AFP, 24/03/2010 18:16
"On est venu par curiosité, pour les prix moins chers": à l'image de Françoise et Claude, les nombreux clients venus découvrir mercredi matin l'hyper discount Prixbas de Mulhouse (Haut-Rhin) affichent leur intérêt pour un concept inédit.
08H30, heure d'ouverture: Abdellaziz, 66 ans, patiente au milieu d'une quarantaine de personnes devant les portes du magasin, un ancien Auchan de 8.700 m2 en perte de vitesse, situé dans un quartier populaire de Mulhouse et reconverti en hyper discount par le groupe Auchan.
"Je viens juste pour visiter, voir les nouveautés, les prix. Mais si je trouve des trucs intéressants et pas chers, je prends un chariot, c'est vite fait!", explique ce retraité domicilié dans la banlieue de Mulhouse.
Quelques minutes plus tard, une sonnerie invite les clients à découvrir leur nouvel hyper. Ils sont accueillis par des salariés du magasin, alignés sur deux rangs et qui les bombardent d'applaudissements.
A l'image d'un hyper classique, Prixbas propose un large choix de produits alimentaires et non-alimentaires, dont plusieurs marques, mais uniquement en libre-service et à des prix annoncés jusqu'à 30% moins chers qu'ailleurs.
La direction assure que cet hyper discount est une "réponse à une problématique locale" et souligne que les effectifs ont été réduits sans licenciements de 238 à 209 salariés lors du passage en discount, car une trentaine de salariés ont obtenu une mutation vers d'autres sites.
Les syndicats redoutent malgré tout que le concept d'Auchan ne fasse tache d'huile en France, selon Pascal Saeyvoet, délégué central FO chez Auchan. Une filiale, Somarvrac, a été créée spécialement qui pourrait faciliter par la suite le basculement en Prixbas "des magasins Auchan dans le rouge", explique-t-il.
Il redoute aussi que dans 15 mois, à l'issue de négociations qui devraient démarrer prochainement, les avantages Auchan dont bénéficient toujours les salariés du Prixbas alsacien (ristourne dans les magasins du groupe, prime trimestrielle, participation...) soient revus à la baisse.
Dans l'enseigne mulhousienne, les rayonnages sont fonctionnels, plusieurs produits sont disposés sur des palettes. L'affichage rose et vert fluo est minimaliste mais efficace: "ici, pas de publicité, tout est dans les prix", proclame une pancarte.
10h00. Le magasin se remplit. Patrick Schumacher, 44 ans, confie peu goûter le vert flashy des pancartes et des murs: "ça choque un peu. Bon, on s'y fera", glisse ce salarié de PSA, venu faire ses courses avant de filer au travail.
Il dit apprécier les rayons "plus rangés" que dans un discount classique et juge les espaces "plus ventilés, moins écrasés".
Mais côté prix, même "si ça a l'air d'aller", il avoue "ne pas vraiment voir de différence" avec l'ancien Auchan. "Comme tout le monde, on regarde son portefeuille (...) Si les prix correspondent, on reviendra", conclut-il.
Dans l'allée centrale, Françoise hèle son époux Claude: "T'as vu? Le crémant est à 3,90 euros!". "Le prix du pain de mie a baissé et la viande, ça vaut carrément le coup. Avant, c'était presque un produit de luxe", confirme-t-il.
Le concept d'hypermarché discount, David, électricien, et Fabienne, femme de ménage dans un hôpital, le jugent "positif": "on a trois enfants, on fait attention à nos dépenses. Des prix bas, c'est ce qu'on recherche avant tout", glisse ce couple de trentenaires.