un arrivage.
Nous avons également 8 cartes pour le restaurant social rue de Santeuil.

MAIS TOUJOURS PAS DE SACS DE COUCHAGE A L’HORIZON !!!

C’est vraiment pénible de se retrouver face à des gens démunis de tout, et de ne pas pouvoir leur offrir le
minimum. On est quand même début novembre !!

1ère étape, le banc à la sortie de l’hôpital où nous attend Eric, Il nous apprend qu’il va régulièrement à la
maison du 13. OUFFFF !!!! Cela fait + d’un an qu’e nous l’exhortons à y aller. Il prend un thé bien sucré, je lui
glisse sa boîte de mouton au riz préférée, et lui parle de SANTEUIL, il accepte bien sûr immédiatement.

2ème étape, Laure a envie d’aller voir ELISABETH en remontant le boulevard de l’hôpital. Son ami VOITEK
est hospitalisé et Jean-Paul qui lui a rendu une petite visite perso, a pu constater qu’il était plâtré sur une bonne
partie du corps. Alors Laure veut prendre des nouvelles d’ELISABETH. Nous la trouverons très alcoolisée
endormie bien profondément auprès d’un ami. Nous leur laisserons du pain et du fromage car ils ne
semblent pas posséder grand-chose.

Nous rencontrons Jean Yves, pieds nus et sans Fifille (comme il appelle sa jolie petite chienne). Nous
sommes attristés pour lui car nous savons combien ils s’aiment ces 2 là). Nous lui promettons de
« zieuter »dans tous les recoins durant notre maraude. Il nous explique où il compte passer la nuit au cas
où.
Je l’engueule un peu car il est pieds nus dans ses savates, et lui demande d’enfiler des chaussettes que je
lui tends. Il me dit qu’il les mettra demain après sa douche car ses panards sont sales.  Je lui dis qu’on s’en
fout que ses pieds soient cracras ! METS DES CHAUSSETTES !!! Je lui en redonne une paire, en lui disant
qu’il en a une paire pour ses pieds sales et une autre pour ses pieds propres. Il se régale d’une bonne soupe
avec du pain, du fromage, un café et une clopette.

3ème étape GARE D’AUSTERLITZ car nous ne rencontrons plus personne le long du boulevard de l’hôpital.
C’est tout bien propre maintenant. Il y a même des fleurs (plus décoratif, plus sage et plus odorant que nos amis non ??).

Là nous serons assaillis par une bonne quinzaine de personnes. Tous veulent du linge, une soupe, un café.
Plein de personnes sympas pas vues depuis longtemps. On retrouve DENIS, que nous n’avons pas vu depuis
3 mois au moins. Toujours en balade, mais il semble aller pas trop mal. Je luis demande des nouvelles de sa
fille. Il ne l’a pas vue depuis 3 mois. Il me dit qu’ils sont obligés de bouger souvent. C’est bien ce que nous
avions compris. Bouger toujours bouger…

