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Rêverie du bureau solitaire

Publié le 24 mars 2010 par Sammy Fisher Jr
Cet après-midi, j'avais pourtant des tonnes de bonnes intention. J'étais prêt à accomplir mon travail avec rigueur et honneteté, me coltiner toutes les tâches un peu ingrates que je repoussai depuis plusieurs jours maintenant, et même téléphoner à ce gars qui doit m'expliquer comment faire pour débloquer le machin qui empêche le truc de fonctionner. Mais ne nous attardons pas dans de vaines précisions techniques.
Cet après-midi, j'aurais bien voulu travailler, mais je sens que, comme l'affirme l'expression consacrée, "ça va pas être possible". Mon couloir est devenu le dernier salon où l'on cause. Encore suis-je bien péremptoire de m'approprier ce lieu de passage, dont le seul lien avec ma petite personne se borne au fait de desservir mon bureau, au sujet duquel je me dois de faire la même remarque : il ne m'appartient que dans la mesure où j'y passe une bonne partie de mes journées.
Que faire contre l'insidieux bourdonnement ? J'ai bien tenté de me joindre à la conversation, mais j'ai fini par retourner vaquer à mes occupations, tout en me demandant si on vaquait aussi librement devant un écran d'ordinateur, qu'on le fait cheveux au vent et esprit léger dans un champ au printemps. 
C'est un exemple, on peut aussi vaquer dans les rues piétonnes et commerçantes d'un centre-ville en plein hiver, ou dans les allées mélancoliquement romantiques du Père Lachaise, qui est le plus beau jardin de Paris quel que soit la saison. Et je ne dis pas ça pour encourager les pilleurs de couronnes funéraires dans leur basse besogne, mais bien plutôt pour vous encourager à vous perdre dans le coeur de cette nécropole, jusqu'à en oublier Paris tout autour, le bruit des voitures assourdi par la distance et les arbres, et ne plus voir autour de vous que les troncs de ceux-ci, se balançant à peine au gré du vent, qui souffle moins fort ici que sur le boulevard.
Rêverie du bureau solitaireCimetière du Père Lachaise, CC tendencies
Un jour d'inspiration fougueuse et créatrice, je vous parlerai plus longuement de ce lieu charmant et poétique, où le regret éternel s'allie assez souvent avec la découverte cocasse, quand ce n'est pas le culte du disparu célèbre.
Pendant que je mets la dernière main à cette chronique rêveuse, le vacarme dans le couloir s'estompe comme une mer qui se retire, la molle quiétude de papier et d'étude revient à pas feutrés, la vie ronronnante et rassurante de l'étage reprend son cours.
Et le téléphone, jusqu'alors étrangement silencieux, se remet à sonner. La pause est vraiment terminée.

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