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Vendredi ou l’avalanche de pignouferies

Publié le 19 mars 2010 par H16

Ça n’arrête pas ! Si on tuait un chaton à chaque pignouferie politique ou médiatique, la race féline toute entière y serait déjà passée. Et le jour où elle aurait disparu de la Terre aurait été ce vendredi !

Festival chamarré d’explosions pignoufesques, ce vendredi m’aura enseveli sous les nouvelles toutes plus consternantes et félinicides les unes que les autres.

A verser dans la catégorie Pignouferie Politique ET Médiatique, on apprend ainsi que Xavier Bertrand, le patron actuel de l’UMP, ne se contente pas de défrayer la chronique en proposant des campagnes électorales dramatiques d’improvisation et un autisme en acier trempé : il aime bien tenter follement de nouveaux concepts hyper-cools qui défrisent tout le monde, à commencer par son électorat.

En période électorale, on a vraiment du mal à comprendre ce qui anime la stratégie personnelle du Xavier, ou la stratégie politique de l’UMP, à moins de tout mettre sur une panique monstre.

Celui-ci a en effet proposé, avec son regard doux et calme de paisible ruminant broutant goulûment des prairies radio-actives, de créer une troisième classe dans les transports en commun :

La sécurité n’est pas une priorité seulement pour l’UMP : c’est une priorité pour tous les Français. Et si nous en parlons pendant ces élections, c’est parce que la Région a un pouvoir de décision important en la matière. Par exemple, la proposition de Bruno Béchiza de réserver un espace dans les trains de banlieues où les femmes seraient mieux protégées, ça a fait sourire les observateurs, mais pas les femmes concernées. Dans toutes les régions que l’on gèrera, nous allons renforcer la vidéosurveillance dans les gares, dans les transports et aux abords des lycées.

Ici, on en conviendra, au touche au sublime et si la saillie, dans toute l’étendue de sa bêtise navrante, semble facile, il faut en réalité, comme pour toute performance olympique, un très lourd travail de préparation : cela fait probablement des années que notre petit Xavier travaille d’arrache-pied pour obtenir un tel résultat et l’aisance avec laquelle il a placé ce shoot maousse ne doit pas faire oublier qu’on a à faire, ici, à un vrai pro !

Ainsi, après avoir été satellisé à coup de pied au derche par des millions de Français précisément parce que la majorité s’était montrée incapable de résoudre les problèmes de sécurité, Xavier décide de remettre les couverts sur ce sujet explosif.

A l’instar d’un démineur qui tenterait un tap-dancing endiablé pour s’assurer que toutes les mines ont bien été trouvées, Xavier doit s’attendre, en relançant ainsi le bastringue, à un solide retour de flammes.

Mais si l’on touche le sublime, ici, ce n’est pas parce que le plat est resservi, mais bien parce que Xavier réussit à lui donner une nouvelle saveur ! Pour résoudre les problèmes des femmes dans les trains de banlieue, il suffit de les parquer dans des wagons spécialisés !

Que n’y avait-on pensé plus tôt !

Évidemment, dans une France du vivrensemble et de la non-discrimination, ça jette un froid. Accessoirement, je me demande dans quel wagon on va pouvoir ranger les Transsexuels. Il y a là, encore une fois, tout un vaste champ d’exploration ouvert par le pouvoir des idées lumineuses d’un politicien !

Mais je pense qu’on doit pouvoir pousser l’idée plus avant encore. Les statistiques menant à tout (et, manifestement, à n’importe quoi) que ne fait-on des wagons spécialisés pour les personnes âgées ? Que ne fait-on des wagons spécialisés pour les ouvriers ? Et puis, histoire de terminer l’allégorie en beauté, que ne fait-on des wagons spéciaux pour les Blancs et d’autres pour les Noirs ?

Vendredi ou l’avalanche de pignouferies

Encore une fois, pourquoi doit-on imaginer un processus spécifique pour obtenir un PUTAIN DE BORDEL DE DROIT d’être en sécurité dans un transport en commun ?

Pourquoi le donner aux femmes spécifiquement, alors que, NOM D’UNE PIPE EN BOIS, la sécurité, sur l’ensemble du territoire, est, de facto, la seule raison d’exister de l’état républicain, avant tout le reste ?!?

