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A bas les lois

Publié le 25 mars 2010 par Malesherbes

A l'occasion d'une table ronde sur l'avenir de la Fonction publique organisée le 2 mars à Laon, notre Président déclare avoir pour projet de « demander aux parlementaires de consacrer une partie de l'ordre du jour de l'Assemblée et du Sénat à délégiférer ». Puis, dans une interview parue dans le numéro du Figaro Magazine du 12 mars, il récidive ainsi en annonçant une pause dans les réformes : « au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause pour que le Parlement puisse, s’il le souhaite, délégiférer ».

Dans son billet du 19 mars, rédigé à l’occasion de la semaine de la langue française et de la Francophonie, Louis-Jean Calvet s’interroge sur le néologisme apparemment forgé par Nicolas Sarkozy, toujours aussi expert dans le maniement de notre langue, élément précieux de notre identité nationale et dont on exige une bonne maîtrise par les immigrés. Il me semblerait d’ailleurs plus judicieux de qualifier le mot ainsi forgé de barbarisme car, comme le démontre Louis-Jean Calvet, il désigne une opération impossible. Si, par délégiférer, notre Président entend réduire le nombre ou la taille des lois, il oublie qu’il n’est d’autre façon de le faire que de voter des lois ou des articles qui réduisent ou suppriment celles ou ceux qui existent, donc de légiférer. Il est donc impossible de délégiférer.

En fait, ce barbarisme dissimule un dessein beaucoup pernicieux. Ce qui est important dans ce mot jailli du cerveau de notre grand timonier, ce n’est pas le verbe légiférer, mais plutôt le préfixe . Il nous a déjà manifesté son aversion pour les règlements, tels ceux qui par exemple empêchent de construire en zone inondable. Sa préférence va à tout ce qui est préfixé par : monter, faire, truire, en un mot casser. On l’a déjà vu à l’œuvre sur la sécurité sociale, le droit du travail, la justice, l’éducation. Je vous laisse le soin de compléter la liste.

La démocratie repose sur trois pouvoirs. L’un d’entre eux est le législatif. La fonction et la raison d’être d’un parlement est de voter des lois. Se fixer comme objectif de délégiférer revient à réduire à néant le Parlement. De deux choses l’une, ou bien ce Président a des instincts liberticides, ou bien il ne sait pas ce qu’il dit.

Je retourne à cet homme d’Etat si maître de ses nerfs le compliment qu’il adressait voilà deux ans à un quidam : « casse toi, pauv’sot ! »


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