15/01/2010 | Mise à jour : 08:54 Réactions(14)
Selon l'Ined, les divorcés sont tentés de ne plus cohabiter avec un nouveau partenaire.
Les Anglo-Saxons l'ont baptisé «LAT», pour living apart together. Vivre ensemble séparément ? Le phénomène évolue en France où, en plus des jeunes, un nombre croissant de divorcés maintient une résidence séparée lorsqu'ils retrouvent l'amour. Dans son recueil Portraits de familles, qui paraît ce vendredi, l'Institut national d'études démographiques (Ined) précise ces nouvelles conjugalités.Près de 8% des 18 à 79 ans, soit 3,8 millions d'individus, vivent «en couple, mais séparément». Une catégorie évolue sensiblement : les échaudés de la famille traditionnelle. Quelque 13% des hommes et 12% des femmes qui ont déjà vécu une rupture conservent ensuite des domiciles séparés. «Les divorcés adoptent encore plus souvent ce mode de relation (17%) que les personnes qui n'étaient pas mariées avec le conjoint dont elles se sont séparées», explique Arnaud Régnier, qui a dirigé l'ouvrage pour l'Ined et l'enquête avec les chercheurs Éva Beaujouan et Catherine Villeneuve-Gokalp. Lorsqu'ils n'ont pas eu d'enfants d'un précédent lit, un tiers des séparés vivent seuls, la moitié embrasse à nouveau la vie de couple traditionnelle et un peu plus d'un sur dix forment un «couple avec deux résidences».
«Industrie familiale»
Éditrice tombée follement amoureuse d'un père divorcé, Brigitte avait fait l'expérience d'une cohabitation «impossible».«Nous avons essayé de vivre avec nos enfants sous le même toit», raconte-t-elle. «Mais ses filles étaient possessives. Personne n'était heureux, et nous avons renoncé à cet enfer au bout de six mois. Depuis, nous habitons à cinq minutes à pied… et cela fait dix ans.» Un renoncement, «mais c'est mieux ainsi», assure-t-elle.Philippe assureur et célibataire endurci, n'avait aucune envie de plonger «dans l'industrie familiale» de sa nouvelle compagne qui élève, seule, trois adolescents. Depuis deux ans, il se contente d'y dormir un soir de la semaine, tandis qu'elle le rejoint les week-ends, lorsque ses fils vont chez leur père. «Nous n'avons que les bons côtés», assure-t-il.
Parmi ces couples «LAT», «on trouve beaucoup de femmes qui ont la garde de leurs enfants. Elles se montrent souvent réticentes à une nouvelle cohabitation», analyse Arnaud Régnier. «Mais nous ne savons pas toujours si cette indépendance est désirée ou subie», reconnaît le démographe.
Globalement, la plupart des adeptes du «vivre ensemble, séparément» se disent contraints. Ils sont souvent éloignés pour des motifs professionnels. Mais 20% disent rechercher l'indépendance. Les jeunes sont les plus enthousiastes. Ils profitent souvent de leur période «hors famille», ni chez les parents ni en couple cohabitant, pour vivre cet amour sans lit conjugal. Environ 28% de l'ensemble des 18-25 ans ont un partenaire avec lequel ils ne résident pas. Un tiers de ces amoureux non-cohabitants ont 40 ans ou plus. Enfin quelque 4% des 55-79 ans ont choisi une relation avec un compagnon ou une compagne stable «à distance».