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Etat chronique de poésie 850

Publié le 23 mars 2010 par Xavierlaine081

850

C’est un matin frileux qui s’étire, juste après que le vent ait enfin cédé…

Une odeur de printemps plane sur l’avenue…

L’enfant vient et se jette dans les bras grands ouverts.

C’est si belle tendresse que celle-ci, en tête qui se dépose au creux d’épaule ouverte…

*

Au loin, des amis se déchirent à belles dents, comme savent le faire les amoureux des temps révolus…

Si sourde plainte que nul ne saurait éponger, tant les déceptions, les frustrations se déclinent en infinis tourments…

On ne peut rien dire, sinon tenter, d’une plume amicale, une timide invitation à la paix…

Ecrire ne facilite pas toujours la compréhension. On tombe parfois sur des mots indésirables…

Ecrire, c'est parfois se mettre à nu…

Je peux écrire des mots enflammés pour une femme que nul ne connaît. Je ne la connais pas non plus, d'ailleurs. Elle fait parti d'un imaginaire qui s'autorise des choses que la vie ne permet pas…

Je pourrais être condamné pour adultère aggravé d'avoir écrit tant de mots d'amour que ma propre compagne n'a jamais lu…

Je pourrais être poursuivi d'avoir touché des peaux ensommeillées, dans la nuit où mes doigts tracent des poèmes sur un clavier de mémoire…

Un jour, un écrivain était invité en résidence par une médiathèque, je ne sais où… Il participait à une rencontre, dans la soirée. Y était aussi la directrice de la bibliothèque… Le lendemain, il devait livrer un texte pour une feuille de chou locale… Il a été renvoyé : dans son texte, il avait raconté qu'au cours de cet évènement, l'amour s'était invité aussi, entraînant l'auteur et son hôte dans une folle nuit. Cette rupture de contrat a été déclarée abusive par les tribunaux…

L'art mène parfois sur d'étranges chemins qu'il ne faut pas toujours confondre avec le réel… Même si ce dernier peut sembler alimenter l'imaginaire. Ce qu'il fait, bien sur…

On peut comprendre la blessure. Les auteurs sont parfois gens bien maladroit à fréquenter au jour le jour. Ils écrivent, négligent de vivre aux côtés d’autres qui sont là à les attendre. Voilà que les yeux tombent sur des proses aux passages, malgré tout, forts poétiques. Ils errentsous le regard (quelles lignes d'un auteur ne finissent pas sous des pupilles de jalousies potentielles?), alimentent une blessure qui ne demande qu’à entraîner en muets égarements…

C’est toute la difficulté d’écrire au grand jour : les appels du pied se succèdent qui invitent à franchir la ligne ténue.

Il faut un bon discernement pour refuser d'être jeté en pâture à la littérature spectacle. Il se trouve toujours quelques âmes peu nobles prêtes à vous plonger dans les affres d'amours sans gloire, vautrées dans la pacotille des sunlights…

Ce qui ne doit et ne peut empêcher d'écrire des mots d'amour, parfois, à l'aube ou au crépuscule..

C’est par le retrait, que l'amour essentiel, lui, peut dormir, paisible, dans la pièce à côté, juste troublé du cliquetis du clavier…

Il m'arrive, à la lecture de certains romans, ou poèmes, de jalouser un peu leur auteur d'avoir vécu de si belles choses, alors que mon aventure de vie me semble bien chaotique et insipide. Il y a toujours, entre les lignes quelque chose qui vient nous travailler…

Je ne sais plus qui disait qu'un bon livre devait nous laisser différent…

C'est lorsqu'un texte me touche, me montre le fossé entre mon réel et mon imaginaire qu'il devient de la littérature, non parce que je vais mettre le premier en accord avec le second. Nous vivons un temps qui nous invite à cette confusion entre réel et virtuel. Elle est bien commode, car tandis que l'on s'égare en amours de passage, on ne construit rien, on ne conteste rien… 

Tout le problème est de se préserver, de ne pas plonger dans des jugements hâtifs qui ne font qu'envenimer les situations…

La douleur est compréhensible: hélas, si nous pouvons agir sur nous mêmes, nous n'avons pas toujours les clés pour inviter l'autre à une réflexion plus profonde.

Les mots sont bien pauvres à rassurer. Ils peuvent plaire ou déplaire. Ils ne sont que vague main tendue dans un petit jour glacé…

Je ne sais faire que ça: tendre main secourable, et constater que parfois, elle est refusée, ou demeure invisible…

Nous partons, chaque jour à la recherche de notre propre voie, notre propre voix. La jalousie est un mal terrible. Je l'ai connue. J'ai eu l'occasion, dans ma vie, de mesurer combien cette sourde douleur me détruisait plus qu'elle ne me construisait…

Mais je sais aussi que les sunlights, même dirigés vers nous contre notre volonté, peuvent susciter ce sentiment horrible… C'est pour cette raison que tant de gens courent après ces émissions scandaleuses qui leur passent la brosse à reluire: ils auront eu un sentiment de célébrité, un soir, dans leur vie maussade… C'est terrible, car l'essentiel est ailleurs: dans notre art de conduire notre métier d'Homme… 

*

Lors, gardons les yeux ouverts  Les pensées libresRegardons l'aube qui se lève

A grand élan d'amours éblouies 

*

Savons-nous seulement

Vers quoi nous dirigent nos pas?

.

Page après page

S'écrit l'histoire de nos errances

.

Eternels exilés

Héritiers aux lourdes valises

Nos bagages en boulets 

Nous attendons le train

.

Sur le quai du désespoir

Nous livrons nos mots

Rossignols amnésiques

Du temps qui fut

Du temps qui vient 

*

La parole donnée

Il se trouve

Toujours 

Quelque fusil

Pour en plomber les ailes

*

L'amour vrai se décline 

Dans l'infini d'un temps suspendu 

Aux ailes de nos cordiaux émois

*

L'œil lit

Le cœur chante

Entre les branches nues

Le ciel fait son chemin

Sous le givre

Déjà palpite

Le bourgeon des soupirs

*

Voici que nos heures se font la malle

Les fuseaux s'emmêlent, nous laissant suivre nos chemins

Seul le hasard, parfois porté par des bras d'aurore, favorise la rencontre

Manosque, 21 février 2010

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