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Handicap et volonté politique

Publié le 03 mai 2007 par Philippe Barraqué

Après la prestation controversée de Bernard Bontron, une personne handicapée qui participait à l'émission de TF1 avec la présidentiable Ségolène Royal, les media ont braqué leurs projecteurs sur l'handicap, sujet peu abordé durant la campagne présidentielle. C'est une retombée positive. "Question d'actu", sur LCI, réunissait récemment certains acteurs de la cause et les propos tenus changeaient de l'habituel misérabilisme qui prévaut à ce type de sujet. On y a entendu quelques vérités bonnes à rappeler.

Tout d'abord, Marie-Anne Montchamp, ex-chargée des personnes handicapées au gouvernement, rappelle que c'est sous Chirac que les lois de 1975 et du 11 février 2005 en faveur des personnes handicapées ont été votées. Absence de politique d'intégration: "le Président a permis d'inverser la tendance, souligne Marie-Anne Montchamp. En 1989, 89000 enfants handicapés étaient scolarisés contre 160000 aujourd'hui - mais il reste encore beaucoup à faire. Quand des enfants handicapés sont intégrés dans les écoles, on constate que la civilité et le niveau s'améliorent", contrairement à certaines idées reçues.

La mise en place dans chaque région des Maisons de l'handicap - un guichet unique où sont réunis tous les services - est de bonne augure, même s'il faut s'attendre à des résistances administratives et à des coupes budgétaires de dernière minute! En effet, comment les Conseils Régionaux vont-ils trouver la manne financière nécessaire à leur financement si ce n'est par une augmentation des impôts locaux!

Force est de constater que les socialistes ont presque toujours été absents quand il s'agissait d'améliorer les conditions de vie et d'intégration des personnes handicapées. Récemment, lors d'un débat houleux à l'Assemblée Nationale, Philippe Bas, Ministre délégué à la Sécurité Sociale, tança le maigre auditoire présent, constatant que "la gauche déserte cette assemblée" dès que la politique du handicap est mise à l'ordre du jour et que "c'était déjà le cas lors du vote du 11 février 2005". Rappelons que cette loi instaure une prestation de compensation du handicap qui prend en charge - du moins en partie - les dépenses et les charges supplémentaires au quotidien. Parmi d'autres avancées, elle oblige, dans un délai de dix ans, les lieux privés ou publics à se mettre en conformité avec les normes d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

Bruno de Stabenrath, écrivain, tétraplégique suite à un accident de voiture, met en évidence le fait qu'il faut disposer de revenus importants pour vivre normalement avec un handicap lourd. Il débourse actuellement de sa poche 2300 euros par mois en service à la personne! L'acteur Michel Creton, toujours très investi à la cause, souligne également "qu'on peut faire basculer une élection avec les votes des cinq millions de personnes handicapées. Ajouter au contrat de plan de l'état une ligne budgétaire avec le mot handicapé reste la priorité des priorités pour les années à venir."

Mais cette volonté politique, l'a-t-on vraiment? Elle passe par la sensibilisation de l'électorat à l'handicap. Les politiques ne sont pas idiots, si les français se fichent des difficultés des personnes en situation de handicap, pourquoi voudriez-vous que nos dirigeants s'en préoccupent! "La société est hostile au handicap, constate M. Van den Herrenweghe de l'association Adapt. Il n'y a pas de raison que la personne handicapée paye de sa poche l'hostilité de la société." Pour Marie Anne Montchamp, "chaque français doit comprendre ce qu'est l'handicap. Apprenons à protéger nos ressources fragiles car elles font la croissance de notre pays." A méditer et surtout à mettre en pratique dès maintenant.

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