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Global Sports Forum à Barcelone: compte-rendu

Publié le 21 mars 2010 par Sportbusiness360
Qu'il porte des valeurs ou qu'il reflète les excès de l'époque, le sport dispose d'un impact médiatique tel qu'il influence la société. D'où la nécessité d'une gouvernance partagée.
Le sport doit-il être un modèle censé transmettre à la population, par la grâce de son énorme impact médiatique, des valeurs positives combinant le goût de l'effort, de la solidarité et l'esprit d'équipe ? Ou bien le sport n'est-il que le reflet de la société, c'est-à-dire une activité humaine imparfaite aux nombreux excès ou errements ? La plupart des intervenants (dirigeants du mouvement sportif, mais aussi responsables d'organisations non gouvernementales, intellectuels ou élus) du 2eme Global Sports Forum (GSF) qui s'est tenu à Barcelone ont oscillé entre ces deux visions.« Le sport n'est évidemment pas un modèle sans défaut. Il recèle des dangers, dont certains sont bien connus comme le dopage ou la violence des supporters », explique Lucien Boyer, président d'Havas Sports & Entertainment et créateur de ce forum, qui ambitionne de devenir le « Davos du sport ».« Mais, d'abord, on peut limiter ces aspects négatifs et, ensuite, l'hypermédiatisation du sport et l'hyperinfluence qu'il a sur le public est un formidable moyen de faire passer des messages positifs. Le sport, c'est la passion, l'émotion, la joie, la santé et toutes les valeurs que l'on connaît. »« Le marché global issu de la mondialisation n'a pas de référent. Le sport peut le devenir. C'est, en effet, la seule activité, avec la musique, véritablement globale, qui ne nécessite pas de traduction », argumente de son côté le célèbre publicitaire Jacques Séguéla. Des avis divergents
Suivant ce raisonnement, de nombreux participants du GSF ont paré le sport de toutes les vertus. L'écrivain britannique John Carlin, auteur du livre ayant inspiré le film « Invictus », a rappelé la façon dont Nelson Mandela a utilisé la Coupe du monde de rugby de 1995 pour refonder la nation sud-africaine. « Le rugby et les Springboks (nom donné à l'équipe nationale de rugby, NDLR) était le symbole même de l'apartheid. Après la Coupe du monde, il est devenu le symbole de la nation arc-en-ciel. » Pour autant, d'autres débatteurs n'ont pas manqué de suggérer que cet instrumentalisation du sport pouvait servir des causes moins nobles, à commencer par le nationalisme. Sergey Tsyplenkov, directeur général de Greenpeace Russie, a rappelé que les jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014, nécessiteront 12 milliards d'euros d'investissement - dix fois plus qu'à Vancouver -pour construire ex nihilo une station de sports d'hiver dans une zone qui est l'équivalent d'un parc naturel.
De son côté, Philip Beard, ancien directeur du marketing du Locog, le comité d'organisation des Jeux de Londres 2012, a reconnu que l'un des objectifs des responsables de la ville était d'utiliser l'événement pour réhabiliter entièrement la zone est de Londres. Confirmant le fait que, dans les pays hôtes, le premier bénéfice des grands événements sportifs est d'accélérer la réalisation d'infra-structures (comme par exemple un nouveau port et une marina à Sotchi) qui, si elles n'étaient pas tirées par ces projets, mettraient des dizaines d'années à sortir de terre.
Mais est-ce vraiment la vocation des Jeux d'être un élément clef de l'aménagement du territoire mondial ? « Le sport doit favoriser la prise de conscience du public, sur les questions d'environnement en particulier », affirme au contraire David Crawford, membre de l'ONG canadienne Clean Air Champion, impliqué dans l'organisation des JO de Vancouver et qui précise : « Les hélicoptères et les camions que l'on a vus apporter de la neige sur les sites de compétitions ne représentaient que 1 % des dépenses carbone des Jeux. »
« Ce qui est intéressant, analyse Lucien Boyer, c'est qu'il est apparu au cours des débats que toutes les parties prenantes du sport devaient être pragmatiques et échanger entre elles. » La table ronde sur la gouvernance a corroboré cette idée. Les pouvoirs publics, qui, on l'a vu, ne négligent pas d'utiliser l'impact social des grandes compétitions, ont le devoir d'éviter les excès du mouvement sportif. Ce dernier, qui revendique son autonomie, a besoin des pouvoirs publics pour réaliser des tâches qu'il n'a pas les moyens de financer (développement de la pratique sportive, lutte contre le dopage) mais doit aussi lutter contre la propension des Etats à utiliser le sport à des fins purement politiques.
Sandro Rosell, favori pour la présidence du FC Barcelone, qui doit être bientôt renouvelée, comme Lassana Palenfo, président de l'Association des comités olympiques africains, les représentants du gouvernement espagnol et du Conseil de l'Europe, sont tombés d'accord pour estimer qu'en matière de régulation, la coopération était nécessaire. En somme, s'il est vrai que le sport jouit d'un pouvoir d'entraînement sur la société, on ne peut le laisser entre les mains de quelques-uns.   [Via]

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