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Paso Doble n°172 : Cendres et poussière

Publié le 26 mars 2010 par Toreador

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Par Toréador | mars 26, 2010

A las cinco de la tarde…

La rupture (d’anévrisme)

La poussière des Régionales est en train de retomber au milieu des exclamations faussement étonnées des acteurs politiques. Comme d’habitude, les électeurs ont sanctionné le pouvoir en place, à la différence près qu’ils en ont été réduits à reconduire les sortants. Comme d’habitude, le succès massif de la Gauche tient autant au désarroi de la Droite qu’à la montée d’un vote protestataire qui dérègle par ses triangulaires les résultats du premier tour (l’électeur FN est est un drôle de citoyen qui préfère être administré par ses ennemis idéologiques que par ses adversaires politiques). Comme d’habitude, la Droite et la Gauche ont entonné le chant du changement de cap.

Au final, la Gauche n’a pas obtenu ce qu’elle désire réellement – la tête de Sarkozy. Sa victoire est entâchée de compromission à Montpellier, d’échec en Alsace et Outre-Mer, et surtout d’abstention.  Au final, la Droite a dû faire quelques sacrifices aux Dieux pour calmer ses électeurs.

On peut parler à raison de droitisation : comprenant que ses oripeaux écologiques ne lui avaient apporté aucun électeur, Sarkozy a flingué la taxe carbone. Il s’est délesté de Darcos, le serial-looser, afin d’envoyer un signal au trop critique Juppé et puis parce qu’il fallait bien un bouc émissaire. Il a doublé Villepin en faisant rentrer in extremis Tron, et donné à souper aux Chiraquiens qui devenaient un peu trop turbulents. Il a enfin mis en veilleuse l’ouverture en nommant une militante UPM de 36 ans à la Halde, déjà suffisamment pistonnée pour être nommée au Conseil d’Etat, et fait sortir Hirsh par la porte de derrière.

La Droite est pâle et la presse de gauche le sait, multipliant les titres provocateurs pour instiller le doute dans le duo exécutif. Un jeu de bluff s’engage désormais : qui a intérêt à quoi ? Si Fillon a accepté de rester, c’est sans doute parce qu’il sait qu’une fois hors du gouvernement, il aura moins de visibilité politique, coincé entre Bertrand et Copé. Et aussi pour ne pas donner l’impression d’être remercié après avoir mené la campagne des régionales. A priori, je pense qu’en octobre, nous changerons de Premier ministre et de gouvernement, et je parierai sur Copé.

Le retour de Martine Guerre

Reste que la victoire en trompe l’oeil des Régionales n’est pas forcément une malédiction pour l’UMP. D’une part, les ambitions se sont aiguisées dimanche dernier à Gauche. Ségolène Royal reste dans la course, Aubry se sent confirmée, et les quadras commencent à repointer le bout de leur nez. La guerre des Roses, qui avait divisé en deux camps fratricides le PS, n’a pas été réglée du tout par cette partie de campagne, bien au contraire. Le PS hésite à préciser le mode de sélection de son candidat, d’autant qu’il a un allié de poids – l’Ecologisme – qui se sent lui aussi en capacité de peser. Les primaires « de Gauche » ne marcheront pas. Royal est suffisamment déterminée pour aller au casse-pipe, même et surtout si c’est son ex qui est investi. Et pour Aubry, le compteur tourne.

D’autre part, le Centre est en cendres. A droite, il a été avalé par le tsunami. A gauche, il a été ravagé par un tremblement de terre. Ce qui signifie que la prochaine élection ne peut être que bipolaire. Sarkozy a intérêt à susciter des candidatures (comme celle de Dupont-Aignant pour ravager Villepin) et la Gauche plutôt à les restreindre (ce qu’elle n’arrivera pas à faire).

Au final, le jeu reste ouvert et ne démontre qu’une seule chose : le quinquennat avec ses élections en enfilade était définitivement une idée stupide. On gouverne les 3 premières années de manière à peu près tranquille, mais dans l’urgence, puis on se déchire en se positionnant par rapport à x + 2 ou x + 7. Je n’ose imaginer ensuite ce que donnera un second mandat d’un Sarkozy non-rééligible…Copé et Fillon se démèneront pour se démarquer de lui, démolissant le siège sur lequel ils veulent s’asseoir avant que leurs successeurs ne fassent de même.

Sarkozy sera puni par là où il a péché.

Tags: quinquennat, Régionales 2010, sarkozy

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