Pourquoi les gens, qui paient DÉJÀ des impôts précisément pour être en sécurité, devraient voir de nouvelles dépenses engagées pour que seulement une petite partie d’entre eux en profitent ?

DE QUI SE MOQUE-T-ON ?!

Si l’on tient compte de la proposition complètement crétine d’ajout compulsif de petites caméras idiotes et qui ne servent à rien de rien du tout, on comprend qu’encore une fois, un micro mou a été mis trop près du gros nez baveux d’un politicien, et – paf, réflexe pavlovien – celui-ci a dégoisé d’énormes conneries pour se faire mousser.

Je ne félicite pas le journaliste. Pignouferie de presse supplémentaire, ce scribouillard, couille-molle terne parmi une armée de couilles-molles ternes de grattes-papier insipides et sans honneur, s’est contenté de retranscrire les affolantes pignouferies du politicien en face de lui sans même lui demander comment il pouvait justifier un tel traitement d’une question au départ sérieuse.

A l’insulte que représente cette proposition stupide de Bertrand, il faut donc ajouter l’injure de l’absence totale de réaction de la classe journalistique dans son ensemble, tous coincés sur le mode auto-digestion du yaourt qui leur sert maintenant de cervelet.

On pourrait s’arrêter là (3765 chatons sont morts pour que vous lisiez ça, hein, tout de même).

Et pan.

Mais non.

Le bastringue est lancé, il ne peut plus s’arrêter:  une avalanche, ce vendredi, je vous dis.

Le pire est en effet arrivé : l’automicrotage journalistique ultime !

Quand on place un gros micro mou devant un politicien, paf, ce dernier sort une bêtise. Et lorsqu’un journaliste place un gros micro mou devant le nez d’un autre journaliste, paf, les portes de l’Enfer s’ouvrent violemment et des millions de petits mots se mettent dans un ordre idiot et produisent des chroniques ébouriffantes comme celle d’Alain Duhamel, ici.

Le brave homme propose de rendre le vote obligatoire.

Quelle idée lumineuse ! Et quels arguments finauds ! Entre le « Yenakisonmort pour ça » et le « Comme ça la participation est plus élevée », on est servis !

Des gens sont morts pour obtenir le droit de grève. Je ne suis pas sûr qu’on puisse le rendre obligatoire. De même, certains sont morts pour obtenir la liberté d’expression, ça ne veut pas dire que cette expression doit être obligatoire. J’irai même plus loin : de la même façon qu’une fois arrêté par la police, garder le silence constitue un droit inaliénable de l’accusé (et encore heureux), il doit en aller de même avec l’expression du citoyen : elle doit rester libre, sans quoi elle perd tout son sens.

Car tout, dans ce papier lamentable, montre un renversement de la charge : les électeurs n’ont pas à s’automobiliser pour une élection. C’est, justement, le travail des politiciens et des journalistes, ces deux blobs informes et irritants de cynisme et de médiocrité, de faire en sorte d’intéresser leurs concitoyens aux débats.

Bordel ! C’est pour ça qu’on vous paye. Et grassement, en plus !!!

Vendredi ou l’avalanche de pignouferies

L’abstention est l’échec total et manifeste de tous ces politiciens qui sont infoutus de tenir leurs promesses, qui, pareils à des poissons rouges, sont incapables de se concentrer plus de deux minutes sur un sujet d’importance, qui cherchent avant tout leur intérêt personnel et leurs avantages bien compris bien avant tout intérêt collectif, aussi chimérique soit-il.

Autrement dit, l’abstention est le majeur tendu des citoyens aux politiciens qui font un boulot de merde.

Il est aussi un bras d’honneur à ces journalistes qui les enfument, d’articles en articles, qui servent la soupe aux puissants, à ces journalistes qui bricolent de fausses oppositions en carton quand chaque citoyen sait qu’en réalité, le premier employeur de ces folliculaires poisseux d’obséquiosité est … l’État.

L’abstention est aussi l’échec de toute cette clique lamentable de chroniqueurs qui nous expliquent comment nous devons penser alors que toutes leurs réalisations montrent l’indigence des méthodes qu’ils emploient : ils veulent nous faire part de leurs réflexions, mais n’en ont aucun échantillon sur eux.

Franchement, quand je vois ces politiciens et quand je vois ces journalistes, moi, je vous le dis, ce pays est foutu.


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