Les propos jugés racistes tenus par le chroniqueur Eric Zemmour sur le plateau de Thierry Ardisson font beaucoup réagir. Cette nouvelle affaire soulève pas mal de questions.
Elle est un nouvel épisode de la « petite phrase » qui devient une affaire d’Etat. Pourquoi le propos (aussi condamnable soit-il) d’un journaliste doit-il soudainement occuper toute la sphère médiatique ?
Elle illustre aussi le pendant de cette sur-médiatisation : le règne de l’émotion. Visiblement, personne n’a été en mesure d’opposer à Eric Zemmour une argumentation structurée visant à lui démontrer qu’il se trompe. Non. Il a plutôt été traité de raciste par tout le monde. Il faut faire taire ce salaud, qu’il s’excuse, qu’il soit viré du Figaro… qu’il aille en prison ? Drôles de manières dans une démocratie, tout de même.
Passons là-dessus, pour insister sur un autre point. Pour ma part, je suis assez sensible aux questions de racisme et de discriminations, et pourtant je trouve que l’antiracisme atteint là des sommets d’imbécilité.
Quand Eric Zemmour dit : « Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait », il exprime ce qu’il pense être une réalité. S’il se trompe, alors il faut le lui démontrer. Oui, mais comment ? Il n’existe pas de chiffres, puisque les statistiques ethniques sont interdites.
Dire que les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres ne peut pas être formellement prouvé ou démenti (pas de chiffres), ni être discuté rationnellement puisque l’on est aussitôt taxé de racisme.
C’est donc un sujet tabou. Est-ce vraiment là que l’on voulait arriver ?
Et pourtant… il serait tout à fait possible pour la gauche de se saisir de cette question, non pas pour dire que les étrangers sont naturellement des voleurs, mais pour illustrer le fait que les phénomènes de discrimination raciale et de ségrégation socio-territoriale dont sont, plus que les autres, victimes les Français issus de l’immigration ont des effets sur le comportement de certains d’entre eux, et donc sur la délinquance. Expliquer certains phénomènes de délinquance par des causes sociales et territoriales est une démarche éminemment respectable, et, me semble-t-il, cohérente avec les valeurs de la gauche.Alors, pourquoi personne à gauche n’ose avancer ne serait-ce qu’une piste de réflexion allant dans ce sens ? Les élus de banlieue, Manuel Valls par exemple, auraient certainement des choses intéressantes à dire sur le sujet.
Peut être finalement que cet antiracisme érigé en dogme paralysant sert assez bien les intérêts du Front National. A force de refuser les argumentations rationnelles, d’excommunier plutôt que de débattre, n’alimente-t-on pas le rejet de la vérité « officielle » ? « Si l’on refuse de débattre du cas des Français issus de l’immigration, c’est certainement qu’il y a quelque chose à cacher » : voilà une idée qui a dû venir à l’esprit de plus d’une personne.
On voudrait empêcher les gens de penser et donner libre cours aux préjugés et aux peurs irrationnelles qu’on ne s’y prendrait pas mieux.