Véritable phénomène régional, la fabrication de tabac à chiquer contrefait continue de se développer dans la wilaya de Sétif. En l’espace de 24 heures, les unités de gendarmerie ont réussi à démanteler un atelier clandestin de conditionnement de chique et à saisir 3,25 tonnes de tabac.
Les gendarmes de la wilaya de Sétif ont encore réalisé une très grosse «prise» à l’occasion d’une opération coup-de-poing qui s’est déroulée samedi et dimanche dernier. Une quantité de trois tonnes et vingt-cinq kilogrammes de tabac haché a été saisie dans plusieurs localités de la région. Du tabac de très mauvaise qualité qui, mélangé à d’autres ingrédients, devait être conditionné dans de faux sachets de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA). Dans la commune de Guellal, les gendarmes sont parvenus à démanteler un véritable atelier de fabrication clandestin de chemma «géré» par trois individus. Dans une habitation, ils ont découvert 575 kg de matière brute, 75 000 sachets prêts à l’emploi ainsi que deux machines à emballer. Faites de bric et de broc, ces machines sont, en fait, des thermosoudeuses fonctionnant avec une résistance électrique. Selon le lieutenant-colonel Abdelkader Benzaza, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de Sétif, certains réseaux de trafiquants utilisent une couverture «officielle » pour s’adonner à cette activité illégale. «Nous avons constaté que plusieurs individus impliqués dans ce trafic sont des agriculteurs qui cultivent le tabac pour le compte de la SNTA. Il faut savoir que cette culture est soumise à une réglementation très stricte. Ces agriculteurs agréés parviennent à détourner des feuilles de tabac qu’ils font sécher et qu’ils utilisent, par la suite, pour leur propre compte», explique l’officier de la Gendarmerie nationale. Cependant, dans l’affaire de l’atelier démantelé à Guellal, les 575 kilos de produit brut saisis étaient constitués essentiellement de déchets de tabac à cigarettes. Une matière première prête à l’emploi qui ne peut venir que d’une unité de fabrication industrielle. Les complicités à ce niveau restent à déterminer. Cela est également valable pour l’emballage, notamment les sachets et les cartons imprimés au nom de la SNTA. Certains trafiquants n’hésitent pas à mettre en œuvre de gros moyens pour s’approvisionner en sachets. Rappelons, à ce titre, le démantèlement, par les enquêteurs du groupement de la Gendarmerie nationale de Tébessa, d’un réseau de faussaires spécialisé dans la contrefaçon de ce type d’emballage. Ce réseau faisait imprimer, en Tunisie, de grandes quantités de sachets qui étaient, par la suite, introduits illégalement en Algérie par des contrebandiers. Les investigations effectuées au courant de l’année 2008 avaient démontré que ce packaging était destiné aux ateliers de «Maklat el Hilal» installés dans la région de Sétif. La contrefaçon de tabac à chiquer peut paraître anodine, mais elle représente aujourd’hui un grave problème de santé publique. Terre, sable, plâtre, cendre… les bouches de centaines de milliers d’Algériens sont devenues de véritables poubelles. Pire, à Guellal, le tabac était stocké dans des sachets ayant contenu du DTT ! Interdit d’utilisation dans la grande majorité des pays, ce puissant insecticide est hautement cancérigène. Outre les effets sur la santé des consommateurs, ce trafic provoque un important préjudice financier à la Société nationale de tabacs et allumettes et au Trésor public. Des pertes qui restent très difficiles à estimer. Surtout que les saisies de tabac à chiquer contrefaits n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. En 2009, les prises effectuées par les unités du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Sétif ont atteint les quatre-vingts tonnes de produit, soit l’équivalent de trente-trois millions de dinars.
Source : Le Soir d’Algérie