Magazine Humeur

Militantisme et Modem : l'avis d'un anonyme

Publié le 26 mars 2010 par Pguillery

L'Hérétique a relevé et repris les commentaires d'un citoyen ordinaire. J'ai choisi de restructurer un peu le (long) passage et de le publier ici - en deux parties : d'abord son avis sur les militants qui ne savent pas bien ce qu'est un parti. Puis son opinion sur l'homme Bayrou et sa stratégie. J'approuve à peu près tout ce que cet anonyme a écrit, mais je ne peux pas le citer - anonyme, bien sur. Si vous vous reconnaissez...

Colleur_daffiches De Gaulle en parlait très bien : le militant de base possède rarement le sens de la stratégie politique globale. Il pense uniquement à son parti et oublie très vite que le leader, lui, ne parle pas aux militants mais aux citoyens. Le militant est souvent incapable de saisir le corps électoral dans sa globalité : les forces qui le traversent et le lien irrationnel mais profond qui motive les choix politiques.

Le militant milite. Il colle, organise, transmet, passe, téléphone, rend compte, essaye de se faire bien voir, propose des trucs. Il a le nez collé au guidon. Exactement ce que le leader politique ne doit pas ni faire ni trop chercher à comprendre. Car son rôle n’est pas de parler à ses militants mais aux citoyens, à tous citoyens. Au pays, si l’on préfère. Pour préparer sa carte, le restaurateur pense à ses clients – pas à ses marmitons.

Le militant est indispensable, utile et précieux. Il doit rester motivé quoiqu’il arrive. Mais il ne peut y avoir qu’un seul général. Et il est inutile, malvenu – même dangereux – que tout le monde se mette à penser à sa place, à caqueter pendant la bataille. Or pour François Bayrou, l’unique bataille c’est la présidentielle. Pour une raison simple : en France, par la volonté du Général de Gaulle (qui détestait les partis) les élections intermédiaires n’ont aucun impact sur le destin du pays. En France, seule l’élection présidentielle permet de redistribuer les cartes.

L’échec du Modem n’a rien à voir avec la stratégie de François Bayrou, ni le rôle des militants. Le Modem s’étiole parce qu’il n’est pas encore enraciné dans le pays. En réalité, pour qu’il le devienne, il faudra d’abord que François Bayrou soit élu Président. En un instant, les hordes d’élus godillots qui l’ont déserté ou jamais rejoint, se précipiteront pour demander à arborer ses couleurs lors des législatives. Classique. Car en France les députés établis, les notables, sont souvent des professionnels de la politique. Alors il n’est pas question qu’ils prennent le risque de perdre la prochaine élection. C’est comme cela que tous ceux qui pensent comme Bayrou, qui le disent en aparté, qui le lui disent même, ne le rejoindront qu’après une victoire. Ingrat, mais c’est le système. Le refuser, c’est nier l’architecture politique actuelle du pays. C’est nier la réalité.

J’ai observé, avec amusement et ou stupéfaction, l’évolution des réactions des militants du Modem sur la Toile tout au long de ces 3 dernières années. Beaucoup d’entre eux étaient des bleus – des fans mêmes – recrutés dans la ferveur de la campagne 2007, qui n’avaient aucune expérience de la chose politique et des appareils. Ils ne savaient pas que le militant qui milite et qui fait remonter des informations ne peut jamais être assuré d’être suivi, compris ou même simplement entendu par le chef. D’ou une grande déception. On a vu la même chose, les mêmes comportements et les mêmes symptômes autour de Ségolène Royal et d’Europe Ecologie, pour les mêmes raisons. Les fans d’un jour qui se retournent parce qu’ils estiment que le chef devrait les écouter, deviennent des tireurs à vue plein de morgue et de frustration.

Ils ne savaient pas que être militant c’est aride. Surtout dans une structure qui ne dispose pas d’un nombreux personnel d’autorité intermédiaire. A l’UMPS, on monte trois niveaux et on tombe sur un notable connu dans sa région, tout en étant encore à 3 ou 4 niveaux du leader : cela permet de contenir et de calmer les ardeurs. Au Modem, c’est comme si dans une armée le soldat de base était à 3 ou 4 niveaux du général 5 étoiles. Tout le monde y va de son idée. Si chaque soldat donnait ses idées l’armée n’irait nulle part.

Les jeunes structures politiques - surtout quand, comme le Modem, elles se retrouvent avec autant de nouvelles recrues en si peu de temps - sont vite dépassées. Les frustrés (légitimes ou non) se retrouvent sur Internet, coagulent, se montent la tête, se donnent des airs. Tout devient très vite n’importe quoi, et la discipline nécessaire au parti (comme à tout autre type de structure) vole en éclat.

Sur la Toile, les jeunes militants déçus peuvent brûler ce qu’ils ont adoré dans la ferveur de la campagne. Comme ces fans des candidats de la StarAc qui se ruent sur les forums au début du jeu puis se retournent violemment contre leur idole si celle ci ne devient pas une star tout de suite après la fin de l’émission, ou ne sait pas consacrer pas des heures à répondre à toutes leur doléances. Ce qui se passe au Modem est du même acabit. Heureusement, tout le monde ne réagit pas comme ça.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pguillery 50 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines