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Une chambre à soi. J’adore ce titre. C’est celui...

Publié le 22 mars 2010 par Mmepastel
Une chambre à soi.
J’adore ce titre. C’est celui...

Une chambre à soi.

J’adore ce titre. C’est celui qu’a choisi Virginia Woolf dans son essai pamphlétaire et féministe, en 1929. Elle dénonce les conditions matérielles limitant l’accès des femmes à l’écriture : les contraintes du mariage, la charge des enfants, du ménage, l’interdiction d’être seule à une terrasse de café pour réfléchir, de rêver assise dans l’herbe d’un parc, d’accéder à la bibliothèque de l’université.

“Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l’homme deux fois plus grande que nature. Sans ce pouvoir la terre serait probablement encore marécage et jungle. Les gloires de nos guerres seraient inconnues. Nous en serions encore à graver sur des os de mouton de maladroites silhouettes de cerfs et à troquer des morceaux de silex contre des peaux de brebis ou contre quelques ornement simple qui satisferait notre goût encore vierge. Les surhommes et les Doigts du Destin n’auraient jamais porté de couronnes, ou ne les auraient jamais perdus. Les miroirs peuvent avoir de multiples visages dans les sociétés civilisées ; ils sont en tout cas indispensables à qui veut agir avec violence ou héroïsme. C’est pourquoi Napoléon et Mussolini insistent tous deux avec tant de force sur l’infériorité des femmes ; car si elles n’étaient pas inférieures, elles cesseraient d’être des miroirs grossissants. Et voilà pourquoi les femmes sont souvent si nécessaires aux hommes. Et cela explique aussi pourquoi la critique féminine inquiète tant les hommes, pourquoi il est impossible aux femmes de dire aux hommes que tel livre est mauvais, que tel tableau est faible ou quoi que ce soit du même ordre, sans faire souffrir d’avantage et éveiller plus de colère que ne le ferait un homme dans le même cas. Si une femme , en effet, se met à dire la vérité, la forme dans le miroir se rétrécit, son aptitude à la vie s’en trouve diminuée. Comment un homme continuerait-il de dicter des sentences, de civiliser des indigènes, de faire des lois, d’écrire des livres, de se parer, de pérorer dans les banquets, s’il ne pouvait se voir pendant ses deux repas principaux d’une taille pour le moins double de ce qu’elle est en vérité. Ainsi pensais-je, émiettant mon pain, remuant mon café et de temps à autre regardant les gens dans la rue.”

Elle réclame le droit d’avoir une chambre à soi, qu’elle puisse fermer à clef. Et de l’argent.

Ci-dessus, la mienne, dans mes rêves ; photographie trouvée sur .

Une chambre à soi.
J’adore ce titre. C’est celui...


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