Nous distribuons pléthore de slips, chaussettes, soupes, cafés…Nous passons un excellent moment avec
tout ce petit monde, il y en a que nous croisons de temps en temps et qui sont toujours contents de nous
saluer et de nouvelles têtes aussi avec qui nous décidons de passer un peu plus de temps. 5 nouveaux amis
avec qui nous discutons et à qui nous remettons quelques cartes pour SANTEUIL. Inutile de vous dire
comme ils sont contents. Dîner 1 mois dans un self à volonté. C’est la fête !!!
Direction la gare à la recherche de notre trio infernal (Jean-Yves nous a laissé entendre que René et
Francine ont pris sa Fifille. Nous n’y avons pas cru bien sûr quand il nous a dit ça). Mais là !! bien devant nos
yeux, la Fifille ronflant comme une grosse doudoune, étalée de tout son long sur le chariot du René !!! 
Alors là s’engage une grande discussion entre les maraudeurs et notre duo infernal.  Comment se fait-il
qu’ils aient récupéré Fifille ??? Eux nous disent que c’est JEAN-YVES qui leur a demandé de la garder ??
Qui dit vrai ?? Personne ne saura. Laure part en courant dans l’autre sens à la recherche de JEAN YVES
qu’elle ne trouvera pas. Nous décidons au final de les laisser se débrouiller entre eux. Nous en resterons là,
sachant que fifille sera bien traitée avec nos 2 lascars.
Avant de partir de la maison du 13 Mamadou nous a informé que YVES avait disparu selon les dires de
René. Alors discrètement, l’air de ne pas y toucher, je leur demande où est passé le petit YVES. Francine
me raconte alors une histoire abracadabrante, comme quoi il aurait pris le RER, mais pour où et quand cela
reste un mystère. Nous n’en serons pas plus et nous ne rencontrerons personne qui pourra nous donner
d’autres infos.
Nous continuerons derrière la gare mais il est déjà tard et décidons de ne pas descendre sur les quais,
d’aller voir l’ancien sur le pont.
Et là HORREUR !!! Nous trouverons notre petit Popeye (c’est vrai je ne vous ai pas parlé souvent de lui,
mais c’est le coup de cœur de Laure), alors c’est souvent elle qui discute avec lui. Nous savons que notre
ami est atteint d’un cancer.
Ce soir nous le trouverons sur sa plaque de métro, couché dans un duvet complètement humide, incapable
de se redresser pour avaler quoi que ce soit. Nous sommes complètement chavirés de le voir aussi maigre,
les cheveux épars. Nous décidons d’appeler le 115 pour qu’ils le mettent à l’abri. Nous savons que si nous
appelons les pompiers cela va encore poser problème et nous aimons trop ce petit être tout chétif pour
qu’il soit traité aussi mal. Nous savons que les équipes du SAMU SOCIAL sont compétentes et que nous
pourrons le leur confier sans problème.
Nous voici donc partis tous les 3, appeler le 115. Il faut au moins ça, si on veut être sûr de les avoir dans
les 30 Minutes. C’est à peu près le temps qu’il nous faudra pour avoir un interlocuteur, qui nous demandera
tout le pédigré de notre ami. Si vous croyez que c’est facile à obtenir !! Nom, date de naissance… Putain
c’est pénible toutes ces questions. Entre 2 quintes de toux, il me lancera une ou 2 blagues, faisant mine de
se lever pour aller se jeter du pont…
Nous décidons de rester avec lui le temps que le SAMU SOCIAL arrive. Mon cœur chavire quand je vois
l’écume sortir de sa bouche. Avec Laure nous ne pouvons nous résigner à le laisser comme cela. J’enfile une
paire de gants et attrape les serviettes de table en papier qu’elle me tend et lui essuie la bouche. Il me
réclame de l’eau. Par chance, j’en ai toujours une petite bouteille sur moi. Il engloutit à grand
peine 1/5 litre d’eau et retombe sur son duvet mouillé.
Enfin !  Très rapidement arrive le SAMU SOCIAL avec en tête un très jeune et très gentil infirmier avec
qui nous faisons le point. Nous décidons de laisser notre Popeye aux mains de cette compétente équipe.
Encore une fois nous savons que le SAMU SOCIAL va bien s’occuper de notre ami.
Nous poursuivons par la Rue Buffon, pour voir la joyeuse équipe devant la bibliothèque. Comme d’habitude
nous sommes très bien accueillis, et commençons distribution de soupes, café, pain, fromage, chaussettes,
slips. Tout y passe. Nous offrons également à 3 d’entre eux (le 4ème dort bien profondément et nous ne le
réveillerons pas), une carte pour dîner à SANTEUIL, ils nous jurent qu’ils vont y aller. Nous ne resterons
qu’un petit moment avec eux car le cœur n’y est déjà plus, notre envie de marauder s’est arrêtée avec
Popeye.

Nous remonterons donc  à la maison du 13.
Il sera 00h30 passé quand nous arriverons.


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